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la porte ou l’entrée soit pour toi la confession, d’où cette parole d’un autre psaume « Commencez avec le Seigneur par la confession[1] », où le mot « commencez » répond à « la porte » de notre psaume : « Entrez dans ses portes par la confession ». Et quoi donc ! n’aurons-nous rien à confesser quand nous serons entrés ? Confesse toujours, parce que tu as toujours de quoi confesser. Il est difficile ici-bas qu’un bornoie change au point de n’avoir plus rien de répréhensible. Accuse-toi donc toi-même, de peur d’être accusé par celui qui te damnera. Donc en entrant fais une confession. Quand ne sera-ce plus celle des péchés ? Dans ce repos où nous ressemblerons aux anges. Mais comprenez mes paroles : il n’y aura plus de confession des péchés ; je n’ai point dit qu’il n’y aura plus de confession, car alors il y aura la confession de la louange. Toujours tu confesseras qu’il est ton Dieu, que tu es sa créature, qu’il est le protecteur et toile pupille. Tu seras en quelque sorte caché en lui, ainsi qu’il est dit : « Vous le cacherez, Seigneur, dans le secret de votre face[2] ». Dans son parvis « chantez des hymnes à sa gloire ». Chantez sur ses portes, et quand vous serez dans son parvis, chantez encore des hymnes à sa « gloire ». Les hymnes sont des louanges. En entrant, accuse-toi ; et quand tu seras entré, chante à sa gloire. « Ouvrez pour moi les portes de la justice », dit un autre psaume, « et en entrant, je me confesserai au Seigneur[3] ». Mais dit-il : Quand j’y serai entré, je n’aurai plus de confession à faire au Seigneur ? Même après l’entrée il y aura confession. Était-ce donc des péchés que Notre-Seigneur accusait à son Père, quand il disait : « Je vous confesse, ô mon Père, Dieu du ciel et de la terre[4] ? » Cette confession était un cantique à Dieu, et non une accusation de lui-même.
17. « Louez son nom, car le Seigneur est doux ». Ne craignez point de vous lasser en le bénissant ; cette louange sera pour vous une nourriture ; plus vous chanterez, plus vous aurez de forces, et plus vous sera doux l’objet de vos louanges. « Louez son nom, parce que le Seigneur est doux, sa miséricorde éternelle ». Sa miséricorde, en effet, ne s’arrêtera point à la délivrance, et il y va de cette miséricorde, de te protéger dans la vie éternelle. « Sa miséricorde est éternelle, et sa vérité s’étend de génération en génération ». Cette expression, « de génération en génération », doit s’entendre de toute génération, ou de deux générations, l’une terrestre et l’autre céleste ; une génération qui enfante les hommes à une vie mortelle, et une génération qui les engendre à la vie éternelle. Dans l’une et dans l’autre est sa vérité ; et garde-toi de croire que sa vérité ne soit point ici-bas. Si sa vérité n’était point ici-bas, un autre psaume ne dirait point : « La vérité s’est levée de la terre[5] » ; et la vérité elle-même ne dirait point : « Voilà que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles[6] ».

  1. Ps. 146,7
  2. Id. 30,21
  3. Id. 117,19
  4. Mt. 11,25
  5. Ps. 84,12
  6. Mt. 28,20