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élus ». Quelle alliance, sinon la nouvelle ? Quelle alliance, sinon celle qui nous renouvelle pour un nouvel héritage ? Quelle alliance, sinon cette alliance dont l’amour et l’ardent désir nous fait chanter à Dieu un cantique nouveau ? « J’ai préparé », dit le Seigneur, « une alliance pour mes élus, j’ai fait un serment à David mon serviteur ». Avec quelle assurance parle cet homme qui a reçu l’intelligence, qui prête sa bouche à la vérité ? Parce que vous avez parlé, je parle avec assurance ; si votre parole m’est une garantie, que sera-ce de votre serment ? Car jurer, de la part de Dieu, c’est confirmer sa promesse. C’est avec raison qu’il est d fendu à l’homme de jurer[1], de peur que l’habitude ne le jette dans le parjure, parce qu’il est homme et sujet à l’erreur. Mais Dieu jure en toute sûreté, puisqu’il ne peut se tromper.
5. Voyons donc ce que Dieu a juré. « J’ai juré ceci », dit-il, « à David mon serviteur : Je te préparerai une race pour l’éternité[2] ». Qu’est-ce que la race de David, sinon la race d’Abraham[3] ? Quelle est la race d’Abraham ? « Et à votre postérité, qui est le Christ », dit saint Paul. Mais peut-être que ce Christ, qui est la tête de l’Église[4], le sauveur de son corps, est fils d’Abraham, et par conséquent de David ; tandis que nous, cette race nous est étrangère ? Nous en sommes cependant, comme l’a dit l’Apôtre : « Si vous êtes du Christ, vous êtes les fils d’Abraham, et les héritiers selon la promesse[5] ». C’est en ce sens qu’il nous faut entendre cette parole : « Je te préparerai une race selon l’éternité » ; ce qui s’étend, non seulement à cette chair du Christ, qui est née de la vierge Marie, mais aussi à nous tous qui croyons au Christ. Car nous sommes les membres de ce chef auguste. Ce corps ne peut être décapité : si le chef demeure éternellement, les membres doivent demeurer éternellement, en sorte que le Christ subsiste tout entier dans l’éternité. « Je vous préparerai une race pour tous les siècles, et je t’établirai un trône qui durera de génération en génération ». Pensez-vous que dire « éternellement », soit dire « de génération en génération », comme il avait dit plus haut : « De génération en génération, « ma bouche publiera votre vérité ? » Qu’est-ce à dire « de génération en génération ? » Dans toute génération. Car cette parole ne doit pas être répétée chaque fois qu’une génération apparaît pour disparaître bientôt. Cette répétition nous signale donc l’ensemble des générations. Ou bien faut-il voir ici deux générations, comme vous le savez, et comme on vous l’a déjà fait entendre ? Car il y a aujourd’hui une génération du sang et de la chair, et il y aura aussi une génération par la résurrection des morts. De même que Jésus-Christ est prêché à l’une, il sera prêché à l’autre ; mais ici-bas la prédication mène à la foi en lui, là elle nous le fera voir. « J’établirai votre trône de génération en génération ». Maintenant le Christ a son trône en nous-mêmes ; c’est en nous que son trône est affermi. S’il ne siégeait en nous, il ne nous conduirait pas ; et s’il ne nous conduisait pas, nous nous précipiterions nous-mêmes. Il a donc en nous son trône, en nous il règne ; il a son trône aussi dans cette génération qui doit renaître à la résurrection des morts. Car le Christ régnera éternellement dans ses saints. Telle est la promesse de Dieu, la parole de Dieu ; et si c’est encore trop peu, le serment de Dieu. Dès lorsque cette promesse est affermie ; non point sur nos mérites, mais bien sur sa miséricorde, nul ne peut hésiter à prêcher ce dont il ne peut douter. Qu’elle se produise donc dans nos cœurs, cette force qui a fait ainsi nommer Ethan, robuste de cœur ; prêchons la vérité de Dieu, la parole de Dieu, la promesse de Dieu, le serment de Dieu ; ainsi appuyés de toutes parts, prêchons et devenons des cieux en portant Dieu.
6. « Les cieux, ô mon Dieu, publieront vos merveilles[6] ». Ce ne sont point leurs propres mérites que les cieux doivent publier, mais « les cieux, Seigneur, publieront vos merveilles ». Dans la miséricorde envers les pécheurs, dans la justification de l’impie, que chantons-nous, sinon les merveilles de Dieu ? Tu chantes le Seigneur qui ressuscite les morts, tu le chantes bien davantage quand il rachète les pécheurs. Quelle est cette grâce, sinon la miséricorde oie Dieu ? Cet homme que tu voyais hier plongé dans les excès de l’ivrognerie, aujourd’hui modèle de sobriété hier tu voyais cet autre dans les orgies de la luxure, il est aujourd’hui un modèle de tempérance ; celui-ci blasphémait hier contre Dieu, aujourd’hui il chante ses louanges ;

  1. Mt. 5,34
  2. Ps. 88,5
  3. Gal. 3,16
  4. Eph. 5,23
  5. Gal. 3,29
  6. Ps. 88,6