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vous admirez au nom du Christ, vous ont tenus sous la puissance de leur charme, et vous ont disposés non seulement à désirer, mais à fuir. Ce sont là des spectacles utiles, salutaires, qui édifient sans détruire ; ou mieux, qui détruisent et qui édifient ; qui détruisent les dieux nouveaux, pour édifier notre toi, dans le Dieu qui est véritable, éternel. Nous supplions donc votre charité de venir demain encore. D’autres, nous dit-on, auront la mer dans le théâtre, et nous, en Jésus-Christ, le port du salut. Et comme après-demain, ou quatrième jour de la semaine. Il nous sera impossible de nous assembler dans l’église de Saint-Cyprien, à cause de la fête des saints martyrs, nous y reviendrons demain.


DISCOURS SUR LE PSAUME 81

JUGEMENT DE DIEU CONTRE LA SYNAGOGUE.

Dans ce psaume Asaph signifie la synagogue, dont les fils étaient les fils adoptifs de Dieu. C’est au milieu d’eux que Dieu a pris séance. Ce Dieu est le Fils envoyé aux brebis d’Israël, issu des patriarches comme ceux qu’il vient juger. Il a fait le discernement en permettant qu’une partie d’Israël tombât dans l’aveuglement, jusqu’après l’entrée des nations Dieu reproche aux uns d’avoir tué l’héritier de la vigile, aux autres, qui étaient en grand nombre, de ne l’avoir point défendu. Toutefois ni les uns, ni les autres n’ont vu en lui le Christ. De sa mort vient cet ébranlement de la terre à la parole des Apôtres, et qui fit mépriser la terre mur le ciel. Le Christ est venu combattre l’orgueil par ’humilité, et si nous n’embrassons cette humilité nous mourrons comme des hommes terrestres, nous tomberons comme les princes du monde. Levez-vous donc, Seigneur, et jugez la terre, afin d’en prendre possession.


1. « Psaume pour Asaph ». Ce titre que nous trouvons aussi, dans plusieurs autres psaumes, désigne ou bien le nom de celui qui l’a composé, ou du moins ce que figure ce même nom, en sorte que nous pouvons le rapporter à la synagogue, ainsi qu’on interprète le nom d’Asaph, d’autant plus que tel est le sens indiqué par le premier verset. C’est ainsi qu’il commence : « Dieu a pris séance dans l’assemblée des dieux[1] ». Et par ces dieux n’allons pas comprendre les dieux des nations, comme les idoles, ou toute autre créature céleste ou terrestre qui ne serait point l’homme ; puisque peu après ce verset, le même psaume nous désigne plus clairement ceux que nous devons entendre par ces dieux dans l’assemblée desquels le Seigneur a pris séance : « Je l’ai dit », s’écrie le Prophète, « vous êtes des dieux, vous êtes tous les fils du Très-Haut, et néanmoins vous mourrez comme des hommes, vous tomberez comme un des princes[2] ». C’est donc dans la synagogue de ces fils du Très-Haut, dont le Très-Haut lui-même disait par la bouche du prophète Isaïe : « J’ai nourri des enfants, je les ai élevés, puis ils m’ont méprisé[3] », c’est là que Dieu s’est assis. Par « la synagogue » nous entendons le peuple juif, car c’est à eux qu’appartient ce nom de synagogue, bien qu’on le donne parfois à l’Église. Toutefois les Apôtres n’ont jamais donné le nom de synagogue, mais bien celui d’Église à notre assemblée ; soit qu’ils aient voulu distinguer l’une de l’autre, soit qu’il y ait réellement cette différence entre le rassemblement qu’on nomme synagogue et la convocation qui prend le nom d’Église, que l’on rassemble les animaux, d’où leur est venu ce nom de troupeau qui leur est propre, tandis que l’on convoque principalement des êtres doués de raison tels que les hommes. C’est pourquoi il est dit d’Asaph lui-même, dans un autre psaume : « Je suis devenu devant vous comme l’animal stupide, et je suis toujours avec vous[4] ». Et en effet, quoique soumis en apparence au seul Dieu véritable, il donnait néanmoins la préférence aux biens charnels, terrestres et temporels qu’il lui demandait comme les principales richesses. Nous voyons aussi que l’Écriture leur donne souvent le nom de fils, non plus dans le sens de cette grâce qui appartient au

  1. Ps. 81,1
  2. Id. 6,7
  3. Isa. 1,2
  4. Ps. 72,23