Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/612

Cette page n’a pas encore été corrigée

comme toute autre espérance temporelle, sera avec le monde entier le partage du juste.
29. « Il ne pourra s’enrichir, ni même conserver ce qu’il possède. » C’est-à-dire, l’impie. « Il ne répandra aucune ombre. » Il ne prospérera pas.
30. « Le vent desséchera sa racine », Le vent de la tentation.
32. « Il sera coupé avant l’heure, et périra », avant de pouvoir espérer.
33. « Qu’il tombe comme la fleur de l’olivier. » Qu’il perde la paix ; ou bien encore : une situation meilleure s’établira après eux, comme le fruit après la fleur.
34. « Le témoignage de l’impie, c’est la mort. » Le signe de son impiété. « Et le feu consumera la demeure de ceux qui reçoivent des présents. » — Ce sont les impies qui préfèrent à la justice les faveurs temporelles.
35. « Elle concevra en son sein les gémissements. » L’objet de ses espérances sera l’instrument de son supplice.

CHAPITRE XVI. – Reproches de Job à ses consolateurs importuns ; il est innocent. – Paroles de Job.


2. « Déjà j’ai entendu beaucoup de ces discours ; » d’autres encore que ceux que vous tenez. « Consolateurs des méchants. » Vous pouvez consoler les méchants, puisqu’ils sont vos imitateurs, mais non les justes. Je n’ai entendu de vous aucune parole sage.
3. « Eh quoi ! Est-ce que la beauté des discours est l’esprit ? » d’orgueil. « Et qui pourra t’importuner ? » quoique tu n’aimes point ce que tu as dit.
4. « Moi aussi je parle comme vous. » Je tiens un langage digne de vous. « Si votre âme prenait la place de la mienne ; » si vous souffriez les tourments que j’endure, je vous parlerais sans vous faire des reproches ; que son des paroles contraires aux actions ?
7. « Si j’élève la voix, je ne me plains pas de ma blessure. » Vous n’avez été prudents ni dans vos discours, ni dans votre silence. En effet si le sage veut parler, c’est pour prendre en pitié le malheureux et le consoler ; s’il parle de lui-même, c’est pour pleurer sur ses blessures ; et s’il se tait, il se tait à propos.
8. « Il m’a épuisé de fatigue, il a égaré mon esprit et m’a réduit en poussière. » Afin que je n’élève point la voix contre vous, Dieu a brisé mon orgueil ; il veut que ma folie devienne sagesse.
9. « Vous m’avez saisi, et j’ai rendu témoignage. » Vous m’avez convaincu de mes péchés, et je suis devenu mon accusateur. « Et mon mensonge s’est élevé contre moi ; » lorsque je me croyais juste. « Je m’élèverai contre moi-même. » De là cette parole : « Je t’exposerai à tes propres regards[1]. »
10. « Il a pris la colère pour me rejeter. » C’est bien dit : « Il a pris la colère », car il n’en subit pas les excès. Il a rejeté, comme il rejette l’orgueilleux. « Il a grincé les dents contre moi. » Il m’a accablé de ses reproches ; les dents, ce sont ici les paroles. « Les flèches de ses pirates sont venues me frapper. » Ce sont les puissances de l’air : instruments à qui Dieu permet d’éprouver les justes et de châtier les méchants elles sont appelées des pirates, car elles nous harcèlent dans notre course sur la mer de ce monde.
11. « Il m’a percé de son regard. » Loin d’atténuer mes péchés, il a ordonné de me châtier. Il est comme le trait de lumière qui, découvre aux ministres de ses vengeances ceux qu’ils doivent punir ; son regard a été ma condamnation. Voici un autre sens : Il m’a fait voir mon péché auparavant je ne l’avais pas aussi vivement ressenti. « Il m’a violemment frappé aux genoux, et tous sont accourus sur moi. » Dès que Dieu l’eut frappé, près de lui accoururent les anges de Satan.
13. « Lorsque j’étais en paix, il m’a brisé. Il m’a ravi à mon repos, ou à moi-même ; j’ai été déchiré par mes ennemis, ceux mêmes qui se déchiraient entr’eux. « Il a saisi et arraché ma chevelure ; » à cause de mes péchés, il a mis la division en moi. « Il m’a choisi comme le but de leurs flèches », pour qu’ils les lançassent sur moi. Comme on place un but auquel doit viser l’archer qui lance ses flèches.
14. « Ils m’ont assailli de leurs lances, m’ont percé les reins et ont été pour moi sans pitié. En punition des désirs charnels dont il se voit tout pénétré, et que lui suggèrent les tentations des mauvais anges. Ils ont répandu mon fiel à terre », afin que la vue des biens temporels excitât mon envie contre ceux qui les possèdent.
15. « Ils m’ont entraîné à des chutes énormes : » n’entendons point ici les chutes de son corps.
16. « Ils ont cousu un cilice sur ma peau. » Ce sont les péchés intérieurs qui lui rappellent son ancien bonheur.

  1. Psa. 49, 2