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25. « Et tes enfants seront comme l’herbe des champs ; » préservés de la sécheresse.
26. « Et tu viendras dans le tombeau comme le froment bien mûr. » Après ta passion.
27. « Voilà ce que nous avons attentivement « médité. » Ces paroles confirment l’autorité de cette prophétie. « Pour toi, sache bien te connaître toi-même et ce que tu as fait. » Car Dieu n’a pas permis que ceci t’arrive injustement.

CHAPITRE VI. – Paroles de Job ; sa justification.


3. « Il te semble donc que mes paroles sont mauvaises. » Job n’a point parlé pour se plaindre des coups de l’adversité ; il n’a fait qu’exprimer sa douleur, moins la sienne propre que celle que lui fait éprouver le sort du genre humain tout entier.
4. « Les flèches du Seigneur se sont fixées sur moi. » C’est la parole de Dieu qui transperce l’âme en lui faisant confesser ses fautes. « Leur fureur s’est abreuvée de mon sang ; » car elles enlèvent le péché. « Dès que je veux parler, elles m’aiguillonnent. » Elles m’imposent ce que je dois dire.
5. « Eh quoi ! N’est-ce pas quand il a faim que l’onagre pousse de vaines clameurs ? » S’il souffre de la faim, c’est qu’il a voulu être libre. « Le bœuf mugira-t-il, quand il aura devant lui sa nourriture ? » Le travail du bœuf préparé à l’âne sa nourriture. Ainsi fut-elle préparée aux Gentils par les Prophètes et les Apôtres, qui étaient Juifs. Ces paroles expriment donc le désir de manger ; c’est-à-dire d’être secouru, et non l’impatience de souffrir.
6. « Le pain peut-il sans sel être mangé ? » Comme si on lui disait : Pourquoi donc parles-tu ainsi en figures ? Il répond que ces choses exprimées au propre seraient sans saveur. « Quelle douceur y a-t-il dans les discours insensés ? » Il appelle insensés les discours des hommes ; la parole de Dieu est le vrai pain, mais le pain céleste. « Voilà pourquoi mon esprit ne peut se taire. » De même que sans le sel on ne peut goûter le pain, ainsi je me dois tout entier à la parole de Dieu, selon ce qui est écrit : « Comment entendront-ils, si personne ne les prêche[1] ? »
7. « Je le vois, ma nourriture est devenue fétide comme l’odeur du lion. » Mes paroles sont fétides comme le lion : ou parce que dans leur orgueil ils se sont prévalus de leurs pensées, ou parce que s’attachant aux plaisirs charnels, ils ont répandu l’odeur du lion, eux qui se glorifient en leurs discours.
8. « S’il plaît au Seigneur que ma demande arrive. » Il appelle demande la chose même qu’il sollicite. « Et qu’il réponde à mes espérances. » L’épreuve est bonne pour celui qui a l’espérance d’être consolé après la tribulation, Le mot espérance est ici bien choisi, car après avoir obtenu ce qu’il attend, l’homme n’a plus besoin d’être éprouvé.
10. « Que la cité dont je franchissais les murailles soit pour moi un sépulcre. » Il veut que la cité impie de Babylone soit pour lui un sépulcre, non pour qu’elle le couvre de ses ruines, mais afin qu’elle sache qu’elle ne renferme que des morts, elle où il se vantait de trouver son appui et sa défense. « Je serai sans pitié ; car je n’ai point dit le mensonge ; mes paroles sont les paroles saintes de mon Dieu. » Il a seulement dit ce que le Seigneur lui a inspiré ; savoir que l’humanité en général a besoin de se, cours pour le louer.
11. « Quelle est ma force pour tout supporter ? » Voilà la blessure. « Combien de temps encore « mon âme doit-elle souffrir ? » Aux approches de la mort les hommes sont pressés de se convertir et de faire à Dieu l’aveu de leurs péchés les plus honteux ; et cette considération l’a forcé à se reconnaître coupable.
12. « Ai-je la force des pierres ? » Il désigne les endurcis, que les traits de la parole divine ne peuvent pénétrer, que rien ne touche et ne détermine à confesser leurs péchés.
13. « Ai-je refusé de me confier en lui dans ma prospérité ? » quand, à l’image de Dieu, j’étais immortel. « Et il m’a retiré son appui. » Je suis devenu mortel en voulant me confier en moi.« Dieu m’a visité et m’a dédaigné ; » selon ce, qui est écrit : « Qu’est-ce que le fils de l’homme ; « pour que vous le visitiez[2] ? »
16. « Mes proches ont refusé de me voir. » J’ai fait horreur aux anges. « Comme le torrent qui s’écoule. » J’ai été comme inondé par la miséricorde ; tout s’est desséché, et il n’y a plus de source pour me désaltérer. « Ils sont passés devant moi comme les flots. » Les consolations étaient donc pour lui comme un breuvage. « Ceux qui me craignaient sont venus fondre sur moi. » Le démon avec ses anges. « C’en est fait de moi, je suis exilé de ma propre maison ; » il veut

  1. Rom. 10, 14
  2. Psa. 8, 5