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l’entendit et fut assuré de la victoire. Ce pain d’orge, comme la comparaison des chiens, signifiait que le Sauveur confondrait les superbes avec ce qui est méprisable selon le monde.
XL. (Ib. 7, 20.) Cri de guerre des soldats de Gédéon. – Gédéon ordonna à ses trois cents hommes de crier : « Le glaive du Seigneur, est à Gédéon » (Gédéon, au datif.) Ce cri signifie que le glaive accomplirait le bon plaisir de Dieu et de Gédéon.

XLI. (Ib. 8, 26, 27.) L’éphod que fit faire Gédéon était-il un vêtement? – On demande ce que c’est que l’éphod, ou l’éphod. Si, comme le disent la plupart des interprètes, c’est un vêtement sacerdotal ou plutôt un vêtement que l’on met par-dessus les autres, appelé en grec : επεδυμα, manteau ou επομις, mantelet, et en latin : super humerale, vêtement qui recouvre les épaules, on peut se demander avec raison comment Gédéon a employé une si grande quantité d’or à la confection de ce vêtement. En effet, il est écrit : « Les pendants d’oreilles que Gédéon avait demandés se trouvèrent peser mille sept cents sicles d’or, sans compter les bracelets, les colliers, les vêtements de pourpre que portaient les rois de Madian, sans compter les colliers qui entouraient le cou des chameaux eux-mêmes ; et Gédéon en fit un éphod et le dressa dans sa cité à Ephra, et là tout Israël tomba dans la fornication de l’idolâtrie à cause de cet éphod, et il fut pour Gédéon et sa maison un objet de scandale. » Comment une telle quantité d’or put-elle être employée à ce vêtement ? Nous lisons que la mère de Samuel fit à son fils, en le présentant au Seigneur pour être élevé dans son temple, un éphod le lin, car c’est ainsi que plusieurs interprètent ces paroles : Ephud-bard[1] : cela montre avec évidence que l’éphod est une sorte de vêtement. Ces expressions : « Il le dressa dans sa cité » n’auraient-elles point pour but d’indiquer qu’il fut tout en or ? L’Écriture dit en effet non qu’il le mit, mais qu’il le dressa parce qu’il était solide et ferme, pouvant être dressé et se tenir debout.
2. L’empressement des Israélites autour de l’Ephud de Gédéon était une sorte d’idolâtrie. – Gédéon ayant donc fait illicitement cet éphod, « tout Israël tomba dans la fornication de l’idolâtrie à cause de cela », c’est-à-dire en courant à cet éphod contrairement à la Loi de Dieu. Ici une, question naturelle se présente : Comment l’Écriture accuse-t-elle d’idolâtrie le culte et le concours du peuple autour de cet éphod, puisque ce n’était pas là une idole, un simulacre de fausse divinité, mais un des objets sacrés du tabernacle, un vêtement sacerdotal ? C’est qu’en dehors du tabernacle renfermant tous ces objets que Dieu avait commandés, il était défendu d’en faire aucun autre semblable. C’est pourquoi l’Écriture poursuit en ces termes : « Et cet éphod devint pour Gédéon et sa maison un sujet de scandale » c’est-à-dire, d’offense et d’éloignement du Seigneur. C’était comme une espèce d’idolâtrie d’adorer, à la place de Dieu, hors du tabernacle, un ouvrage de main d’homme quelconque, quand ceux que Dieu avait fait exécuter dans l’intérieur de son tabernacle servaient à son culte, bien loin qu’aucun d’eux reçût le culte soit comme Dieu, soit comme image de Dieu.
3. Gédéon ne fit pas seulement un éphod, mais aussi tous les autres objets qui servaient au culte divin. – Par l’éphod ou l’éphud, si l’on prend la partie pour le tout, on peut encore entendre tout ce que Gédéon érigea dans la ville à la ressemblance du tabernacle, comme pour rendre un culte à Dieu : l’éphod en effet, comme l’Écriture le rappelle souvent, est la marque insigne de la dignité sacerdotale Le péché de Gédéon serait donc d’avoir érigé hors du tabernacle une espèce de nouveau tabernacle où l’on vint adorer Dieu. Il n’aurait point construit d’or massif un éphod, pour qu’on l’adorât, mais avec l’or faisant partie du butin, il aurait fabriqué tous les ornements et les ouvrages du sanctuaire, lesquels seraient désignés par l’éphod, à cause de l’insigne prééminence de ce vêtement sacerdotal, comme je l’ai expliqué. L’éphod, si c’est l’ornement qui couvre les épaules sur les vêtements sacerdotaux, n’était point fait d’or exclusivement, bien que l’or y fût employé. Dieu avait ordonné qu’il fût composé d’or, d’hyacinthe, de pourpre, d’écarlate et de fin lin. Mais comme les Septante, après avoir énuméré les dépouilles remportées par Gédéon, ajoutent : « Et Gédéon en fit un éphod » ils paraissent vouloir faire entendre que tout a été employé à cet objet. On peut voir ici, cependant, une figure de langage désignant la partie pour le tout. Ces paroles : « Il en fit un éphod » signifieraient : il fit de cela un éphod, ou bien, avec les dépouilles il fit un éphod, non en employant tout à cet usage, mais en prenant tout ce qui était nécessaire. On lit, en effet, dans la version faite sur l’hébreu ;

  1. 1Sa. 2, 18,