Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/568

Cette page n’a pas encore été corrigée

les extermineras entièrement. Tu ne feras point d’alliance avec eux, et tu n’auras aucune compassion d’eux ; tu ne contracteras pas non plus de mariage avec eux ; tu ne donneras point tes filles à leurs fils, et tu ne feras pas épouser leurs filles à tes fils etc[1]. »
3. La Genèse nomme onze nations, au lieu de sept ; mais ce n’est qu’au temps de Salomon que fut réalisée la promesse. — Il ressort donc de ces différents endroits de l’Écriture, que les enfants d’Israël reçurent en héritage les pays de ces sept nations ; non point pour les occuper en commun avec elles, mais pour les occuper à leur place. Cependant, au livre de la Genèse, ce ne sont pas ces sept nations seulement, mais onze, qui sont promises à la postérité d’Abraham. Voici, en effet, ce qu’on y lit : « En ce jour-là, le Seigneur Dieu fit alliance avec Abraham, disant : Je donnerai ce pays à ta race, depuis le fleuve d’Egypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve d’Euphrate, les Cénéens, les Cénéséens, les Cetmonéens, les Cetthéens, les Phéréséens, les Raphahim, les Amorrhéens, les Chananéens, les Evéens, les Gergéséens et les Jébuséens[2]. » On résout la question, en appliquant cette prophétie à Salomon, qui étendit les limites de son royaume jusque sur les confins de ces peuples, suivant ce qui est écrit de lui : « Il vint à bout de tout ce qu’il lui plut d’édifier dans Jérusalem, sur le Liban et dans toute l’étendue de son royaume. Quant à tout ce qui était resté de peuple, du Cetthéen, de l’Amorrhéen, du Phéréséen, de l’Évéen et du Jébuséen, qui n’étaient point des enfants d’Israël, Salomon rendit tributaires, comme ils le sont encore aujourd’hui, leurs enfants qui étaient demeurés dans le pays, et que les enfants d’Israël n’avaient pas exterminés[3]. » Voilà donc ce qui reste des peuples qui devaient être, suivant l’ordre de Dieu, battus et entièrement exterminés, soumis à un tribut par Salomon ; pour se conformer au commandement divin, ce prince aurait dû certainement les faire périr ; soumis en qualité des tributaires, ils devinrent cependant ses esclaves. Nous lisons un peu plus loin : « Et Salomon dominait sur tous les rois depuis le fleuve jusqu’au pays des Philistins et jusqu’aux frontières d’Egypte[4]. » C’est ici qu’on voit l’accomplissement de la promesse de Dieu à Abraham dans la Genèse. « Depuis le fleuve » c’est-à-dire, depuis l’Euphrate : car on peut, à défaut même du nom propre, entendre qu’il s’agit du grand fleuve. Il ne peut être question du Jourdain, car les Israélites avaient pris possession des pays situés en deçà et au-delà, même avant le règne de Salomon. L’Écriture affirme donc, au livre des Rois, que le royaume de Salomon s’étendait depuis l’Euphrate, du côté oriental, jusqu’aux frontières de l’Egypte, à l’occident. Il s’ensuit qu’il tenait sous son sceptre une région plus considérable que celles qu’occupaient les sept nations citées précédemment ; il y avait onze nations, au lieu de sept, soumises à son empire. Entre ces paroles au livre des Rois : « depuis le fleuve jusqu’aux frontières d’Egypte » qui ont pour objet de déterminer quelle extension le royaume avait prise de l’Orient à l’Occident ; et celles-ci de la Genèse : « depuis le fleuve d’Egypte jusqu’au fleuve, le grand fleuve de l’Euphrate » qui précisaient à l’avance ses limites à l’Orient, et à l’Occident, il y a, en effet, parfaite identité. Ce fleuve d’Egypte, qui forme la frontière entre le royaume d’Israël et l’Egypte elle-même, n’est pas le Nil, mais un fleuve de moindre importance, qui traverse la ville de Rhinocorure, où commence, en remontant vers l’Orient, la limite de la terre promise. Les enfants d’Israël avaient donc reçu l’ordre de s’emparer des pays de sept nations, qu’ils devaient auparavant exterminer et ruiner complètement ; quant aux autres, qui habitaient jusque sur les bords de l’Euphrate, ils devaient régner sur elles et les assujettir à un tribut. Et quoiqu’ils eussent enfreint ce commandement, en réduisant en servitude plusieurs des peuples qu’ils auraient dû exterminer, Dieu cependant rait le sceau à sa promesse au temps de Salomon.
4. Les Israélites étaient maîtres de tout le pays ; mais Dieu permit, pour le bien de son peuple, que ses ennemis se maintinssent encore sur différents points. – Maintenant donc, où est la vérité dans ce passage du livre de Josué, que nous avons entrepris d’examiner : « Dieu donna à Israël tout le pays qu’il avait juré de donner à leurs pères, et ils l’eurent en héritage[5] ? » Comment leur donna-t-il tout ce pays du vivant de Josué, puisqu’ils n’avaient pas encore triomphé du reste des sept nations ? Ce qui suit est vrai : « et ils l’eurent en héritage ; » car ils étaient là et habitaient ensemble la contrée. Les paroles suivantes :

  1. Deu. 7, 1-3
  2. Gen. 25, 18-21
  3. 1Ro. 10, 22 suivant les Sept. et 9, 19-21, suiv. la Vulg
  4. Id. 10, 26 d’après les Sept. et 4,21, d’après la Vulg
  5. Jos. 21, 41