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XX. (Ib, 19, 47 suivant les Septante.) Motif pour lequel Dieu endurcit le cœur des Chananéens. – « L’Amorrhéen continua de demeurer à Elom et à Salamin, et la main d’Ephrem s’appesantit sur eux, et ils devinrent ses tributaires. » Cette faiblesse était déjà une infraction aux ordres du Seigneur, et cependant Josué vivait encore ; mais, à raison de sa vieillesse, il n’était plus à la tête des armées du peuple dans les combats. C’est pour cela que Dieu, suivant ce qui est écrit[1], affermit le cœur des Chananéens et voulut que ces peuples se liguassent ensemble pour combattre Josué, de peur qu’ils n’obtinssent ; eux aussi, leur grâce, en dépit même des ordres de Dieu, s’ils n’étaient pas vaincus par les armes, et que sur le déclin des jours ou après la mort de Josué, ils ne fussent laissés en paix par les enfants d’Israël : ceux-ci en effet auraient pu alors faire grâce à leurs ennemis, contrairement à la défense du Seigneur ; et Josué n’était pas capable de cette faiblesse.
XXI. (Ib. 21, 41-43.)1. Les Israélites possédèrent-ils réellement toute la terre promise ? – À la mort de Josué, et même dans la suite, les Israélites n’avaient pas exterminé entièrement les nations qui possédaient la terre promise ; ils étaient seulement établis dans la portion de cet héritage dont ils avaient chassé les habitants. C’est donc avec raison qu’on demande quel sens il faut donner à ces paroles : « Le Seigneur donna à Israël tout le pays qu’il avait juré de donner à leurs pères ; et ils l’eurent en héritage et l’habitèrent. – Le Seigneur leur donna le repos aux alentours, comme il en avait fait le serment à leurs pères ; de tous leurs ennemis, nul n’osa leur résister en face ; le Seigneur livra tous leurs ennemis entre leurs mains. De toutes les bonnes paroles que le Seigneur adressa aux enfants d’Israël, il n’y en eut pas une seule sans effet, elles s’accomplirent toutes. »
2. La terre promise comprenait les pays habités par sept peuples nommés dans l’Écriture. – Il faut donc examiner attentivement tous les points de cette affirmation. Et d’abord, il faut voir combien de nations comprenait la terre promise aux Israélites. Or, l’Écriture en nomme constamment sept, ainsi qu’on le voit dans l’Exode : « Le Seigneur dit ensuite à Moïse : Va, sors de ce lieu, toi et ton peuple, que tu as tiré d’Egypte, pour entrer dans la terre que j’ai promise avec serment à Abraham, à Isaac et à Jacob, en disant : Je la donnerai à ta postérité ; et j’enverrai en même « temps devant toi mon Ange, et il chassera l’Amorrhéen, le Cetthéen, le Phéréséen, le Gergéséen, l’Évéen, le Jébuséen et le Chananéen[2]. » C’est donc la terre de ces sept peuples que Dieu a promise aux Patriarches. Mais le Deutéronome parle encore d’une manière plus expressive : « Quand tu approcheras d’une ville pour l’assiéger, et que tu lui auras offert la paix, si l’on te donne une réponse pacifique, et que tous les peuples qui se trouvent dans la ville t’ouvrent les portes, ils seront tes tributaires et t’obéiront ; mais s’ils ne t’obéissent pas et combattent contre toi, tu l’assiégeras, et le Seigneur la livrera entre tes mains, et tu feras passer tous les mâles au fil de l’épée, en réservant les femmes, les meubles, et les troupeaux et tout ce qui sera dans la ville, et tu prendras pour toi tout le butin, et tu te nourrirais de toutes les dépouilles de tes ennemis, que le Seigneur ton Dieu t’a données. C’est ainsi que tu en useras à l’égard de toutes les villes qui sont très-éloignées de toi, et qui ne sont pas de celles qui appartiennent à ces nations. Mais quant à, ces villes dont le Seigneur ton Dieu doit te donner la terre en héritage, tu ne laisseras la vie à aucun de leurs habitants ; tu les anathématiseras tous : le Cetthéen, l’Amorrhéen, le Chananéen, le Phéréséen, l’Evéen, le Jébuséen et le Gergéséen, comme le Seigneur ton Dieu te l’a commandé[3]. » Ici encore, il est dit clairement que la terre de ces sept nations est promise en héritage aux Israélites, et qu’ils la possèderont quand ils auront vaincu et totalement exterminé ces nations. Quant aux autres qui sont fort éloignées, Dieu veut qu’elles deviennent les tributaires de son peuple ; si elles n’opposent point de résistance ; mais si elles résistent, elles doivent être entièrement ruinées, à l’exception des troupeaux et de ce qui peut entrer dans le butin. On lit encore dans un autre endroit du Deutéronome : « Lorsque le Seigneur ton Dieu t’aura fait entrer dans cette terre où tu entres pour la posséder, et qu’il aura exterminé devant toi des nations grandes et populeuses, le Cetthéen, le Gergéséen, l’Amorrhéen, le Phéréséen, le Chananéen, l’Evéen et le Jébuséen, sept nations grandes, populeuses et plus fortes que vous ; le Seigneur ton Dieu les livrera entre tes mains, tu les frapperas, et tu

  1. Jos. 21, 29
  2. Exo. 33, 1-2
  3. Deu. 20, 10-17