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qu’en tenant un serment fait contre quelqu’un, dans le trouble de l’indignation.
XIV. (Ib. 10, 7-8.) Encore sur le même sujet. – L’Écriture, après avoir rapporté que les Gabaonites, assiégés par les rois des Amorrhéens, avaient envoyé des députés vers Josué, pour lui demander du secours, ajoute ces réflexions : « Josué partit donc de Galgala, et avec lui tous les guerriers de son peuple, qui étaient tous forts et vaillants. Et le Seigneur dit à Josué : Ne les crains pas ; car je les ai livrés entre tes mains et nul d’eux ne résistera devant vous. » Ainsi Josué ne consulta point le Seigneur en cette circonstance pour savoir s’il était toujours le même à l’égard de son peuple ; mais Dieu, trouvant son peuple disposé à prêter son secours dans une cause juste, lui donna l’assurance de la victoire. Il pouvait donc, même sans avoir été consulté, lui faire connaître ce qu’étaient les Gabaonites, qui se donnaient pour venir de loin, s’il n’avait eu pour agréable le serment qui détermina les siens à épargner un peuple soumis. Les Israélites avaient eu confiance en Dieu, et dans la promesse qu’il leur avait faite de renverser les nations et de leur donner le pays qu’elles habitaient ; aussi, Dieu ne les abandonna-t-il pas : et ce fut en quelque sorte la récompense de leur confiance en lui.
XV. (Ib. 10, 5-6.) Les Amorrhéens, nom générique des nations que les Hébreux devaient exterminer. – On demande comment le roi de Jérusalem, Adonibézec, et les quatre autres rois qui assiégèrent avec lui Gabaon, sont désignés, dans les Septante, d’abord sous le nom de roi des Jébuséens, quand ils se réunissent pour faire le siège ; puis sous le nom de rois des Amorrhéens, de la part des Gabaonites eux-mêmes, quand ceux-ci députent vers Josué, pour lui demander d’accourir à leur délivrance. Or, autant que nous avons pu nous en rendre compte, la version faite sur l’hébreu les appelle toujours rois des Amorrhéens : il est constant d’ailleurs que le roi des Jébuséensn’était autre que le roi de Jérusalem, car cette ville, capitale de tout ce royaume, s’appelle aussi Jébus ; il est constant, d’un autre côté, que l’Écriture nomme très-souvent les sept nations, que le Seigneur a promis d’exterminer sous les yeux de son peuple, et la nation Amorrhéenne est un des sept. Peut-être cependant, ce nom est-il le nom générique appliqué à toutes, ou du moins à la majeure partie, en sorte que ce ne fut pas une seule, mais plusieurs de ces nations qui portaient le même nom ; ce qui n’empêchait pas que l’une d’entre elles s’appelât proprement la nation des Amorrhéens c’est ainsi que la Libye, qui n’est dans le sens propre qu’une portion de l’Afrique, désigne cependant l’Afrique tout entière ; c’est ainsi encore que l’Asie, qui n’est à proprement parler, qu’une petite région, sert à désigner la moitié, suivant les uns, le tiers, suivant les autres, du monde entier. Il est certain aussi que les Chananéens sont au nombre des sept nations citées dans l’Écriture ; et cependant le pays tout entier fut appelé d’abord terre de Chanaan.
XVI. (Ib. 11, 14-15.) Dieu justifié du reproche de cruauté envers les Chananéens. – « Josué ne laissa dans cette ville aucun être vivant ; les ordres que le Seigneur donna à Moïse, son serviteur, sont les mêmes que Moïse donna à Josué ; et Josué les accomplit tous ; il ne manqua d’exécuter aucune de toutes les choses que le Seigneur avait commandées à Moïse. » Que Josué n’ait laissé aucun être vivant dans les villes dont il s’empara, on ne peut lui en faire aucun reproche de cruauté, puisque Dieu lui en avait donné l’ordre. Quant à ceux qui rejettent ce reproche sur Dieu et se refusent var conséquent à reconnaître le vrai Dieu pour auteur de l’ancien Testament, ils jugent d’une manière aussi extravagante les œuvres de Dieu que les péchés des hommes, ignorant la part de souffrances qui est le châtiment mérité de chacun, et considérant comme un grand mal que ce qui doit périr, périsse, et que ce qui doit mourir, subisse la mort.
XVII. (Ib. 11, 19.) Aucune ville de la terre promise ne se rendit aux Hébreux sans combat. – « Et il n’y avait aucune ville qui ne se rendit « aux enfants d’Israël. n On demande comment ce récit est conforme à la vérité, puisque, dans la suite, ni au temps des Juges, ni même au temps des Rois, les Hébreux n’avaient pu encore s’emparer de toutes les villes des sept nations. Mais il faut l’entendre en ce sens que Josué n’attaqua aucune ville qu’il ne s’en rendit maître ; ou bien qu’il n’y en eut aucune qui ne fût prise, parmi celles qui étaient situées dans les régions dénommées précédemment. Car l’Écriture énumère les contrées où étaient les villes dont il est dit sous forme de conclusion : « Et il les prit toutes en combattant. »
XVIII. (Ib. 11, 20.) Dieu voulut que son peuple ne fit grâce à aucune des nations révoltées. – « Car