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Testament avait été donné effectivement comme gage d’un autre Testament à venir.
VI. (Ib. 5, 2-7.) L’ordre de circoncire de nouveau les Israélites n’autorise pas l’erreur des rebaptisants. – « Le Seigneur dit ensuite à Josué : Fais-toi avec la pierre des couteaux aiguisés » ou, selon le texte grec, « des couteaux avec la pierre aiguë, et arrête-toi pour circoncire de nouveau les enfants d’Israël. » On demande pourquoi cette circoncision nouvelle ? Car un homme ne devait pas être circoncis deux fois ; mais le texte emploie cette expression : de nouveau, parce que le commandement s’adresse pour la seconde fois à tout le peuple, dans lequel plusieurs étaient circoncis tandis que d’autres ne l’étaient pas ; mais nul ne subit la circoncision une seconde fois. Au reste, la suite le fait voir ; tel est en effet, le langage de l’Écriture : « Josué se fit des couteaux de pierre aiguisés, et circoncit les enfants d’Israël au lieu qui s’appelle la Colline de la Circoncision. Or, voici comment Josué circoncit les enfants d’Israël : tous ceux qui avaient été autrefois dans le chemin et étaient sortis d’Égypte sans avoir reçu la circoncision, il les circoncit. Car Israël demeura dans le désert de Mabdarite pendant quarante-deux ans ; c’est pourquoi un grand nombre de guerriers étaient circoncis parmi ceux qui sortirent d’Égypte, et qui, pour avoir désobéi aux commandements du Seigneur, furent condamnés à ne point voir cette terre où coulaient le lait et le miel, et que Dieu avait juré de donner à leurs pères. Il leur substitua donc leurs enfants, que Josué circoncit, parce qu’ils étaient restés incirconcis pendant le chemin. » On voit que tous n’avaient pas reçu la circoncision, mais plusieurs seulement. Il y avait dans le peuple un certain nombre d’enfants demeurés incirconcis, et dont les pères étaient sortis d’Égypte ; ce sont ceux-là que Josué circoncit ; ils étaient venus au monde dans le désert, et leurs pères avaient, par désobéissance à la Loi de Dieu, négligé de les circoncire. Les hérétiques, qui prétendent qu’on doit rebaptiser ceux qui ont reçu le sacrement du baptême chrétien, ne peuvent donc appuyer leur thèse sur ce passage de la Loi car nul Israélite ne fut circoncis deux fois, mais seulement le peuple, parmi lequel plusieurs avaient reçu la circoncision, plusieurs ne l’avaient point reçue. Et quand même on pourrait admettre que Dieu eût ordonné une seconde circoncision, pour chaque homme en particulier, est-ce qu’on peut dire que Dieu fit ce commandement, soit parce que la première circoncision leur avait été donnée par les Égyptiens, soit parce qu’ils l’avaient reçue de sociétés hérétiques séparées d’Israël ? Dès-là que la raison du commandement divin se montre ici d’une manière évidente, ces hérétiques ne peuvent appuyer leur erreur sur le passage en question.
VII. (Ib. 5, 13-15.)Sur l’apparition d’un ange à Josué. – Josué, ayant vu un homme qui se tenait debout devant lui, l’épée nue à la main, et ayant appris par sa réponse qu’il était le prince de l’armée du Seigneur, se prosterna à terre et dit : « Que commandez-vous à votre serviteur ? » On peut demander, à ce sujet, s’il se prosterna devant l’Ange et l’appela son Seigneur, ou plutôt, si, reconnaissant la mission de l’ange, il adressa directement au Seigneur lui-même et ses paroles et l’hommage de son adoration. Or, suivant l’Écriture, Josué était alors « à Jéricho ; » c’est-à-dire sur le territoire de cette ville, comme le marque expressément la version faite sur l’hébreu ; il n’était pas, à coup sûr, dans Jéricho même, puisque les murs de cette ville qui devaient s’écrouler bientôt n’étaient pas encore tombés pour livrer passage aux Israélites.
VIII. (Ib. VII.) Sur le châtiment infligé au peuple, à cause de l’avarice d’Achar. – Achar, de la tribu de Juda, ayant, contrairement à la défense du Seigneur ; dérobé quelque chose de l’anathème parmi les dépouilles de Jéricho, Dieu permit, en punition de son péché, que trois mille hommes envoyés contre Gaï tournassent le dos à l’ennemi et que trente-six des leurs fussent tués. La terreur s’étant alors répandue parmi le peuple, Josué se prosterna devant le Seigneur avec les anciens, et il lui fut répondu que cette défaite était une punition des péchés du peuple ; Dieu les menaça aussi de ne plus être avec eux à l’avenir, s’ils ne faisaient disparaître l’anathème du milieu d’eux ; enfin le coupable fut découvert et ne fut pas seul mis à mort, mais encore tous les siens avec lui. – On demande ordinairement ici comment il peut être conforme à la justice, que le châtiment dû aux fautes d’un homme, s’étende à d’autres hommes, surtout quand on se rappelle ce que le Seigneur déclare dans la Loi : « Que les parents ne seront point punis pour les péchés des enfants, ni les enfants pour les péchés des parents[1]. » Ce précepte qui défend de punir quelqu’un pour un autre, ne concernerait-

  1. Deu. 24, 16