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En conséquence, ou il faut remonter à David pour établir la parenté, au défaut d’un plus proche parent qui épousât la femme du défunt, où l’adoption donna à Joseph un second père.
XLVII. (Ib. 26, 13-14.) Sur l’interdiction des repas funèbres. – Pourquoi, après avoir fait dire à l’homme fidèle, qu’il a bien rempli fous ses devoirs relatifs aux dîmes, et à toutes les espèces de dons et de sacrifices, la Loi veut-elle encore qu’il puisse se rendre ce témoignage qui fait son éloge : « Je n’ai pas donné de ces choses à un mort? » N’y a-t-il pas là une défense formelle des repas funèbres en usage parmi les nations païennes ?
XLVIII. (Ib. 28, 14.)
1. La droite se prend dans un sens favorable. – « Tu ne t’éloigneras pas de toutes les ordonnances que je te donne aujourd’hui, pour aller à droite ou à gauche après les dieux étrangers, et les servir. » On peut demander comment il est possible d’admettre qu’il va à droite, celui qui suit et adore les dieux de l’étranger ; puisque la droite se prend en bonne part, et que adorer les dieux ne peut jamais s’interpréter dans un sens favorable ? En effet, quand l’Écriture réprimande celui qui se détourne à droite dans le chemin de la vie, ce n’est pas sur celui qui est dans la voie droite que tombe le reproche, mais, sur celui-là même qui se détourne dans le bon chemin, c’est-à-dire, qui s’y attribue ce qui appartient à Dieu. Aussi les Proverbes disent-ils : « Ne te détourne ni à droite ni à gauche. Car le Seigneur connaît les voies qui sont à droite ; mais celles qui sont à gauche sont des voies de perdition[1]. » Donc les voies droites, qui sont connues du Seigneur, sont bonnes. « Le Seigneur, en effet, connaît les voies des justes » comme nous le lisons dans les Psaumes[2]. La raison de cet avertissement : « Ne te détourne pas à droite » se trouve exprimée dans ce qui suit : « Car c’est Dieu lui-même qui dirigera ta course[3]. » Or, loin de nous de nier qu’elles sont droites les voies qui sont connues du Seigneur ! Mais, comme nous l’avons dit, s’y détourner, c’est vouloir s’attribuer à soi-même ce qui est bien, au lieu de l’attribuer à la grâce. Enfin, nous le répétons, le texte ajoute très bien : « C’est Dieu lui-même qui dirigera ta course et qui te conduira en paix dans toutes tes voies. »
2. Interprétation littérale du texte.
— Ce que nous lisons, dans ce passage en discussion, du Deutéronome : « Tu ne t’éloigneras pas de toutes les ordonnances que je te donne aujourd’hui, pour aller à droite ou à gauche après les dieux étrangers et les servir » ne signifie pas en conséquence, que le culte des autres dieux puisse être pris en bonne part ; mais il est question ici de certains lieux renommés, que les nations consacraient ici et là aux dieux qu’elles adoraient ; ou bien, ces paroles « à droite et à gauche » ne doivent point se rapporter « aux dieux étrangers » et deux sens nettement tranchés se présentent. Le premier serait celui-ci : « Tu ne t’éloigneras pas de toutes les ordonnances que je te donne aujourd’hui, pour aller à droite ou à gauche » conformément à l’explication que nous avons donnée plus haut ; et le second : « pour aller après les dieux étrangers, et les servir » sous-entendu : « Tu ne t’éloigneras pas de toutes les ordonnances que je te donne aujourd’hui. » Si nous voulons avoir le, sens complet, il faudra alors répéter les paroles précédentes, qui se rapportent aux deux membres de phrase, et de même qu’on dit : « Tu ne l’éloigneras pas de toutes les ordonnances que je donne aujourd’hui, pour aller à droite ou à gauche » on dira une seconde fois : « Tu ne t’éloigneras pas de toutes les ordonnances que je te donne aujourd’hui, pour suivre les dieux de l’étranger et les servir. » Si l’on s’éloigne, en effet, des ordonnances du Seigneur, on suivra aussi les dieux étrangers. Le commandement de fuir les dieux étrangers n’est pas le seul que Dieu fasse, ni le seul qu’il défende de transgresser ; il défend d’en transgresser aucun. Cependant, après avoir établi d’une manière générale qu’il ne faut s’éloigner de l’observation d’aucun commandement, il a voulu recommander d’une manière spéciale la fuite du culte des faux dieux.
3. Interprétation figurée. – La droite ou la gauche, dans ce passage, peuvent encore s’entendre en ce sens qu’il est défendu de suivre les dieux étrangers, à cause des biens qu’on souhaite ou des maux qu’on redoute ; en d’autres termes, qu’il ne faut pas avoir recours à ces dieux, soit pour obtenir ce que l’on aime, soit pour écarter ce que l’on a en aversion, et plus clairement encore, qu’on ne doit pas tenter de se les rendre propices et favorables, ni de les apaiser pour détourner leur colère. Il est écrit en effet de certains hommes, dans le livre des Psaumes : « Leur

  1. Pro. 4, 27
  2. Psa. 1, 6
  3. Pro. 4, 27