VI. (Ib. 4,19.) Sur l’adoration des astres. – « Et de peur qu’en regardant le ciel, et voyant le soleil, et la lune, et les étoiles et tout l’ornement du ciel, vous ne tombiez dans l’erreur, jusqu’à adorer et servir ces créatures que le Seigneur votre Dieu a distribuées à toutes les « nations qui sont sous le ciel. » Ceci ne veut pas dire que Dieu ait commandé aux gentils d’adorer ces astres, et qu’il ait défendu à son peuple de leur rendre un culte ; mais cela signifie que Dieu savait, dans sa prescience, le culte que les nations rendraient à ces corps célestes, ce qui cependant ne l’a pas empêché de les créer ; et que, dans sa prescience aussi, il savait que son peuple ne se livrerait pas à ce culte : ou bien, par ce mot distribuit « il a distribué les astres », il faut entendre l’usage auquel ils sont destinés, suivant la Genèse : « Afin qu’ils règlent les temps, les jours et les années[1]. » Cet usage, le peuple de Dieu l’eut en commun avec toutes les nations ; mais il ne partagea pas le culte que d’autres peuples rendaient aux astres.
VII. (Ib. 4,23.) Encore sur ces expressionsIMAGE et RESSEMBLANCE. – « N’oubliez pas l’alliance que le Seigneur votre Dieu a contractée avec vous et gardez-vous de vous faire en sculpture la ressemblance d’aucune des choses que le Seigneur votre Dieu vous a données. » On voit que, parlant ici en général, l’auteur sacré emploie le mot ressemblance, à l’exclusion du mot image : c’est que là où il n’y a pas de ressemblance il n’y a pas évidemment d’image : sans doute l’image suppose nécessairement la ressemblance, mais de ce qu’il y ait ressemblance, il ne s’ensuit pas qu’il y ait image.
VIII. (Ib. 5, 32-33.) Que veut dire : D’UNE EXTRÉMITÉ DU CIEL ; JUSQU’À L’AUTRE ? – Quel est le sens de ces paroles : « Interrogez les jours anciens qui ont été avant, vous, depuis le jour où Dieu créa l’homme sur la terre, et depuis une extrémité du ciel jusqu’à l’autre. » Sous-entendu « interrogez : » Interrogez l’univers tout entier : tel est probablement le sens. Mais pourquoi le texte porte-t-il : « depuis une extrémité du ciel jusqu’à l’autre » et non, d’un bout de la terre à l’autre La raison n’en est pas facile à saisir. Le Seigneur se sert d’une expression à peu près semblable, quand il dit dans l’Évangile, « que les élus se rassembleront depuis le sommet des cieux jusqu’à leur extrême limite[2]. » Peut-être cela signifie-t-il que ni les Anges ni les hommes n’ont jamais entendu parler d’une merveille semblable à celle qui s’est accomplie au milieu du peuple hébreu ; voici en effet la suite du texte : « S’est-il jamais rien fait de pareil à ce grand prodige, et a-t-on jamais ouï-dire qu’un peuple ait entendu la voix du Dieu vivant, lui parlant du milieu des flammes, comme vous l’avez entendue, et ne soit pas mort[3]. » Mais s’il s’agit ici d’un évènement dont ni les Anges ni les hommes n’aient été témoins, que signifie alors la formule employée dans l’Évangile : « Depuis le sommet des cieux, jusqu’à leur extrême limite[4] ? » car il est hors de doute que le Seigneur parle en cet endroit du rassemblement des élus qui s’accomplira au dernier jour.
IX. (Ib. 5, 2-4.)
1. Qui sont ceux avec qui Dieu fit alliance? – Quel est le sens de ce passage : « Le Seigneur votre Dieu a fait alliance avec vous à Horeb : Le Seigneur n’a pas fait cette alliance avec vos pères, mais avec vous, vous tous qui vivez ici aujourd’hui ; le Seigneur vous a parlé face à face sur la montagne, du milieu du feu ? » Doit-on entendre, par ceux qui furent exclus de cette alliance, les hommes qui n’entrèrent pas dans la terre promise, car ils moururent tous, et dont les noms furent connus lorsque se fit le dénombrement des hommes propres à la guerre, âgés de vingt à cinquante ans ? Dans ce cas, comment ceux qui vivent aujourd’hui ont-ils pu entendre la parole du Seigneur, à Horeb ? N’est-ce pas parce que, parmi les hommes âgés de vingt ans et au-dessous, il y en avait un certain nombre qui pouvaient garder le souvenir de cet évènement, et ne devaient point subir le châtiment réservé à leurs aînés, je veux dire, l’exclusion de la terre promise ? Les hommes désignés ici sont évidemment ceux qui, au moment où le Seigneur parlait sur la montagne, n’avaient pas vingt ans et au-dessus, et ne pouvaient être compris dans le dénombrement ; il y en avait alors depuis l’âge de dix-neuf ans jusqu’à cet âge de l’enfance, qui est déjà capable de voir, d’entendre, et de se rappeler les discours et les actions dont on a été témoin.
2. Sur le sens de ces mots : VOIR DIEU FACE A FACE. – Comment Moïse dit-il : « Le Seigneur vous a parlé face à face » quand, un peu auparavant, il a pris un soin extrême de les avertir qu’ils n’ont vu aucune ressemblance de Dieu, mais que sa voix, seule s’est fait entendre à eux an milieu des flammes ? S’il emploie ces expressions, est-ce
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