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accessible, comme l’âme, au changement ; mais Dieu est esprit, et en même temps toujours le même, toujours immuable [1]. C’est ce qui a donné lieu à l’erreur des Apollinaristes ces hérétiques prétendent que « le médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ fait homme[2] », n’avait point d’âme, et que le Verbe seul et la chair étaient unis en lui, quand il disait : «Mon âme est triste jusqu’à la mort[3] » Mais dans ce fait lui-même, attesté par l’Évangile, apparaissent d’une manière si évidente les attributs d’une âme humaine, qu’il serait insensé d’élever un doute à ce sujet.
XCIV. (Ib. 26, 33, 34.) Sens de ces paroles le glaive vous anéantira. – Dieu, menaçant de punir la désobéissance à la loi, dit entre autres choses : « Le glaive vous environnera et vous anéantira ; » puis il ajoute : « Votre terre sera déserte ; et vos villes seront désertes également ; alors la terre sera bien reposée pendant tous les jours de sa désolation, et vous serez dans le pays de vos ennemis. » Que signifie ce pas sage ? Comment le glaive les anéantira-t-il, s’ils doivent se trouver dans le pays de leurs ennemis ? Les consumera-t-il dans ce pays, parce qu’ils seront absents au moment du carnage ? Ou bien Dieu dit-il : « Le glaive vous consumera », comme il dirait : « vous fera mourir », en sorte que tous ne périront pas sous le coup du glaive, mais seulement un certain nombre ? Voici en effet ce qu’il dit un peu plus loin : « Et quant à ceux d’entre vous qui survivront, je ferai entrer l’épouvante dans leur cœur [4]. » Ou bien enfin, cette « pression : « il vous consumera », tient-elle de l’hyperbole, comme ce texte où il est dit que les, enfants d’Abraham seront aussi nombreux que les sables de la mer[5] ? Nous remarquons encore la même manière de parler dans le passage suivant : « Et le bruit d’une feuille qui vole vous poursuivra[6] : » ce qui signifie que leur épouvante sera si grande, qu’ils s’effrayeront des moindres choses.


LIVRE QUATRIÈME. QUESTIONS SUR LES NOMBRES.


QUESTION PREMIÈRE – (Nomb. 1, 1-14). Sur les chefs institués dans chaque tribu. – D’où vient que Dieu ordonne d’élire un chef dans chaque tribu, et que signifie le nom de Kiliarques, imposé à ces chefs, nom qui semble venir de mille[7], et qu’un certain nombre d’interprètes latins ont traduit par tribuns? Voici la réponse à cette question. Jothor, beau-père de Moïse, ayant donné à son gendre le conseil, d’ailleurs approuvé par Dieu, de répartir entre plusieurs princes le gouvernement de son peuple, afin que toutes les causes des particuliers ne fussent point un fardeau au-dessus de ses forces [8], Moïse établit des Kiliarques ou chefs de mille hommes, des écatontarques; centurions, ou chefs de cent, des pentacontarques, ou chefs de cinquante, et des décardarques, décurions, ou chefs de dix hommes, leur donnant à chacun un nom en rapport avec le nombre de ceux à qui ils commandaient. Mais est-ce à dire que chacun des Kiliarques n’était établi que sur mille hommes ? Assurément non : car, à cette époque douze mille hommes ne formaient pas tout l’effectif du peuple d’Israël. Moïse établit un chef de ce nom dans chaque tribu, et chacune des douze tribus contenait certainement, non pas. un millier d’Hommes, mais bien des milliers. Le nom de ces chefs leur est donc commun avec ceux que l’Exode appelle Kiliarques, parce que chacun de ceux-ci avait mille hommes sous ses ordres ; mais qu’il y en ait mille ou des milliers qui obéissent à un seul, le nom étant le même en grec, on pouvait toujours les appeler Kiliarques.
II. (Ib. 1, 20-46.) Sur les nombres mystérieux quatre et cinq. – On demande, et à juste titre, ce que signifient les expressions suivantes, employées dans le dénombrement de tous les enfants d’Israël en âge de porter les armes : « Suivant

  1. Jac. 1, 17
  2. 1Ti. 2, 5
  3. Mat. 25, 38
  4. Lev. 26, 33-34
  5. Gen. 22, 17 ; 32, 12
  6. Lev. 26, 36
  7. Χιλιου mille; ἄρχω je commande.
  8. Exo. 18, 25