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quoiqu’il n’y ait point consanguinité, mais affinité en ce cas. Mais que veulent dire ces paroles : « Ils mourront sans enfants », puisque avant cette loi, il naissait des enfants de semblables unions, et qu’il en naît encore aujourd’hui ? Faut-il croire que Dieu a voulu poser en loi que tous les enfants nés de ces mariages ne seront pas considérés comme des enfants légitimes, c’est-à-dire, qu’ils n’auront aucun droit à la succession de leurs parents.
2. (Ib. XX. 25.) Sur la séparation du pur et de l’impur établie par Dieu. – « Et vous ne rendrez pas vos âmes dignes d’exécration, en mangeant des bêtes, des oiseaux et de tous les animaux qui rampent sur la terre, que j’ai écartés de vous comme impurs. » Il semble résulter de ce passage que ces animaux n’étaient point naturellement impurs, mais seulement eu égard à quelque signification mystérieuse ; car ces mots « je les ai écartés de vous comme impurs », donnent lieu de penser qu’ils n’auraient pas été impurs pour Israël, si Dieu n’avait lui-même établi cette séparation. V 27
LXXVII. (Ib. 20, 27.) Sur la punition des devins. – « Si un homme ou une femme ont affaire à un ventriloque ou à un enchanteur, qu’ils meurent tous deux ; vous les lapiderez : ils sont coupables. » Est-ce l’homme et la femme ; ou l’homme et le ventriloque ; ou la femme et le ventriloque ou devin ? Mais il s’agit plus probablement du devin et de celui qui le consulte.

LXXVIII. (Ib. 21, 7.) Sur le mariage des prêtres. – « Ils ne prendront point de femme déshonorée et souillée, ni de femme renvoyée par son mari ; parce qu’il est consacré au Seigneur son Dieu. » Le premier membre de la phrase porte : «ils ne prendront point », et le second « parce qu’il est consacré» : c’est que la loi s’applique et au grand nombre des prêtres qui exerçaient leurs fonctions dans le même temps, et à chacun d’eux, comme l’indiquent ces mots : « parce qu’il est saint ; » ce tour de phrase est familier à l’Écriture. Plus loin, en effet, elle ne parle que du grand-prêtre, qui entrait dans le Saint des Saints. Et cependant elle termine par des paroles qui regardent les prêtres en général. « Et tu le sanctifieras ; il présentera les oblations du Seigneur votre Dieu ; il est saint, parce que moi le Seigneur, qui les sanctifie, je suis saint moi-même [1]. » En effet, quoique nous lisions :« il présentera lui-même les oblations du Seigneur votre Dieu », cette fonction n’était pas dévolue au seul grand-prêtre, mais encore aux prêtres du second rang. La défense comprise dans ces paroles : « Ils ne prendront point de « femme déshonorée et souillée, ni de femme « renvoyée par son mari », s’applique donc aussi aux prêtres du deuxième ordre : il est dit plus loin que le grand-prêtre ne pouvait également épouser qu’une vierge.
LXXIX. (Ib. 21, 10.) Sur le nom du grand-prêtre et l’onction de son sacerdoce. – « Le grand-prêtre entre ses frères », c’est-à-dire, celui qui est grand parmi ses frères, celui à qui seul appartient la dignité de grand-prêtre ; « sur la tête du quel a été répandue l’huile de l’onction, oleochristo. » C’est le nom que l’Écriture donne à cette huile.
LXXX. (Ib. 21, 10.) Sur les vêtements du grand-prêtre. – « Et dont les mains ont été consacrées pour revêtir les vêtements. » Il ne peut être question ici que des vêtements sacerdotaux, décrits précédemment avec un soin si minutieux.
LXXXI. (Ib, 21, 10-11.) Sur la défense faite au grand prêtre de prendre part au deuil de son père et de sa mère. – « Il n’ôtera point la mitre de dessus sa tête, et ne déchirera point ses vêtements, et n’approchera point de toute âme morte. » On voit ici la réitération de la défense adressée au prêtre de prendre part à des funérailles, en ôtant la mitre qui couvrait sa tête et en déchirant ses vêtements. Déchirer ses vêtements, était en effet, une pratique de deuil usitée chez les anciens, comme on le voit par ce qui est rapporté de Job, lorsqu’on lui annonce que ses enfants venaient d’être écrasés[2]. Ôter la mitre de dessus sa tête pouvait passer pour une marque de deuil, parce que c’était se dépouiller d’une parure. Mais quel est le sens de ce passage : « Il n’approchera d’aucune âme morte ? » Comment un corps mort peut-il s’appeler une âme morte ? Question d’une solution vraiment difficile ; et cependant cette manière de parler, inouïe parmi nous, est d’un usage fréquent dans l’Écriture. Séparé de l’âme, le corps prend donc le nom de celle qui le dirigeait autrefois, parce qu’il doit lui être rendu au, jour de la résurrection ; de même que l’édifice qu’on nomme église, conserve ce nom, lors même que l’Église, c’est-

  1. Lev. 20, 25.
  2. Job. 1, 20