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s’exprime en ces termes sur le veau et le bélier : « Il immola le veau et le bélier du sacrifice pacifique du peuple, et les fils d’Aaron lui en présentèrent le sang, qu’il répandit sur l’autel tout à l’entour ; ils lui présentèrent également la graisse du veau, et la cuisse du bélier, et la graisse qui couvre les entrailles, et les deux reins avec la graisse qui est sur eux, et la taie qui est sur le foie ; et il mit la graisse sur les poitrines, et il mit les graisses sur l’autel ; ensuite Aaron enleva la poitrine et l’épaule droite, comme il avait droit de le faire devant le Seigneur, selon l’ordre que le Seigneur avait donné à Moïse[1]. » L’Écriture parle tantôt au singulier, et tantôt au pluriel, quand elle dit quelque chose de ces deux animaux, le veau et le bélier. Ainsi, quand elle parle des deux reins, il faut l’entendre de chacune des victimes ; par conséquent, c’est quatre qu’il faut lise, et ainsi du reste. Mais que signifient ces paroles : « Il mit les graisses sur les poitrines », puisque les poitrines, appartenant au prêtre aussi bien que l’épaule droite, ne furent point placées sur l’autel ? Cela veut-il dire : « Il mit les graisses qui sont sur les poitrines ? Car, après les avoir séparées des poitrines, il dut les mettre sur l’autel, suivant la prescription qui en avait été faite auparavant. Enfin nous lisons : « Il mit ensuite les graisses sur l’autel, et Aaron enleva la poitrine et l’épaule droite, comme il avait le droit de le faire, devant le Seigneur. » Ici l’Écriture parle de nouveau au singulier, et dit la poitrine ; il s’agit évidemment de celle de chacun des deux animaux, qu’elle avait désignée précédemment au pluriel.

XXVIII. (Ib. 9, 22.) Comment le prêtre pouvait-il atteindre à l’autel? – Quel est le sens de ce passage : « Ayant élevé ses mains sur le peuple, Aaron les bénit, et il descendit, après avoir fait ce qui concernait les sacrifices pour le péché, les holocaustes et les sacrifices pacifiques ? » Où le grand-prêtre accomplit-il ces cérémonies, si ce n’est sur l’autel, où par conséquent il se tenait debout et s’y acquittait de son ministère ? C’est donc de la place où il se tenait debout qu’il descendit. Ce qui facilite la solution de cette question, c’est ce que nous avons démontré, en recherchant, au livre de l’Exode, de quelle manière il était possible d’officier à un autel haut de trois coudées[2]. Nous ne pouvions lui supposer de degrés, puisque Dieu les avait défendus, dans la crainte que la nudité du prêtre ne fut découverte à l’autel : ce qui effectivement serait arrivé, si les degrés eussent fait partie de l’autel et lui eussent été adhérents. Enfin Dieu ne voulut point alors que le massif de l’autel ne fit qu’un avec le degré qui y serait joint, et telle fut la raison de sa défense ; mais comme l’autel était d’une hauteur tellement considérable que, à moins d’être debout sur quelque chose, le prêtre ne pouvait convenablement accomplir ses fonctions, il faut nécessairement admettre un moyen de s’élever, qui se posait et se retirait à l’heure du sacrifice ; il n’était pas partie adhérente de l’autel, et par conséquent ne constituait pas une contravention à la défense d’y mettre un degré. L’Écriture néanmoins garde-le silence sur le moyen quel qu’il ait été, et c’est ce qui motive cette question. Mais, ici, quand elle rapporte que le prêtre descendit après avoir offert les sacrifices, c’est-à-dire, après avoir mis la chair des victimes sur l’autel, elle fait entendre clairement qu’il s’était tenu debout sur une élévation quelconque, d’où il est descendu, et qu’il n’avait pu remplir son ministère à un autel haut de trois coudées, qu’à la condition de s’être tenu debout sur cette élévation.

XXIX. (Ib. 9, 24.) Sur la traduction du mot ἐξεστη. – « Tout le peuple l’ayant vu, fut hors de lui-même. » D’autres traduisent : stupéfait, pour mieux rendre le mot grec ἐξέστη, d’où vient ἔκστασις, qui signifie souvent dans les versions latines de l’Écriture : ravissement de l’âme.

XXX. (Ib. 9, 24.) D’où vint la flamme qui dévora les victimes. – « Et un feu sortit du Seigneur et dévora ce qui était sur l’autel, les holocaustes et les graisses. » On peut demander ce que signifie : du Seigneur : ces mots désignent-ils un ordre, un arrêt de la volonté divine ? ou bien faut-il les entendre, en ce sens que le feu sortit de, l’endroit où était l’Arche du témoignage Car Dieu n’est pas en un endroit, à l’exclusion d’un autre lieu.

XXXI. (Ib. 10, 1-3.) Dieu veut être sanctifié dans ses prêtres et glorifié dans son peuple. — Un feu, sorti du Seigneur, avait atteint et frappé de mort les fils d’Aaron, coupables d’avoir mis du feu étranger dans leurs encensoirs et d’avoir offert ainsi de l’encens au Seigneur ; il ne leur était pas permis d’agir de la sorte, car le feu descendu du ciel sur l’autel, religieusement conservé

  1. Lev. 9, 18-21
  2. Liv. 2, Quest. CXIII.