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des holocaustes : – En employant ces expressions : « Sur le parvis autour du tabernacle et de l’autel », l’Ecriture fait voir que l’autel des holocaustes était placé en dehors et vis-à-vis de l’entrée du tabernacle, de sorte que le parvis occupait tout le tour, et que l’autel était dans la partie inférieure, entre la porte du parvis et celle du tabernacle.
CLXXVI. (Ib. 40, 34-35). Sur la nuée qui couvrait le tabernacle.
– Circonstance étonnante et bien digne de remarque ! Lorsque là nuée, la gloire du Seigneur, comme l’appelle encore l’Écriture, s’abaissait et remplissait le tabernacle, Moise ne pouvait y entrer, et cependant, sur le mont Sinaï, lorsque la Loi lui fut donnée pour la première fois, il pénétra dans la nuée où Dieu était[1]. Il n’est donc pas douteux qu’en ces deux circonstances, il était l’image de personnages différents : la première fois, il représentait ceux qui participent aux secrets de la vérité divine ; la seconde, les Juifs à qui la gloire du Seigneur s’oppose comme une nuée dans le Tabernacle, lequel est à son tour une figure de la grâce du Christ : ils ne l’ont pas comprise, et c’est pour cela qu’ils n’entrent point dans le tabernacle de l’alliance. Et il faut croire, qu’aussitôt après l’érection du tabernacle, ce fait se produisit une fois, avec cette signification mystérieuse ou quelque autre analogue. Car la nuée ne demeurait pas toujours sur le tabernacle, au point d’en interdire l’accès à Moise : elle s’élevait pour avertir de sortir, c’est-à-dire de transporter leur camp d’un lieu à l’autre : la nuée protégeait leur marche pendant le jour, une flamme les guidait pendant la nuit. Et tour à tour la nuée et la flamme, la première pendant jour, la seconde pendant la nuit, demeuraient sur le tabernacle, partout où ils campaient.

DU TABERNACLE.


CLXXVII.
—  1. But de ce travail. — Comme le livre de l’Exode se termine par le récit de l’érection du Tabernacle, et qu’il donne à ce sujet, dans les Chapitres précédents, de nombreux détails difficiles à comprendre, inconvénient ordinaire de toute topographie ou description historique d’un lieu quelconque ; j’ai voulu traiter, à part, de tout ce qui a rapport au tabernacle lui-même. Afin, s’il est possible, d’arriver à faire comprendre et ce qu’il fut et quel il fut, j’examinerai selon l’occasion le sens littéral du texte, remettant à une autre fois l’explication du sens figuratif ; car il ne faut pas croire qu’il y eut une seule des prescriptions relatives au Tabernacle quine fût dans les desseins de Dieu, le type de quelque chose de grand, dont la connaissance importe à la foi et à la piété.
2. (Ex. 26, 1.) Sur les rideaux du tabernacle. – Dieu ordonne donc à Moïse de faire pour le tabernacle dix rideaux de fin lin retors, de couleur d’hyacinthe, de pourpre d’écarlate, avec des chérubins en broderie. Le mot grec aulaias est rendu en latin par aulaea, rideaux, ce qu’on nomme vulgairement des courtines. Il ne s’agit dont pas de dix parvis, comme l’ont cru trop légèrement plusieurs interprètes : car le grec ne porte pas aulas mais aulaias. Des chérubins doivent être brodés sur les rideaux, dont la hauteur aura vingt-huit coudées, et la largeur quatre[2]. Ces rideaux doivent s’attacher ensemble et s’unir entre eux, cinq d’un côté et cinq de l’autre, en sorte que l’espace renfermé dans leur enceinte forme l’espace du tabernacle[3]. Or, comment étaient rattachés entre eux les cinq rideaux placés du même côté, c’est ce que Dieu précise en ces termes Tu feras des cordons d’hyacinthe sur le bord d’un rideau d’une part pour servir d’attache, et tu feras de même sur l’autre bord pour la seconde attache[4] » en d’autres termes, à l’endroit où un rideau tient à un autre rideau, le troisième par exemple au second, lequel tient déjà au premier, c’est-à-dire lui est uni et attaché, chacun des rideaux fera face à celui qui lui correspond de l’autre côté ; car il est exigé que les rideaux soient placés cinq par cinq vis-à-vis les uns des autres. L’espace compris entre eux était-il ou rond ou carré, c’est ce qu’on ne voit pas encore ; mais on sera édifié sur ce point, lorsqu’il sera fait mention des colonnes, auxquelles seront appendus les rideaux. C’est donc à dessein qu’il n’est parlé que des trois premiers, de la manière dont le premier est uni au second, et le second au troisième, afin que les autres soient unis ensemble de la même manière. Il est prescrit de faire cinquante cordons pour le premier rideau du côté où il touche au second, et cinquante pour le troisième du côté ou il se joint au second ; quant à celui-ci, quittent le milieu entre ces cinquante cordons de part et d’autre, Dieu veut qu’il ait cinquante anneaux d’or, d’une part, afin qu’il soit attaché aux cinquante cordons du premier rideau ; il fallait conséquemment qu’il eût aussi le même nombre d’anneaux pour être attaché aux cordons

  1. Exod. 19, 20
  2. Ex. 26, 2
  3. Id. 3
  4. Id. 4