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du cœur de l’homme : « non plus, dit l’Apôtre, sur des tables de pierre, mais sur les cœurs comme sur des tables de chair[1] » car, « la charité » qui donne d’être vraiment fidèle au précepte, « a été répandue dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné[2]. » La Loi qui fut publiée au premier lieu type figuratif de l’ancienne alliance qui est l’œuvre exclusive de Dieu, écrite de son doigt, est donc caractérisée par ces paroles de l’Apôtre : « Ainsi la loi est sainte, et le commandement est saint, juste et bon[3]. » La loi, sainte et bonne en elle-même, est l’œuvre de Dieu ; et l’homme n’y intervient nullement, parce qu’il n’obéit pas ; devenu coupable, il est plutôt écrasé par ses menaces et ses condamnations. Car, ajoute l’Apôtre, « le péché, pour faire paraître ce qu’il est, m’a donné la mort par une chose qui était bonne[4]. » Heureux celui qui, aidé de la grâce de Dieu, fait son œuvre de ce précepte saint, juste et bon !


CLVII. (Ib. 35, 1) Dieu agit avec nous. – Lorsque Moïse fut descendu de la montagne vers les enfants d’Israël, tenant en ses mains les autres tables, et le front couvert d’un voile, à cause de la gloire qui brillait sur son visage, et dont les enfants d’Israël ne pouvaient soutenir l’éclat : « Voici, leur dit-il, les paroles dont le Seigneur veut l’accomplissement. » Cette construction ambiguë permet de douter. Si c’est le Seigneur lui-même, ou si ce sont les Israélites qui doivent accomplir ces paroles ; toutefois il est évident que leur accomplissement regarde ces derniers, car c’est Dieu qui vient de dicter ses ordres. Mais peut-être est-ce à ce dessein que l’Écriture parle ainsi, afin que cette expression s’entendit également et de Dieu et de l’homme car le Seigneur agit quand il vient en aide à ceux qui agissent, conformément à la doctrine de l’Apôtre : « Opérez votre salut avec crainte et tremblement, car c’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire, selon son bon plaisir[5]. »
CLXVIII. (Ib. 35, 24.) Sur les offrandes volontaires des enfants d’Israël. – « Chacun offrant ce qu’il se retranchait, ils apportèrent généreusement au Seigneur de l’argent et de l’airain. » Ce qui revient à dire : Quiconque apporta, donna une chose ou une autre ; seulement, l’argent et l’airain sont spécialement mentionnés parmi les autres offrandes dont parle l’Écriture. Les Latins ont bien traduit par demptionem, retranchement, le mot grec aphairema; et ce terme est fort convenable, car celui qui apportait au Seigneur s’imposait une privation, un sacrifice.
CLXIX. (Ib. 35, 29.) Encore sur Béséléel, l’esprit dont il est rempli, et ses travaux.
– Moïse rappelle, mot pour mot, ce que Dieu lui avait dit de Béséléel : « Qu’il l’avait rempli de l’Esprit divin de sagesse, d’intelligence et de science, pour exécuter les travaux du tabernacle, appartenant aux arts mécaniques. » Nous avons dit plus haut notre sentiment sur ce passage[6]. Mais nous avons cru devoir le rappeler, parce que cet ordre, donné précédemment à Moïse de la part du Seigneur, n’est pas sans un dessein particulier répété en des termes tout à fait identiques. L’architecture nous est représentée ici, comme comprenant des travaux où entrent l’or, l’argent et les autres métaux ; la chose, je l’avoue, est assez singulière : car l’architecture ne s’entend ordinairement que de la construction des édifices.


CLXX. (Ib. 36, 2, 3.) Sur les ouvriers employés aux travaux du, tabernacle.
– « Et tous ceux qui voulaient d’eux-mêmes aller aux travaux, pour y prendre part ; et ils reçurent de Moïse tous les dons offerts généreusement. » Moïse ne mentionne que les travaux commandés par le Seigneur, pour le tabernacle et ses accessoires, et les vêtements sacerdotaux. Il cite aussi les noms de quelques ouvriers, à qui, dit-il, l’Esprit de Dieu fut donné pour l’exécution de ces ouvrages : mais, comme on le voit, il y en eut un grand nombre qui vinrent s’offrir d’eux-mêmes, sans avoir reçu aucun ordre, et l’Écriture ne dit pas que le Seigneur ait dicté leurs noms à Moïse. Ceux dont les noms figurent dans le texte sacré, ne furent donc pas les seuls favorisés du don céleste, mais peut-être y participèrent-ils d’une manière plus large et plus abondante. Ce qu’il faut louer dans tous ces ouvriers, c’est, au lieu de dispositions grossières et serviles, le dévouement spontané et la libéralité qu’ils apportèrent dans leurs travaux.
CLXXI. (Ib. 36, 4, 5.) Probité des ouvriers.
– Il faut noter que ces ouvriers, qualifiés du nom de sages, saintement adonnés à leur travail, étaient en réalité des hommes intègres. Ils recevaient tout ce que le peuple offrait et jugeait nécessaire à l’achèvement de leurs ouvrages ;

  1. 2 Cor. 3, 3
  2. Rom. 5, 5
  3. Id. 7, 12
  4. Id. 13
  5. Phil. 2, 12-13
  6. Ci-dessus Question CXXXVIII.