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une terreur profonde : « Vous avez perdu, a dit le Psalmiste, tout adultère qui s’éloigne de vous. Pour moi, mon bonheur est d’être uni à Dieu[1]. » Enfin Dieu conclut par ces mots : « Dans la crainte que tu fasses alliance avec ceux qui habitent cette terre et qu’ils ne se corrompent avec leurs dieux[2]. »
CLIX. (Ib. 34, 20.) Que signifie : Paraître devant Dieu, et, sans avoir les mains vides ?
– Dieu dit : « Tu ne paraîtras pas en ma présence les mains vides. » Eu égard aux circonstances dans lesquelles Dieu parle, ces mots : « en ma présence » signifient dans mon tabernacle, et ces autres : « Tu ne paraîtras pas ici les mains vides » veulent dire : Tu n’entreras pas sans apporter quelque présent. Il y a là, au sens spirituel, un mystère d’une grande profondeur ; pourtant ces paroles concernaient les ombres, et les figures.
CLX. (Ib. 34, 21.) Sur l’observation dit Sabbat.
– Que signifient ces paroles qui suivent le précepte du sabbat : « Tu te reposeras dans les semailles et la moisson » c’est-à-dire, au temps des semailles et de la moisson ? L’observation du repos sabbatique serait-elle donc commandée d’une manière si rigoureuse, qu’aux yeux de Dieu, ces saisons, si précieuses au laboureur pour la nourriture et l’existence, ne présenteraient pas elles-mêmes de sujet d’excuse ? Le repos du sabbat est ordonné, même au temps des semailles et de la moisson, à l’époque où l’ouvrage presse beaucoup : ainsi le travail doit cesser en tout temps le jour du sabbat puisqu’il est spécialement défendu pendant les saisons qui réclament le plus de bras.
CLXI. (Ib. 34, 24.) Dieu promet que, pendant les trois fêtes annuelles, aucun ennemi n’attaquera les Israélites.
– « Personne ne convoitera ton pays, lorsque tu monteras te présenter devant le Seigneur, à trois époques de l’année. » Ces paroles veulent dire que chacun devra monter avec sécurité et sans s’inquiéter de sa terre, grâce à la promesse par laquelle Dieu s’engage à y veiller : nul ne la convoitera, et celui qui sera monté n’aura rien à redouter en son absence. Et ici l’on voit assez le sens de ces paroles citées plus haut : « Tu ne paraîtras par les mains vides en présence du Seigneur ton Dieu » elles désignent le lieu où Dieu devait avoir son tabernacle ou son temple.
CLXII. (Ib. 34, 25.) L’agneau pascal et les azymes.
– Quel est le sens de ces paroles : « Tu ne m’offriras point avec du levain le sang de mes victimes » ? Dieu appelle-t-il ici ses victimes celles qui sont immolées au temps de la Pâque, et défend-il qu’il y ait alors du levain dans la maison, parce que ce sont les jours azymes ?
CLXIII. (Ib. 34, 25.) Explication grammaticale.
– Que signifient ces mots : « La chair de la victime immolée pour la solennité de la Pâque, ne dormira pas jusqu’au matin ? » N’est-ce pas, en d’autres termes, l’ordre qu’il a donné formellement plus haut, de ne rien conserver jusqu’au matin des chairs de la victime immolée ? L’obscurité de ce passage venait du, mot : dormira, qui est mis pour : demeurera.
CLXIV. (Ib. 34, 26.) En quoi consiste la fidélité de l’histoire ?
– « Tu ne feras point cuire l’agneau dans le lait de sa mère. » Ici revient pour la seconde fois cette prescription, dont le sens m’échappe. Cependant, dût-on la prendre dans le sens littéral, elle renferme une grande prophétie, dont le Christ est l’objet : à combien plus forte raison, si l’interprétation littérale était inadmissible. Car il ne faut pas croire que toutes les paroles de Dieu, par exemple ce qu’il dit de la pierre, de la caverne et de sa main qu’il étendra sur Moïse, aient été mises à exécution. Ce que la fidélité de l’histoire exige, c’est que les faits mentionnés se soient accomplis réellement, et que les discours relatés par elle aient été prononcés véritablement. On exige les mêmes conditions des récits évangéliques.ilsrapportent certains discours du Christ donnés en forme de paraboles ; il n’est cependant par douteux que le Christ ait dit ces choses ; le récit en est authentique et fidèle.
CLXV. (Ib. 34, 28.) Second jeûne de Moïse.
– « Moïse y demeura en présence du Seigneur quarante jours et quarante nuits, sans manger de pain et sans boire d’eau. » Ces mots sont une répétition de ce qui a été dit précédemment, quand Moïse reçut les tables qu’il brisa : toutefois, ce n’est pas le même fait, mais un autre, que mentionne ici le texte sacré. Nous avons déjà dit quelle signification se rapporte à cette seconde publication de la Loi. Quant à ces mots : « Il ne mangea point de pain, et il ne but point d’eau, n le sens en est évident : c’est-à-dire il jeûna » la partie est mise pour le tout : sous le nom de pain, l’Écriture comprend toute espèce d’aliments, et sous le nom d’eau toute espèce de breuvage.

  1. Ps. 72, 7, 28
  2. Ex. 34, 15