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ou l’on se sanctifiera pour pouvoir les toucher : en supposant toutefois qu’il ne fût pas permis au peuple de toucher le tabernacle, quand il amenait les victimes, ou quand on offrait à Dieu ce qu’il avait apporté pour le sacrifice. Mais les avertissements que Dieu donne ensuite ne s’adressent pas seulement aux prêtres et aux Lévites, puisqu’il dit à Moïse : « Tu parleras en ces termes aux enfants d’Israël. » Or, les enfants d’Israël, c’était tout le peuple ; et voici ce qu’il leur fait dire : « Cette huile qui doit servir aux onctions, vous sera une chose sainte de génération en génération : on n’en oindra point la chair de l’homme, et vous ne ferez pas pour vous-mêmes des compositions semblables à celle-là. C’est une chose sainte, et ce sera pour vous un moyen de sainteté. Quiconque en fera de semblables, et quiconque en donnera à une nation étrangère, périra du milieu de son peuple. » Cette défense de composer une huile semblable pour des usages profanes, ne concerne donc pas seulement les prêtres, mais encore tout le peuple d’Israël. Car c’est le sens de ces mots : « On n’en oindra point la chair de l’homme. » Il leur défend d’en taire de semblables pour leurs propres usages, et il menace de la mort ce lui qui se rendrait coupable de cette faute, c’est-à-dire, qui composerait à son usage une huile pareille à l’huile des onctions, ou qui en communiquerait une portion à un peuple étranger. Enfin quand Dieu fait dire à tout le peuple d’Israël : « Ce sera pour vous un moyen de sanctification » je ne vois pas quel sens donner à ces paroles, sinon qu’il était permis à tous les Israélites de toucher le tabernacle, quand ils y venaient avec leurs offrandes ; et que cet attouchement les sanctifiait, à cause de l’huile qui avait été répandue sur toutes les parties du tabernacle : de là cette parole ; « Quiconque touchera ces choses sera sanctifié » non toutefois comme les prêtres, qui, avant d’exercer les fonctions du sacerdoce, devaient recevoir l’onction de cette huile sainte.
CXXXVI. (Ib. 30, 34.) Sur la composition de l’encens.
– Lorsque Dieu désigne les aromates qui doivent entrer dans la composition du parfum, c’est-à-dire de l’encens, lorsqu’il dit qu’il doit passer au feu suivant l’art du parfumeur, unguentarii, nous ne devons pas conclure du mot latin que c’était une, huile propre à faire des onctions ; c’était, comme il est dit, un parfum, un encens destiné à l’autel l’encens sur lequel il n’était pas permis d’offrir des sacrifices, et qui était dans le Saint des Saints.
CXXXVII. (Ib. 30, 36.) En quel lieu devait brûler l’encens.
– « De ces choses tu feras une poudre et tu en placeras vis-à-vis des témoignages, dans le tabernacle du témoignage, d’où je me ferai connaître à toi. Cet encens sera pour vous le Saint des Saints. » C’est pour la seconde fois que cet encens reçoit semblable dénomination, parce qu’il était déposé à l’intérieur du tabernacle, sur l’autel qui était lui-même à l’intérieur ; le tabernacle du témoignage proprement dit était cette partie intérieure elle-même où se trouvait l’arche et qui est distinguée par ces mots : « De là je me ferai connaître à toi. » Dieu avait déjà tenu ce langage en parlant du propitiatoire, qui était à l’intérieur, c’est-à-dire au-dedans du voile au-dessus de l’arche.


CXXXVIII. (Ib. 31, 2-5.) Sur l’esprit dont fut rempli Bésélées.
– Lorsque Dieu veut employer Bésélées à la construction du tabernacle, en quel sens dit-il qu’il « l’a rempli de l’esprit divin de sagesse, d’intelligence et de science pour toute espèce de travaux, pour inventer, construire etc ? » Faut-il voir un don du Saint-Esprit dans la fabrication de ces ouvrages, qui semblent du ressort de l’artisan ? ou bien encore faut-il interpréter ces paroles en un sens mystérieux ? alors le symbolisme des diverses parties du tabernacle aurait eu pour auteur l’Esprit divin de sagesse, d’intelligence et de science. Toutefois, même ici, lorsque l’Écriture dit expressément que Bésélées a été rempli de l’esprit divin de sagesse, d’intelligence et de science, elle ne nomme pas l’Esprit-Saint.
CXXXIX. (Ib. 31, 13.) Sur l’observation du Sabbat.
– Pourquoi Dieu dit-il, en prescrivant l’observation du sabbat : « C’est un testament éternel en moi et dans les enfants d’Israël » au lieu de dire : entre moi et les enfants d’Israël ? Est-ce parce que le sabbat est l’image du repos, et que ce repos, nous ne le trouverons qu’en lui ? Car il est hors de doute que, sous cette dénomination d’enfants d’Israël, Dieu entend tout son peuple, c’est-à-dire la race d’Abraham ; mais il y a Israël selon la chair, et Israël selon l’esprit. Si le nom d’Israël ne devait s’appliquer qu’à ceux qui en descendent selon la chair, l’Apôtre dirait-il : « Voyez Israël selon la chair[1] ? » Et par cette expression ne fait-il pas sentir qu’il y a un Israël

  1. 1 Cor. 10, 18