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vigne féconde aux côtés de ta maison[1]. » Toute la différence consiste dans l’accusatif et l’ablatif employés successivement pour le même mot : In duo latera facies, in duobus lateribus. Il est difficile d’en fixer le sens ; à moins qu’on n’admette que l’Écriture, à qui l’ellipse est familière, manque ici d’un mot qu’il faut sous-entendre : or, en sous-entendant : erunt, ils seront, voici le sens qu’on obtiendrait : « Tu feras pour deux côtés, ils feront sur deux côtés » en d’autres termes : Tu feras pour les deux côtés des anneaux qui devront être placés sur les deux côtés.
CXXXII. (Ib. 30, 4.) Même sujet.
– « Et il y aura des arcs pour les bâtons qui serviront à le porter. » Le texte désigne ici par le mot arcs ce qu’il vient d’appeler des anneaux; et il a donné le nom d’anneaux à des anses arrondies. Or, qu’est-ce qu’un anneau, un cercle, sinon un arc de tous côtés ? Plusieurs interprètes, ne voulant point du mot arcus, ont préféré le terme thecae, étuis; suivant eux, il faudrait lire : Et il y aura des étuis par lesquels on fera passer les bâtons. Ils ne réfléchissent pas que les grecs auraient pu se servir du mot theca, puisqu’il vient de leur langue ; leur texte porte cependant psalides, qui signifie arcus, arcs.
CXXXIII. (Ib. 30, 8-10) Destination de l’autel des parfums.
– « Il brûlera sur cet autel l’encens de continuation, en présence du Seigneur d’âge en âge. » Dieu veut faire entendre, en employant ce terme d’encens de continuation, qu’il doit brûler toujours et sans interruption. Parlant de l’autel des parfums, Dieu avait réglé qu’il n’y serait offert ni holocauste, ni sacrifice, ni libation, mais uniquement de l’encens, qui serait renouvelé chaque, jour. Ici néanmoins voici ce qu’il ordonne : « Aaron implorera, ou priera une fois l’an sur les cornes de l’autel, en y répandant son sang pour l’expiation des péchés. » Depropitiabit, il implorera, d’où vient depropitiatio, qui a pour terme correspondant en grec exilasmos, Comprenons ce passage : cet ordre donné au prêtre et qui doit s’accomplir une fois chaque année sur les cornes de l’autel des parfums, pour apaiser Dieu ; ce sang de l’expiation des péchés, c’est-à-dire qui provient des victimes immolées pour les péchés, et qui doit toucher une fois l’an les cornes de l’autel : tout cela n’a point de rapport avec le commandement qui est fait au prêtre de placer chaque jour de l’encens sur ce même autel. C’étaient des parfums, et non du sang, que Dieu commandait d’y déposer, non pas une fois dans l’année, mais chaque jour. Comprenons-le donc : le prêtre n’entrait pas une seule fois l’an dans le Saint des Saints, mais une seule fois chaque année pour y répandre du sang ; chaque jour il y entrait pour un autre motif, afin d’y déposer de l’encens ; il n’y entrait avec du sang qu’une seule fois l’année. Ce qui suit confirme, parfaitement notre interprétation : « Il purifiera cet autel une « fois l’an, c’est le Saint des Saints pour le Seigneur. » Le prêtre n’offrira donc pas l’encens une fois chaque année, c’est un devoir qui lui incombe chaque jour ; mais une fois l’an, il purifiera l’autel, et cela avec du sang. Dieu ajoute : « C’est le Saint des Saints pour le Seigneur. » Par conséquent si le Saint des Saints était, non, pas en dehors, mais en dedans du voilé, l’autel dont il est ici question, qui devait être placé vis-à-vis du voile, se trouvait aussi à l’intérieur.
CXXXIV. (Ib. 30, 12.) Sur le dénombrement du peuple.
– Pourquoi Dieu dit-il : « Si tu fais le dénombrement des enfants d’Israël en les visitant ? » N’est-ce point parce qu’il exige qu’on les visite et les compte parfois, en d’autres termes, qu’on en fasse le dénombrement ? Si David fut puni de l’avoir opéré, c’est parce qu’il avait agi sans avoir reçu l’ordre de Dieu[2].
CXXXV. (Ib. XXX ; 26-33.) Sur l’huile des onctions.
– Remarquons aussi et notons comment Dieu donne (ordre d’oindre tout avec l’huile du chrême, je veux dire, le tabernacle, et tout ce qu’il contenait ; comment tout dès lors, par l’effet de l’onction, devient Saint des Saints. Quelle différence verrons-nous donc entre les objets placés à l’intérieur, que cachait le voile, et tout le reste, si tout ce qui recevait l’onction devenait par là même Saint des saints ? Cette question doit être sérieusement étudiée : J’ai cru du moins devoir l’indiquer. Ajoutons une autre remarque : de même qu’après l’onction de l’au tel des sacrifices, auquel il impose dès lors la dénomination de Saint de Saint, Dieu dit : « Quiconque le touchera, sera sanctifié » de même après avoir fait oindre tout le reste et avoir dit que tout cela est devenu Saint des Saints, Dieu prononce cette sentence : « Quiconque les touchera sera sanctifié. » Ce qui peut s’entendre de deux manières : On sera sanctifié en les touchant ;

  1. Ps. 127, 3
  2. 2 R. 24,1 ss