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ce pronom in ipsis, qui est de tout genre, se rapporte aux noms neutres par lesquels sont désignés tous les accessoires du vêtement sacerdotal : c’est du moins le plus probable, car voici la suite du texte : « Le prêtre qui lui succédera portera ces vêtements pendant sept jours » en d’autres termes, il portera tous les vêtements particuliers mentionnés dans l’Écriture à l’endroit où elle décrit le vêtement sacerdotal. « Et afin que leurs mains soient perfectionnées. » Ces mots ne sont évidemment que la répétition de ceux qu’on lit au verset précédent ; nous avons dit[1] le sens qu’il faut, selon nous, y attacher. Le texte ajoute : « Le prêtre portera ces vêtements pendant sept jours. » Est-ce à dire qu’aux autres jours il ne s’en revêtira pas ? Mais cela signifie sept jours de suite, qui formeront comme la dédicace de son sacerdoce ; une semaine de fête en solennisera le début. Il est parlé ensuite du successeur d’Aaron « qui entre dans le tabernacle du témoignage, pour s’acquitter de ses fonctions dans le Saint : » ici il est fait allusion au prêtre, qui jouissait exclusivement de ce privilège ; les enfants d’Aaron ne pouvaient y prétendre du vivant de leur père ; il est donc question du successeur d’Aaron lui-même. Mais comment l’Écriture peut-elle dire qu’il n’appartenait qu’à celui-ci, « d’entrer dans « le tabernacle du témoignage, pour s’acquitter u de ses fonctions dans le Saint » puisqu’on donne le nom de Saint aux objets placés en dehors du voile qui fermait le Saint des Saints, et que la même dénomination s’applique au tabernacle du témoignage, qui renfermait des choses saintes, c’est-à-dire la table et le candélabre ? Les autres prêtres avaient accès dans leur ministère auprès de la table, du candélabre et même de l’autel : comment donc l’auteur sacré dit-il que le successeur d’Aaron avait seul le droit « d’entrer dans le tabernacle du témoignage « pour s’acquitter de ses fonctions dans le Saint ? » S’il avait dit : « pour s’acquitter de ses fonctions dans le Saint des Saints » la question serait tranchée. Car cette partie du Tabernacle, oit était déposée l’Arche d’alliance, ne s’ouvrait que devant le grand-prêtre ; la remarque en est faite expressément dans l’Épître aux Hébreux[2]. Mais peut-être en disant qu’il était exclusivement réservé à celui-ci « d’entrer dans le tabernacle du témoignage, pour officier dans le Saint » l’Écriture n’a-t-elle voulu désigner autre chose que le Saint des Saints, appelé aussi le Saint. Car tout ce qui est Saint ne peut s’appeler le Saint des Saints, mais ce qui est le Saint des Saints, est assurément Saint. Quant au prêtre qui, seul, entrait une fois chaque année dans le Saint des Saints, l’Épître aux Hébreux, nous fait voir en lui, un type très-expressif de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Autre remarque sur le Saint des Saints au-dessus de l’Arche, qui contenait la loi, se trouvait le propitiatoire, dans lequel il faut reconnaître une image de la miséricorde divine pour les péchés de ceux qui n’accomplissent pas la loi ; la même signification symbolique n’apparaît dans le vêtement sacerdotal : que signifie-t-il en effet, sinon les sacrements de l’Église ? Sur le rational, qui couvrait la poitrine du prêtre, Dieu avait établi les jugements, et sur la lame d’or la sanctification et le pardon des péchés : le rational, placé sur la poitrine, est semblable à l’Arche qui contenait la Loi ; et la lame, mise sur le front, a du rapport avec le propitiatoire qui était au-dessus de l’Arche : ce double symbole justifie cette parole de nos Saints Livres : « La miséricorde l’emporte sur le jugement[3]. »
CXXX. (Ib. 29, 37.) Sur la consécration de l’autel des sacrifices.
– Pourquoi l’Écriture dit-elle, que, après avoir été purifié et sanctifié pendant sept-jours, l’autel sera saint de saint ? Elle ne lui donne pas, il est vrai, le nom de saint des saints comme à cette partie du tabernacle, séparée par un voile, où était dressée l’Arche d’alliance ; cet autel, placé en dehors du voile est devenu saint de saint plutôt par la sanctification qui dura sept jours que par l’onction. Et l’Écriture ajoute : « Quiconque touchera l’autel, sera sanctifié. »


CXXXI. (Ib. 30, 3-4.) Sur les anneaux de l’autel des parfums, difficulté littérale.
– Dieu, parlant à Moïse des anneaux de l’autel de l’encens, qu’il lui ordonne de couvrir d’or et non d’airain, lui dit : « Tu feras aussi deux anneaux d’or pur sous la couronne qui, régnera autour ; tu les feras pour deux, côtés, sur deux côtés » c’est la traduction littérale du grec : eis ta duo klite poieseis en tois dusipleurois. Car klite signifie côtés, et pleura aussi. Plusieurs interprètes latins ont donné la traduction suivante : Tu les feras en deux parts sur deux côtés Mais le grec, au lieu de porter mere, qui signifie parts, porte klite, qui signifie côtés. C’est le même mot qu’on lit au psaume : « Ton épouse est comme une

  1. Voir plus haut, Question CXXV.
  2. Héb. 9, 7
  3. Jac. 2, 13