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de l’autel, et tu les couvriras d’airain [1] » ces dernières paroles : « Tu les couvriras d’airain », ne se rapportent pas seulement aux cornes de l’autel, mais encore à tous les autres matériaux qui devaient entrer dans sa construction ?


CXIV. (Ib. 28, 3, 4.)
1. Sur l’esprit d’intelligence.
– « Parle à tous ceux qui sont sages d’esprit, que j’ai remplis de l’esprit d’intelligence. » Le grec porte ici aistheseos, que l’on traduit exactement par, sens, et non, par intelligence. Mais l’Écriture ne se sert pas ordinairement d’un autre mot pour marquer le sens intérieur, ce que nous appelons l’intelligence. En voici un exemple tiré de l’Épître aux Hébreux : « La nourriture solide est pour les parfaits, pour ceux qui ont le sens, l’esprit, exercé par un long usage à discerner le bien du mal[2]. » Le texte grec porte aisthesis, là où le texte latin emploie le mot sensus. Mais à quel esprit fait allusion ce passage, sinon à l’Esprit-Saint ?
2. Sur les vêtements sacerdotaux, « Et voici les vêtements qu’ils feront : le pectoral, l’huméral, la tunique traînante, et la tunique avec des franges de lierre. » Notons en passant la nomenclature de ces vêtements et les détails qui suivent car il avait été dit plus haut qu’il ne serait fait qu’une seule robe traînante. Quant à la tunique, au lieu de dire qu’elle avait des franges, ornement dont la disposition heureuse donne de la grâce aux vêtements, les traducteurs latins ont jugé plus convenable de dire qu’elle serait ornée de lierre.
CXV. (Ib. 28, 4,16, 9,10.) Sur certaines particularités des vêtements sacerdotaux.
– Ces ornements du vêtement sacerdotal, que le texte appelle, aspidiscas[3], sont-ils de petits boucliers (scutulas), diminutif du mot latin scutum, bouclier ? Les Grecs eux aussi se servent du mot aspida, pour désigner un bouclier. Ou bien le texte emploie-t-il le terme aspidiscas au figuré, le vêtement devant être fortement serré comme dans les replis d’un aspic, de même qu’il dit des lamprois, muraenulas, pour signifier une chaîne ? – « Le rationnal aura une palme en longueur, une palme en largeur[4]. » Quelques interprètes latins supposent que cette mesure égale toute l’étendue de la main depuis l’extrémité du pouce jusqu’à l’extrémité du petit doigt. – « Tu prendras deux pierres d’onyx, sur lesquelles tu graveras les noms des enfants d’Israël, six sur une pierre, et six sur l’autre, suivant l’ordre de leur naissance. » Ces derniers mots doivent-ils s’entendre de l’ordre dans lequel sont nés les enfants d’Israël ?
CXVI. (Ib. 28, 22.) Sur le rational.
– « Tu feras sur le rational des franges enlacées ensemble, d’un or pur. » C’est à défaut d’un mot propre que les traducteurs latins ont employé ce terme, rationale, le rational. Le grec porte logion, et non pas logikon. Notre expression rationale a le sens du logikon des Grecs.Logos en grec signifie tantôt le verbe, la parole ; tantôt la raison et sert à désigner l’un et l’autre : là où logion paraît signifier le verbe, nos commentateurs se servent du mot parole, eloquium, dans leur traduction ; c’est ainsi qu’à notre version : « Les paroles (eloquia) du Seigneur sont des paroles chastes[5] » le grec a pour expression correspondante logia. Mais quand il est question de ce vêtement sacerdotal qui doit être carré et double, placé sur la poitrine du prêtre, composé d’or, d’hyacinte, de pourpre, de fil d’écarlate retors et de fin lin retors, désigné sous le nom de logion, dans l’incertitude si ce terme signifie ici raison ou verbe, nos interprètes ont préféré la première signification à la seconde et ont traduit logion par rationale.
CXVII. (Ib. 28, 30.) Sur l’Ourim et le Thummim.
– « Tu placeras sur le rational du jugement : Doctrine et Vérité. » Que signifie ce passage ? Là Doctrine et la Vérité étaient-elles placées au-dessus du rational sur une bande d’étoffe ou sur une plaque de métal ? car, selon le texte, elles étaient réellement attachées au vêtement du prêtre. C’est une question difficile à résoudre, Plu sieurs interprètes imaginent que c’était une pierre, dont la couleur changeait suivant la bonne ou la mauvaise fortune, lorsque le prêtre entrait dans le sanctuaire ; de là, selon eux, ces mots « Aaron portera sur sa poitrine les jugements des enfants d’Israël » Dieu se servant de l'Ourim et du Thummim, pour manifester à son peuple l’expression de ses volontés. Il y a cependant quelque vraisemblance que ces mots : Doctrine et Vérité, étaient gravés sur le rational.
CXVIII. (Ib. 28, 31.) Sur la tunique de l’éphod.
– « Tu feras de couleur d’hyacinthe une tunique longue » c’est-à-dire, qui descende jusqu’aux talons, « sur le milieu existera une ouverture » par où la tête passera : car c’est ce que les Grecs expriment par le mot peristomion. « Le bord de cette ouverture sera tissu

  1. Ex. 27, 2
  2. Héb. 5, 14
  3. Au figuré, de petits boucliers ; dans le sens propre, de petits aspics, sorte de serpents.
  4. Ex. 38, 16
  5. Ps. 11, 7