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de tous les péchés : « Tu pardonneras, dit le Sauveur, non pas seulement sept fois, mais encore soixante-dix sept fois[1] » ce chiffre égale aussi le nombre des générations que Saint Luc énumère, après avoir raconté le baptême du Seigneur, en remontant de lui jusqu’à Dieu par l’intermédiaire d’Adam[2]. Si ces couvertures figurent les péchés, c’est pour que nous nous en confessions et qu’ils soient effacés et couverts parla grâce donnée à l’Église selon cette parole : « Heureux ceux à. qui les iniquités sont remises et dont les péchés sont couverts[3]. » Dieu ordonne ensuite d’étendre sur ces couvertures des peaux de béliers teintes en ronge. Or, qui ne voit dans le bélier marqué de cette couleur, le Christ lui-même ensanglanté dans sa passion ? Ces peaux teintes en rouge figurent également les saints martyrs, dont les prières obtiennent de Dieu miséricorde pour les péchés de son peuple. Enfin les peaux d’hyacinthe, qui forment la dernière couverture, sont une image du printemps éternel de la vie bienheureuse.
CIX. (Ib. 26, 17 selon les Septante.) Sur les coins qui assujettissaient les colonnes du tabernacle.
– « Tu feras à chaque colonne, deux petits coudes opposés l’un à l’autre » c’est-à-dire, un d’un côté de la colonne, et l’autre de l’autre. Ces petits coudes sont nos coins vulgaires, comme il s’en trouve aux colonnes des pressoirs, contre lesquelles s’appuient les pièces de bois qui supportent les cuves. On leur a donné ce nom, par analogie avec la situation d’un homme, qui, étant couché à table, est appuyé sur le coude.
CX. (Ib. 26, 21.) Sur la base et le chapiteau des colonnes.
– « Tu feras deux bases à chacune des colonnes. » Il semble que l’Écriture ne parle pas seulement ici des bases sur lesquelles sont assises les colonnes, mais encore des chapiteaux qui en forment le couronnement. C’est pourquoi nous lisons : Tu feras « deux bases à une colonne pour ses deux parties. » Que signifient en effet ces derniers mots, sinon la partie inférieure et la partie supérieure ?
CXI. (Ib. 26, 23.) Sur les huit colonnes dressées derrière le tabernacle.
– Après avoir dit qu’il y aura six colonnes derrière le tabernacle, l’Écriture ajoute que les colonnes seront au nombre de huit et les bases, selon l’explication qui nous venons de donner, au nombre de seize. En ajoutant aux six colonnes mentionnées d’abord les deux colonnes des angles, on a le même chiffre total.
CXII. (Ib. 26, 33.) Sur le Saint et le Saint des Saints.
– « Le voile vous servira de séparation médiane entre le Saint et le Saint des Saints » en d’autres termes, le voile dont il est question actuellement, suspendu à quatre colonnes, séparera le Saint du Saint des Saints. L’épître aux Hébreux fait voir la différence qui existait entre ces deux parties de Tabernacle[4]. À l’intérieur, au-delà du voile, était le Saint des Saints, qui contenait l’Arche d’alliance ; au-dehors, se trouvaient la table et le candélabre, qui avec les autres objets, sur la confection desquels Dieu avait donné ses ordres précédemment, formaient le Saint, et non le Saint des Saints. L’extérieur du voile était le type de l’ancien Testament ; l’intérieur, le type du nouveau : car l’un et l’autre se découvrent, dans l’ancien Testament, exprimés dans les faits et figurés d’une manière symbolique. Ainsi le Saint est la figure de la figure ; car il est le type de l’ancien Testament ; tandis que le Saint des Saints est la figure de la vérité elle-même, puisqu’il est le type du nouveau Testament. Tout l’ancien Testament nous présente des figures dans ces objets et ces observances dont la fidèle exécution est prescrite.


CXIII. (Ib. 27, 1.) Sur l’autel des holocaustes.
– On demande comment Dieu exige que l’autel ait trois coudées de haut, puisque cette mesure égale à peu près la taille de l’homme. Comment donc pouvait-on servir à l’autel, puisqu’ailleurs il est défendu d’établir des degrés qui y conduisent ? « Dans la crainte, dit le texte sacré, que tu ne laisses voir ce qui est honteux[5]. » Mais là, il était question du massif de l’autel, qui devait être ou de terre ou de pierre, et dont les degrés eussent fait corps avec lui ; tandis qu’ici l’autel dont Dieu ordonne la construction devait être de bois ; si à l’heure où le lévite remplissait son office, quelque chose était déposé sur l’autel et devait en être enlevé, quand il avait terminé ses fonctions, cet objet certainement ne faisait pas corps avec l’autel. Comment, encore, le feu pouvait-il être mis au sacrifice sur un autel de bois, quand on pense surtout que cet autel devait être creux, et la grille placée au milieu de la cavité ? Serait-ce que dans ce texte : « Tu feras des cornes qui s’élèveront aux quatre coins

  1. Mt. 18, 22
  2. Lc. 3, 23-38
  3. Ps. 31, 1
  4. Héb. 9, 1-12
  5. Exod. 20, 26