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il n’y a que quatre anneaux ; il en faudrait huit, si l’on entendait la chose autrement que nous venons de l’exposer. Les anneaux sont mis aux quatre coins, afin qu’on y introduise les bâtons à l’aide desquels quatre hommes peuvent porter l’arche.
CV. (Ib. 25, 17.) Sur le Propitiatoire.
— On demande ordinairement ce que signifie le Propitiatoire placé sur l’Arche. Comme il devait être d’or et avoir en longueur et en largeur les dimensions données pour l’arche, il est hors de doute que c’était comme une table d’or destinée à couvrir l’arche elle-même : deux Chérubins étaient sur le propitiatoire, se regardant l’un l’autre ; leur visage était du côté du propitiatoire et ils le couvraient de leurs ailes : sujet plein de mystère. L’or est le symbole de la sagesse divine l’arche, le symbole des secrets de Dieu. Il est prescrit de placer dans l’arche la Loi, la manne, et la verge d’Aaron : dans la Loi sont renfermés les préceptes ; la verge est la marque de la puissance ; la manne, l’image de la grâce : frappant symbolisme, qui nous fait voir que, sans la grâce, il est impossible d’accomplir les commandements. La Loi ne peut néanmoins être parfaitement accomplie par tout homme qui fait des progrès dans le bien : c’est ce qui est marqué par la place élevée du propitiatoire. Dieu en effet doit être propice à l’homme pour qu’il réussisse dans cette tâche ; le propitiatoire mis sur l’arche est donc l’image de la miséricorde qui l’emporte sur la justice[1]. Les deux Chérubins déploient leurs ailes sur le propitiatoire, pour l’honorer en étendant sur lui comme un voile, parce qu’il renferme des choses mystérieuses ; ils se regardent l’un l’autre, parce qu’ils s’accordent, comme les deux Testaments, dont ils sont la figure ; leurs visages sont tournés vers le propitiatoire, pour nous faire mieux sentir le prix de la miséricorde divine, source unique d’espérance. Dieu enfin promet à Moïse de lui parler du milieu des Chérubins, de dessus le propitiatoire. Or comme ces deux animaux sont le type d’une vaste science dans la création raisonnable, c’est en effet ce que signifient les Chérubins, il faut à ce sujet quelques remarques : par la charité, ils couvrent le propitiatoire de leurs ailes, parce qu’il ne faut s’attirer aucune qualité, mais en rapporter à Dieu tout le mérite, c’est-à-dire l’honorer par l’éclat des vertus dans lesquelles on excelle ; enfin leurs visages ne sont tournés que vers le propitiatoire, parce que, en dehors de la miséricorde divine, il né faut point espérer faire de progrès dans le vaste champ de la science.
CVI. (Ib. 25, 27.) Sur les anneaux de l’Arche.
– « Les anneaux seront dans des étuis qui serviront à porter la table. » Cela veut dire que les anneaux seront comme les gaines des bâtons sur lesquels sera portée l’arche ; en d’autres termes, que les bâtons entreront dans ces anneaux comme dans des étuis. « Les anneaux seront dans des étuis » c’est-à-dire qu’ils en tiendront lieu.

CVII. (Ib. 26, 1.) Sur le Tabernacle.
– Dieu ordonne qu’il soit fait dix rideaux pour le tabernacle : c’est l’image des dix commandements de la Loi. Les rideaux, en raison de leur ampleur, signifient l’accomplissement facile des commandements. Car la charité est la plénitude de la Loi[2] ; et la charité seule rend facile la fidélité aux préceptes : de là cet éloge de l’expansion de l’âme : « Vous avez élargi le chemin sous mes pas, et mes pieds n’ont pas été affaiblis[3]. » Mais comme cette sorte de dilatation de l’âme a sa source dans la grâce divine, car l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs[4] ; comme elle ne vient pas de nous, mais de l’Esprit-Saint, qui nous a été donné ; nous retrouvons ici le nombre mystérieux qui désigne l’Esprit-Saint, par qui est rendu possible l’accomplissement de la loi. La longueur du rideau doit être de vingt-huit coudées. Or, il faut diviser ce nombre par sept, pour avoir la largeur du rideau, qui devait être de quatre coudées. Quatre fois sept, en effet, font vingt-huit. C’est de plus un nombre parfait, car il se compose, comme le nombre six, de ses propres éléments, Quant à ces paroles du texte, si fréquemment répétées : « Tu feras les Chérubins en ouvrage de broderie » quel en est le sens ; sinon qu’une science immense présida à toutes ces choses ; c’est d’ailleurs la signification du mot Chérubin,
CVIII. (Ib. 26, 7) Sur les onze couvertures de poils de Chèvre, etc.
– « Tu feras pour le tabernacle des couvertures de poils ; tu en feras onze. » Ces onze couvertures de poils, c’est-à-dire tissues de poils de chèvres, sont un symbole de la transgression. Pourquoi ? Parce que le nombre onze va au-delà du nombre dix, symbole, à son tour, de la Loi elle-même. Le nombre onze, multiplié par sept, produit soixante-dix-sept : ce dernier chiffre est l’image de la rémission

  1. Jac. 1, 13
  2. Rom. 13, 10
  3. Ps. 17, 37
  4. Rom. 5, 5