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nous avec nos corps, à prendre diverses situations, comme de s’asseoir, de se coucher, de se tenir debout, et le reste. Ces exigences s’imposent uniquement aux corps. Or Dieu est esprit[1]. Si donc il s’est manifesté sous la forme d’un corps ou par des signes exprimés corporellement, sa substance divine, qui fait qu’il est ce qu’il est, ne s’est point montrée à des yeux mortels ; mais, en prenant des formes sensibles, il a fait acte de toute-puissance.
CII. (Ib. 24, 10-11.) Sur les élus d’Israël.
– « Et parmi les élus d’Israël, pas un seul ne fut en désaccord : et ils vinrent au lieu où Dieu avait été, et ils mangèrent, et ils burent. » Peut-on mettre en doute que ces élus d’Israël ne soient les personnages que l’Écriture vient de désigner nommément, et avec eux, les soixante-dix anciens ? Ils étaient incontestablement la personnification des élus du peuple de Dieu. « Car la foi n’est pas commune à tous, et Dieu connaît ceux qui sont à lui[2]. Dans une grande maison, il y a des vases pour des usages honnêtes, et d’autres pour des usages honteux[3]. Puisqu’il a prédestiné ceux qu’il a connus dans sa prescience ; appelé ceux qu’il a prédestinés ; justifié ceux qu’il a appelés ; glorifié enfin ceux qu’il a justifiés[4] » il n’y eut donc assurément point de désaccord parmi les élus d’Israël. Or, le nombre quatre, représenté par Moïse, Aaron, Nadab et Abiud, est une figure des quatre Évangiles et de la promesse faite au monde entier, qui se divise en quatre parties ; le nombre des anciens, soixante-dix, qui n’est autre que le nombre sept décuplé, est la figure de l’Esprit-Saint. Le saphir est l’image de la vie céleste, surtout parce qu’ « il ressemble au firmament. » Et qui ne sait qu’on donne au firmament le nom de ciel ? Les côtés de ce saphir représentent le carré lui-même, ou la stabilité, ou bien encore les mystères cachés dans le nombre quatre. Le repas de Moïse et de ses compagnons dans le lieu où Dieu avait apparu, est le symbole des délices et de l’abondance, qui constituent le bonheur du royaume de l’éternité. « Bienheureux, en effet, ceux qui ont faim et soif de la justice, parce qu’ils seront rassasiés[5]. » Aussi le Seigneur déclare-t-il qu’il en viendra plusieurs, ce sont évidemment ceux qu’il a élus, connus dans sa prescience, prédestinés, appelés, justifiés, glorifiés, qui s’assiéront avec Abraham, Isaac et, Jacob dans le royaume des cieux[6]. Et ailleurs ne promet-il pas aux fidèles de leur faire prendre place au festin, d’aller et de venir, et de les servir[7] ? CIIL (Ib. 24, 13.) Sur Jésus, fils de Navé (Josué.)— Comment se fait-il que Jésus, fils de Navé, qui n’est pas désigné avec les quatre personnages cités plus haut, parait tout-d’un-coup avec Moïse, le suit sur la montagne pour recevoir les tables de la Loi, puis tout-d’un-coup rentre dans l’obscurité, c’est-à-dire, n’est plus mentionné par l’écrivain sacré ? Comment, après cela, lorsque Moïse reçoit la Loi gravée sur les deux tables, Jésus reparaît-il auprès de lui ? Ne montre-t-il pas par son nom de Jésus que le nouveau Testament est caché dans l’Ancien, et apparaît quelquefois à ceux qui ont l’intelligence ? Quant au nom de Jésus, nous lisons au livre des Nombres[8], la circonstance ou il fut imposé au fils de Nave : c’est quand il était sur le point d’entrer dans la terre promise. L’Écriture anticipe donc ici sur un évènement postérieur. Car tous ces évènements ont été décrits après leur accomplissement ; aussi quand arriva celui qui vient d’être mentionné, Jésus n’avait pas encore reçu ce nom nouveau ; mais il le portait au moment où fut écrite cette page sacrée.


CIV. (Ib. 25, 11-12.) Des cymaises et des anneaux d’or de l’Arche-d’alliance.
– « Et tu feras des cymaises d’or qui tourneront autour de l’arche. » Ces symaises affectaient la même forme que l’arche, et, comme cela se voit à une table carrée, couraient d’un angle à l’autre. Elles tournaient autour, mais n’étaient point pour cela mobiles. Elles étaient fixées, je le répète, comme celles d’une table ; tournaient alentour, c’est-à-dire, étaient contournées pour la forme; les Grecs ont le mot strepta, pour désigner ce genre d’ornementation ; c’étaient deux filets, pareils à ceux d’une colonne torse, ou deux petites baguettes entrelacées en forme de câbles, imitant une guirlande ou une couronne. « Tu fabriqueras aussi quatre anneaux d’or, et tu les placeras sur les quatre côtés, deux anneaux sur le premier côté, et deux anneaux sur le second. » Cela veut dire que ces quatre anneaux correspondent à chacun des quatre coins : de cette manière tout en n’étant posés que sur deux côtés, ils sont en réalité sur les quatre. Un coin tient à deux côtés ; c’est la seule manière d’expliquer comment on peut placer deux anneaux sur les quatre côtés, puisqu’

  1. Jn. 4, 24
  2. 1 Thes. 3, 2
  3. 2 Tim. 2, 19-20
  4. Rom. 8, 30
  5. Mt. 5, 6
  6. Mt. 8, 11
  7. Lc. 12, 37
  8. Nb. 13, 17