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agneaux et les chevreaux, si ce trait ne figurait celui dont la généalogie charnelle compta parmi ses membres des justes et des pécheurs ? Quoique les Juifs s’attachent à démontrer qu’il fallait prendre aussi un chevreau pour la célébration de la Pâque, et que, suivant eux, ces mots : « prendre parmi les agneaux et les chevreaux » signifient qu’il fallait choisir un agneau parmi les agneaux, où, à son défaut, un chevreau parmi les chevreaux ; cependant la réalité accomplie dans le Christ fait bien voir ce qui était figuré dans ce commandement.
XLIII. (Ib. 12, 14.) Sur le mot éternel.
– S’il est écrit : « Vous ferez en ce jour, de race en race, une fête légale qui durera toujours » ou bien, « une fête éternelle » αἲώνιον, selon le texte grec, ce n’est pas à dire qu’il y ait aucun jour de cette vie passagère doué d’une durée éternelle ; mais ce qui est éternel, c’est l’objet signifié par ce jour ; comme quand nous disons que Dieu est éternel, ce n’est pas certainement à ce mot DIEU, mais à ce qu’il signifie que nous attribuons l’éternité. Néanmoins il faut rechercher avec soin en quel sens l’Écriture emploie souvent ce mot éternel ; peut-être Dieu dit-il que ce jour sera solennisé éternellement, pour montrer qu’il ne serait pas permis de le transgresser ou de le changer, de sa propre autorité. Car autre chose est de commander ce qui ne doit se faire qu’en une circonstance déterminée : tel fut l’ordre donné à Josué de faire avec l’arche sept fois le tour de Jéricho[1] : autre chose est de poser un commandement, dont la solennelle observation n’aura jamais de terme et sera quotidienne, ou mensuelle, ou annuelle, ou bien encore fixée à une période régulière de plus ou moins d’années. Donc, ou bien ce que l’Écriture appelle éternel, signifie que les Hébreux ne devront jamais se permettre de mettre un terme à la célébration de la Pâque ; ou bien, je le répète, il faut appliquer cette qualification non aux signes mais aux choses qu’ils désignent.
XLIV. (Ib. 12, 30.) Sur la mort des premiers-nés.
– « Un grand cri s’éleva dans toute la terre d’Égypte. Car il n’y avait aucune maison où il n’y eût un mort. » Ne peut-il se faire qu’il y eût quelque maison où ne se trouvait point de premier-né ? Puisque les premiers-nés étaient seuls voués à la mort, comment donc n’y eut-il aucune maison qui ne comptât point de victime ? Dieu avait-il voulu, dans sa divine prescience, à la sortie de l’Égypte, et durée de leur servitude qu’il y eût dans toutes les maisons des premiers-nés, en qui les Égyptiens seraient châtiés ? Il ne faut certainement pas croire que les Égyptiens du pays de Gessen furent exemptés de cette plaie : car elle frappait les hommes et les animaux et non la terre ; c’est-à-dire que les hommes et les premiers-nés des animaux mouraient, frappés en secret par la main de l’ange, sans qu’on aperçut rien au ciel ni sur la terre qui affligeât les hommes, comme la production des grenouilles, des sauterelles et des ténèbres. Lorsque la terre de Gessen échappa à ces plaies, le bienfait de Dieu s’étendit sans aucun doute sur les Égyptiens qui demeuraient en ce pays avec les Hébreux ; mais tous leurs premiers-nés comptèrent au nombre des victimes dans cette circonstance.
XLV. (Ib. 12, 35-36.) Encore sur l’emprunt fait aux Égyptiens par les Hébreux.
– « Or, les enfants d’Israël firent ce que Moïse leur avait ordonné, et demandèrent aux Égyptiens des vases d’or et d’argent, et des vêtements ; elle Seigneur rendit les Égyptiens favorables à son peuple : ils leur prêtèrent, et les Hébreux dépouillèrent les Égyptiens » Cet évènement était déjà accompli, avant la mort des premiers-nés de l’Égypte : c’est ici une répétition et un retour sur le passé. Ce fait a été raconté en son temps. Comment dans le deuil immense causé – par la mort de leurs enfants, les Égyptiens auraient-ils pu prêter ces objets divers ? Il faudrait admettre alors que les Égyptiens mêlés aux Hébreux dans le pays de Gessen, échappèrent encore à cette plaie.
XLVI. (Ib. 12, 22.) Sur le sang de l’Agneau.
– « Vous prendrez un petit bouquet d’hysope et le trempant dans le sang qui est sur le seuil de la maison, vous en frotterez la porte et les deux poteaux. » On demande quel est réellement ce sang placé près de la porte, puisque l’auteur sacré parle sans aucun doute du sang de l’agneau immolé pour la Pâque. Cet ordre est-il conçu en ces termes, quoique d’ailleurs l’Écriture n’en dise rien, pour que l’Agneau pascal soit mis à mort sur le seuil de la maison ? Ou bien, ce qui est plus probable, quand le texte sacré porte : « dans le sang qui est sur le seuil de la maison » est-ce pour indiquer que celui qui doit en répandre sur la porte et les poteaux, placera le vase, où il a reçu le sang, près de la porte, afin d’y puiser plus facilement ?
XLVII. (Ib. 12, 37-40.) Nombre des Israélites

  1. Jos. 6, 3-4