Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/416

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans la terre où fut mis en croix. Celui dont le sang nous a rachetés du péché ? Car la mort des Patriarches était la figure despéchés.deshommes. Or, du lieu où fut crucifié le Seigneur, jusqu’à celui qui porte le nom d’Abraham, où sont enterrés les corps des Patriarches, il y a, dit-on, la distance de presque trente milles ; ce nombre lui-même signifie celui qui vint recevoir le baptême vers l’âge de trente ans. On peut, sur ce sujet, découvrir encore d’autres mystères, ou analogues ou plus sublimes, en partant toutefois de ce principe, que des hommes de Dieu, d’un mérité si relevé, n’ont pas sans raison, donné tant de soin à la sépulture de leurs corps ; au reste, en quelque lieu que leurs corps soient enterrés, ou même quand dans sa rage un persécuteur les laisserait sans sépulture, on les déchirerait et les anéantirait au gré de sa passion, les fidèles sont et doivent être assurés que leur résurrection future n’en sera pour cela ni moins parfaite ni moins glorieuse.
CLXII. (Ib. 47, 31.) Sur l’adoration de Jacob.
– Les exemplaires latins portent : « Et il s’inclina sur le haut de la verge de lui (ejus) » mais plusieurs exemplaires plus châtiés disent : il s’inclina sur le haut de sa verge (suae), ou bien au haut de sa verge ; à l’extrémité, ou sur l’extrémité. Ce qui est cause de cette confusion, c’est que le mot grec, par lequel on exprime de lui, ou de son, se compose des mêmes lettres ; mais les accents diffèrent, et ceux qui en connaissent la valeur, en tiennent grand compte dans les manuscrits, car ils aident beaucoup à discerner le sens. Cependant s’il y avait de son, il pourrait se faire qu’il y eût une lettre de plus, eautou, au lieu de autou. Ce n’est donc pas sans raison qu’on demande quel est le sens de ce passage. On comprendrait facilement qu’un vieillard, portant une verge de la même manière qu’on porte à cet âge un bâton, lorsqu’il s’inclina pour adorer Dieu, le fit sur l’extrémité de sa verge, puisqu’il la portait de cette sorte qu’en inclinant la tête dessus, il pouvait adorer Dieu. Que signifie donc : « Il s’inclina sur l’extrémité de la verge de lui » c’est-à-dire, de son fils Joseph ? Serait-ce par hasard que Jacob avait reçu le sceptre de son fils pendant que celui-ci jurait, et qu’après le serment de Joseph, tenant encore le sceptre entre ses mains, il adora Dieu immédiatement ? 2 n’avait pas à rougir, en effet, de porter un instant l’insigne du pouvoir de son fils, figure d’un grand évènement à venir. Mais le texte hébreu donne un moyen très facile de résoudre la question ; il dit en effet : « Et Israël adora tourné vers le chevet du lit » de celui évidemment sur lequel le vieillard était mis de manière à prier sans peine, quand il le voulait. Toutefois il ne faut pas imaginer que l’interprétation des Septante est vide de sens ou ne présente qu’une signification peu importante.


CLXIII. (Ib. 48, 4.) En quel sens Dieu promet à Jacob qu’il sera le chef d’une multitude de nations.
– Ici encore Jacob rappelant les promesses qui lui ont été faites de la part de Dieu, rapporte qu’il lui a été dit : « Je te ferai le chef d’une multitude de nations. » Ces paroles de Jacob signifient la vocation des fidèles plutôt que la propagation de ses descendants selon la chair.
CLXIV. (Ib. 48, 5-6.) Sur Manassès et Ephrem, fils de Jacob.
— Il est écrit que Jacob dit en parlant d’Ephrem et de Manassès : « Maintenant donc tes deux fils, qui sont nés dans la terre d’Égypte, avant que je vinsse en Égypte auprès de toi, sont à moi. Ephrem et Manassès comme Ruben et Siméon, seront à moi ; mais ceux que tu engendreras après eux, seront à toi ; ils seront appelés du nom de leurs frères dans leurs partages. » Le lecteur est parfois induit en erreur, parce qu’il interprète ce discours en ce sens que si Joseph avait d’autres enfants, Jacob voulait qu’ils fussent nommés comme leurs frères : ce qui n’est pas. Mais voici l’ordre et la suite du discours : « Maintenant donc tes deux fils, qui te sont nés dans la terre d’Egypte, avant que je vinsse en Égypte auprès de toi, sont à moi. Ephrem et Manassès, comme Ruben et Siméon, seront à moi ; ils seront appelés du nom de leurs frères dans leurs partages » c’est-à-dire, qu’ils recevront leur part d’héritage avec leurs frères et seront nomme comme eux enfants d’Israël. Telles sont les deux tribus, qui, jointes aux autres, et en laissant à part la tribu sacerdotale de Lévi, forment les douze qui devaient se partager la terre promise et fournir la dîme. Ce qui est dit des autres enfants que Joseph est ainsi comme une parenthèse.
CLXV. (Ib. 48, 7.) Pourquoi Jacob indique à Joseph le lieu où il ensevelit Rachel sa mère.
— Jacob indique à son fils Joseph, comme s’il l’ignorait, le lieu et le temps où fut ensevelie sa mère ; à cette époque cependant Joseph était encore avec ses frères ; mais s’il était trop jeune pour s’occuper de ce