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cette circonstance, c’est parce qu’ils étaient les chefs et les auteurs de cette entreprise.
CIX. (Ib. 34, 30.) Nombre des personnes de la suite de Jacob.
— Jacob, redoutant la guerre avec les voisins de la ville de Salem, attaquée par ses fils, dit : « Nous ne sommes qu’en petit nombre, et ils se réuniront pour m’accabler. » S’il parle ainsi du petit nombre des siens ; c’est parce que la guerre pouvait lui venir de plusieurs points à la fois, et non parce qu’il n’avait pas assez de monde pour se rendre maître de la ville. N’avait-il point dans le voyage partagé les siens en deux troupes ?


CX. (Ib. 35, 1.) Apparitions de Dieu à Jacob.
– « Or Dieu dit à Jacob : Lève-toi et monte à Bethel, et demeure en cet endroit : et dresse là un autel au. Dieu qui t’apparut, lorsque tu fuyais devant ton frère Esaü. » Pourquoi Dieu ne dit-il pas : Dresse là un autel pour moi, qui t’apparus ? Pourquoi dit-il : « Dresse là un autel au Dieu qui t’apparut ? » Serait-ce le Fils qui se fit voir à Jacob et le Père qui tient ce langage ? Ou bien est-ce une manière quelconque de s’exprimer ?
CXI. (Ib. XXXV, 2) Amulettes des idoles.
– Sur le point de monter à Bethel, où un autel devait être dressé par ses soins, Jacob dit à sa maison et à tous ceux de sa suite : « Jetez loin de vous les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, etc. » Il est dit encore plus loin : « Et ils donnèrent à Jacob les dieux étrangers qui étaient entre leurs mains, et les pendants attachés à leurs oreilles. » On demande pour quoi : et les pendants d’oreilles ? S’ils servaient comme des ornements, ils n’avaient point de rapport à l’idolâtrie : ne faut-il donc pas croire que ces pendants étaient des amulettes des dieux étrangers ? L’Écriture dit en effet que Rébecca reçut des pendants d’oreilles du serviteur d’Abraham : ce qui n’eût pas eu lieu, s’il avait été défendu de porter des pendants-d’oreilles comme ornements. Les pendants d’oreilles qui furent apportés, comme on l’a dit, avec les idoles, étaient donc des amulettes des idoles.
CXII. (Ib. 35, 5.) Comment Dieu agit sur l’esprit des hommes.
– « Et la crainte de Dieu se répandit dans les villes d’alentour, et l’on ne poursuivit point les enfants d’Israël. » Remarquons, à partirde cet endroit, comment Dieu agit sur l’esprit des hommes. Car à qui attribuer la crainte de Dieu répandue sur ces villes, si ce n’est à celui qui se montrait fidèle à ses promesses envers Jacob et ses enfants ?
CXIII. (Ib. 35, 6.) Changement de noms.
– « Or, Jacob vint à Luza, qui est la même que Bethel, dans la terre de Chanaan. » Observons ici les trois noms déjà donnés à cette ville : Ulammaüs, le premier nom qu’elle portait, a-t-il été dit, lorsque Jacob y vint en se rendant en Mésopotamie[1] ; Bethel, nom qu’il lui donna lui-même[2] et qui signifie Maison de Dieu ; et enfin Luza, qu’on vient de rappeler. Ce fait ne doit pas étonner ; car il arrive dans beaucoup de pays, et pour des raisons différentes, que des fleuves, d’autres objets et les hommes eux-mêmes, ajoutent à leurs noms, ou en prennent de nouveaux.
CXIV. (Ib. 35, 9-10.) Sur le nom d’Israël donné à Jacob.
– Dieu apparut encore à Jacob, à Luza, et lui dit : « Tu ne seras plus nommé Jacob, mais Israël sera ton nom. » C’est pour la seconde fois que Dieu adresse ces paroles à Jacob en le bénissant, et c’est ainsi qu’il confirme.lagrande promesse attachée à ce nom. Voici un fait remarquable : ceux auxquels on a donné même une seule fois un nom nouveau ne portent plus leur ancien nom ; le nouveau qu’ils ont reçu est le seul absolument qui leur soit donné. Au contraire, et durant toute sa vie, et dans la suite, Jacob porta son premier nom, quoique Dieu lui ait dit à plusieurs reprises « Tu ne t’appelleras plus Jacob, mais Israël sera ton nom[3]. » Il s’ensuit donc que ce nom a rapport à la promesse que Dieu fait, de se montrer un jour autrement qu’il ne s’est fait voir aux Patriarches. Alors il n’y aura plus de noms anciens ; car tout sera renouvelé, même dans le corps ; et la vision de Dieu sera la – suprême récompense.
CXV. (Ib. 35, 11.) Que signifie : Des peuples.etdes multitudes de peuples ?
– Il est dit dans les promesses faites à Jacob : « Des peuples et des multitudes des peuples sortiront de toi. » Des peuples selon la chair, et des multitudes de peuples selon la foi : est-ce là le sens de ces expressions ? ou bien chacune d’elles a-t-elle rapport à la foi des gentils, dans le cas où le peuple d’Israël selon la chair ne pourrait, à lui seul, être désigné sous le nom de peuples ?
CXVI. (Ib. 35, 13-15.) Jacob imitait-il les idolâtres, en élevant des monuments ?
– « Dieu remonta du lieu où il s’était entretenu avec lui : « et Jacob éleva, dans le lieu où il avait parlé

  1. Gen. 28, 19
  2. Id. 35. 15
  3. Id. 32, 28