Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/399

Cette page n’a pas encore été corrigée

elle les desseins meurtriers d’Esaü ?
– Comment furent annoncées, ou rapportées à Rébecca les menaces de mort prononcées par Esaü contre son frère ? Il les faisait en lui-même, dit l’Écriture. N’est-ce pas une preuve que tout leur était alors révélé d’en haut ? La conduite de Rébecca, faisant bénir son plus jeune fils à la place de l’aîné, touche donc à un grand mystère.


LXXXII. (Ib. 28, 2.) Ils n’étaient pas ignorés d’Isaac.
– Les exemplaires latins portent qu’Isaac dit à son fils : « Va en Mésopotamie, dans la maison de Bathuel, père de ta mère et là prends une femme pour épouse. » Les exemplaires grecs ne disent pas : Va ; mais Fuis, car tel est le sens de ἀπόδραθι. On comprend de là qu’Isaac connut aussi ce que son fils Esaü disait de son frère en lui-même.
LXXXIII. (Ib. 28, 16-17.) Echelle de Jacob, figure du tabernacle.
– « Et Jacob se leva après son sommeil, et il dit : Le Seigneur est en ce lieu-ci et je ne le savais pas ; et il trembla et il dit : Que ce lieu est terrible ! C’est certainement la maison de Dieu, et c’est la porte du ciel. » Ces paroles renferment une prophétie, car là devait être le tabernacle, que le Seigneur fit dresser parmi les hommes au sein de son premier peuple. Il nous faut entendre par le mot porte du ciel, que le tabernacle est pour les hommes de foi comme une avenue qui les conduit au royaume des cieux.
LXXXIV. (Ib. XXVIII. 18.) Pierre de Jacob.
– Lorsque Jacob dressa la pierre qu’il avait mise sous sa tête, en fit un autel et l’arrosa d’huile, il n’imita en rien la conduite des idolâtres ; car ni dans ce temps-là, ni dans la suite, il ne visita cette Pierre pour l’adorer ou lui sacrifier ; mais ce fut le monument d’une prophétie, très significative relative à l’onction du Christ : aussi, le nom de Christ vient de Κρἰσμα, onction.
LXXXV. (Ib. 28, 19.) Maison de Dieu.
– « Et, Jacob appela cet endroit Maison de Dieu, et Ulammaüs était auparavant le nom de la ville. » Si l’on entend qu’il se soit endormi près de la ville, il n’y a point de difficulté à répondre ; mais si c’est dans la ville, il semble étonnant qu’il ait pu y ériger un monument. Quant au vœu qu’il émet, s’il est heureux dans l’aller et le retour, et à la promesse qu’il fait de donner la dîme à la maison de Dieu, qui devait s’élever en cet endroit, c’est l’annonce prophétique de la maison de Dieu, où, de retour, il offrit lui-même au Seigneur un sacrifice. Il n’appelle point cette pierre Dieu, mais Maison de Dieu, pour signifier que là devait être un jour une maison consacrée au Seigneur.


LXXXVI. (Ib. 29, 10.) Il faut suppléer ce que l’Écriture ne dit point.
– Rachel vint avec les brebis de son père, et, dit l’Écriture, Jacob ayant vu Rachel, fille de Laban, frère de sa mère, s’approcha et ôta la pierre de l’ouverture du puits. Ici plutôt que de soulever aucune question il vaut mieux observer que l’Écriture omet quelque chose que nos intelligences doivent suppléer. On comprend en effet que Jacob demanda à ceux avec qui il s’entretenait d’abord, quelle était celle qui venait avec ses brebis et qu’ils répondirent que c’était la fille de Laban. Jacob évidemment ne la connaissait pas ; mais l’Écriture, en passant sous silence la demande de l’un et la réponse des autres, a voulu que nous les suppléions.
LXXXVII. (Ib. 29, 11-12.) Sur le baiser que Jacob donne à Rachel.
— Il est écrit : « Jacob baisa Rachel, et élevant la voix il pleura ; et il lui dit qu’il était son frère et qu’il était fils de Rébecca. » C’était la coutume, surtout dans la belle simplicité des temps anciens, de se baiser entre parents et parentes, et aujourd’hui encore cet usage se pratique dans beaucoup de pays. Mais on peut demander comment Rachel accepte le baiser d’un inconnu, puisque Jacob ne lui révéla sa parenté qu’après l’avoir embrassée. Il faut donc recourir à une de ces deux hypothèses : ou que Jacob, sachant déjà qui elle était, se précipita à son cou avec confiance, ou que revenant sur ses pas, l’Écriture raconte, après, ce qui était déjà fait, je veux dire, que Jacob s’était déjà fait connaître à elle. Ainsi la même Écriture rapporte comment Dieu forma le paradis, après avoir dit que Dieu le planta et y plaça l’homme qu’il venait de créer. Il y a une foule d’autres traits qui évidera.mentne sont point rapportés dans l’ordre où ils se sont accomplis.
LXXXVIII. (Ib. 29, 20.) Comment Jacob trouvait court le temps de son service pour Rachel.
– Il est écrit : « Et Jacob servit sept ans pour Rachel et ce temps lui paraissait court, par« ce qu’il l’aimait. » Comment l’Écriture fait-elle cette réflexion, puisque d’ordinaire les amants trouvent plutôt long le temps qui est de peu de durée ? C’est donc pour signifier que l’amour rendait légères et supportables à Jacob les fatigues de son service.
LXXXIX. (Ib. XXIX. 27-31.) Quand Jacob épousa-t-il Rachel ?
– Si l’on met peu d’attention dans la lecture de ce trait on pensera qu’après avoir épousé