Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/384

Cette page n’a pas encore été corrigée

tant grecs que latins, ne portent pas anges, mais fils de Dieu; et quelques commentateurs – ont cru, pour résoudre la difficulté, qu’il est question ici des hommes vertueux. Ils ont pu effectivement être appelés des anges : n’est-il pas écrit de Jean, qui pourtant était un homme : « Voici que j’envoie mon ange devant moi pour préparer ton chemin[1]. » Ce qui préoccupe, c’est de savoir comment les géants ont dû leur naissance à des hommes ; ou bien, s’il est ici question des anges, et non des hommes, comment ces anges ont pu avoir commerce avec des femmes ? Je ne vois pas, en vérité, que ce soit une merveille que des géants, c’est-à-dire des hommes d’une taille et d’une force extraordinaires, aient dû leur naissance à des hommes : il y en eut de semblables, même après le déluge, et aujourd’hui encore on trouve des hommes, et même des femmes, dont la haute stature tient du prodige. Il est donc plus rationnel de croire que les hommes justes, désignés sous le nom d’Anges ou de fils de Dieu, ont cédé à l’attrait de la concupiscence, et péché avec des femmes, que de croire les anges, spirituels par nature, capables de descendre jusqu’à cette ignominie : tout ce qu’on dit de la propension de certains démons à tourmenter les femmes, ne laisse pas cependant que de rendre difficile une définition sur cette matière.
IV. (Ib. 6, 15.) On demande aussi comment, avec ses dimensions telles qu’elles sont décrites, l’arche de Noé put contenir tous les animaux qui y sont entrés, et leur nourriture.
— Origène résout cette question parle moyen de la coudée géométrique. Ce n’est pas en vain, dit-il, que l’Écriture nous représente Moïse comme ayant été instruit dans toute la sagesse des Égyptiens[2], qui cultivaient la géométrie. La coudée géométrique, selon lui, équivaut à six de nos coudées. Or, en prenant cette grande mesure pour base de notre calcul, il ne faut plus demander si l’arche fut d’une capacité suffisante pour contenir tout cela.
V. (Ib. 6, 15.) Comment une arche de dimensions si considérables a-t-elle pu être construite, dans l’espace d’un siècle, par quatre hommes, c’est-à-dire, par Noé et ses trois fils ?- Si ce travail était au-dessus de leurs forces, il ne leur était pas difficile d’employer d’autres ouvriers. Ceux-ci, tout en recevant leur salaire, ne se seront pas inquiétés si l’entreprise de Noé était sage ou insensée, et ne seront pas entrés dans l’arche, parce qu’ils m’auront pas partagé la foi de ce patriarche.
VI. (Ib. 6, 16.) Que signifie cette parole relative à la fabrication de l’arche : « Tu y feras un bas étage, et une seconde voûte » ? – Le bas étage ne devait pas recevoir deux et trois voûtes. En se servant de cette distinction, Dieu a voulu faire entendre que l’arche tout entière devait avoir un local inférieur ; puis, au-dessus, un étage, qu’il appelle une seconde voûte ; plus haut enfin, un autre étage, ou une troisième voûte. Ainsi, dans la première habitation, Je veux dire, dans la partie inférieure, l’arche avait une première voûte ; dans la seconde habitation, qui se trouvait au-dessus de la première, elle était également voûtée ; aussi l’était-elle encore et une troisième fois dans la troisième habitation, qui s’élevait au-dessus de la seconde.


VII. (Ib. 6, 21.) Dieu dit que les animaux devaient non seulement vivre, mais encore se nourrir dans l’arche, et il donna ordre à Noé de prendre toute espèce de nourriture pour lui et tous les animaux qui devaient l’accompagner.Comment donc les lions et les aigles qui vivent de chair, ont-ils pu s’y nourrir ? Outre le nombre d’animaux déterminé, en a-t-on introduit dans l’arche pour servir de nourriture à d’autres. Ou bien, ce qui est plus probable, faut-il se persuader que la sagesse humaine ou la lumière divine avait fait préparer pour ces animaux des aliments autres que de la chair et cependant convenables ?


VIII. (Ib. 7, 8-9.) Nombre inégal des animaux purs et impurs.
– « Les oiseaux purs et les oiseaux impurs, les animaux purs et les animaux impurs avec tout ce qui rampe sur la terre » sans doute, pur et impur, quoique cela ne soit pas exprimé dans l’Écriture, « entrèrent « dans l’arche avec Noé, deux à deux, mâle et femelle. » Pour distinguer les animaux impurs on disait d’eux précédemment : deux à deux ; pourquoi est-il rapporté ici indistinctement des animaux purs et des animaux impurs qu’ils sont entrés deux à deux dans l’arche ? C’est que ceci n’a point rapport à la quantité, mais au sexe des animaux : dans toutes les espèces pures ou impures, il y a mâle et femelle.
IX. (Ib. 7, 15.) Que signifie : Esprit de vie ?
– Il faut remarquer que cette parole : « en qui est « l’esprit de vie » s’applique non seulement aux hommes, mais encore aux animaux. C’est que plusieurs entendent de l’Esprit-Saint le passage suivant : « Et Dieu répandit sur son visage l’Esprit de

  1. Mal. 3, 1
  2. Act. 7, 22