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elle n’a encore commis aucune faute personnelle, peut être justifiée par l’obéissance d’un seul homme, si elle n’est pas coupable par la désobéissance d’un seul. Tel est le raisonnement de ceux qui prétendent que les âmes sont produites par celles des parents, bien qu’elles n’aient, comme les corps eux-mêmes, d’autre créateur que Dieu ; car ce serait une erreur de croire que les parents puissent produire même le corps sans le concours de Celui qui adit.« Je t’ai connu avant de te former dans le sein de ta mère [1]. »
24. Voici comment on leur répond. Dieu crée et donne successivement aux hommes des âmes nouvelles, afin qu’en vivant bien dans cette chair de péché issue du péché originel, et qu’en domptant la concupiscence de la chair sous l’influence de la grâce, elles acquièrent des mérites qui leur vaudront de passer à un état plus parfait avec le corps même au temps de la résurrection, et de vivre éternellement en Jésus-Christ dans la société des Anges. Mais comme l’âme est associée par une mystérieuse union à des organes de boue, périssables, ayant pour ainsi dire leur racine dans la chair du péché, il faut, pour qu’elle puisse les vivifier d’abord et les gouverner ensuite avec le temps, qu’elle soit plongée en quelque sorte dans l’oubli. Si elle était incapable de sortir de ce désordre, on pourrait alors s’en prendre au Créateur : mais puisqu’elle est capable de secouer cette torpeur, de sentir son oubli et de revenir à son Dieu ; puisqu’elle peut, dis-je, mériter les dons de sa miséricorde et de sa vérité, d’abord par une pieuse conversion, ensuite par la fidélité persévérante à garder ses commandements ; qui l’empêcherait de sortir peu à peu de son sommeil, de s’éveiller à la lumière intellectuelle, fin de la créature raisonnable, et de choisir la vie du bien par l’effort d’une bonne volonté ? Cet effort toutefois est au-dessus d’elle, sans le secours de la grâce de Dieu par l’entremise du Médiateur. Si l’homme néglige ces devoirs, il sera un autre Adam en chair comme en âme ; sil les accomplit, il n’aura plus d’Adam que la chair ; en vivant selon la loi de l’esprit, il purifiera des souillures du péché la chair coupable qui lui est venue d’Adam, et méritera de recouvrer un corps pur en passant par la transformation que la résurrection fait attendre aux saints.
25. En attendant que l’âme puisse avec l’âge vivre de la vie de l’esprit ; elle doit nécessairement recevoir le sacrement du Médiateur, afin qu’elle doive à la foi de ceux qui l’aiment l’affranchissement qu’elle ne peut obtenir par la sienne. Car ce sacrement a la vertu de remettre la peine du péché originel même dans L’âge le plus tendre : sans ce secours, on ne saurait dompter dans la jeunesse la concupiscence de la chair ; la chair elle-même domptée, on ne saurait entrer en possession de la vie éternelle, sans la grâce de Celui qu’on s’est appliqué à mériter. Le baptême est donc indispensable à tout nouveau-né vivant, pour arracher l’âme à la contagion de la chair de péché, laquelle ne peut rester en communication avec l’âme de l’enfant sans la rendre incapable de toute affection spirituelle. La faute originelle pèse sur l’âme même après la mort, à moins qu’elle ne l’ait expiée avant d’être sortie des liens du corps par la vertu du sacrifice unique du véritable prêtre, le sacrifice du Médiateur.

CHAPITRE XV. MÊME SUJET.


26. Et qu’arrivera-t-il, dira-t-on, si les parents par incrédulité ou par indifférence, négligent d’accomplir ce devoir ? On pourrait en dire autant des personnes plus âgées ; car, elles peuvent mourir subitement ou tomber malades chez des gens qui ne leur offriraient aucun moyen de recevoir le baptême. Or, ajoute-t-on, ces personnes ont de plus des fautes personnelles à expier, et, à moins d’en recevoir le pardon, il sera de toute justice qu’elles soient punies des fautes dont elles se seront volontairement rendues coupables en cette vie ; quant à l’âme d’un enfant, à qui on ne saurait reprocher d’avoir contracté les souillures de la chair de péché, si on ne veut pas admettre qu’elle sorte de la première âme qui ait péché ; comme ce n’est point sa faute, mais la nature et Dieu même qui l’ont unie au corps, pourquoi serait-elle exclue de la vie éternelle, quand l’enfant n’a point trouvé de main secourable pour le faire baptiser ? Dirait-on qu’il n’en résultera pour elle rien de fâcheux ? À quoi donc servirait de recevoir cette grâce, s’il n’y a aucun inconvénient à en être privé ?
27. Quelle réponse peuvent faire ceux qui prétendent que les enfants reçoivent une âme nouvelle, qu’elle n’a point été produite par celle des parents, et qu’on cherche à appuyer cette thèse

  1. Jer. 1, 6