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des êtres qui se firent en lui et avec lui, quand le jour fut fait ; j’entends par là non seulement le ciel avec le soleil, la lune, les astres qui exécutent leurs mouvements de rotation en restant toujours les mêmes, non seulement la terre avec les abîmes qui, soumis à de brusques révolutions, forment la région inférieure et comme la seconde partie de l’univers, mais encore tous les êtres que la terre produisit virtuellement et en puissance, avant qu’ils naquissent, dans la suite des temps, en l’état où nous les voyons successivement apparaître à nos regards parmi les œuvres que Dieu accomplit encore aujourd’hui.
46. « C’est donc là le livre des origines du ciel et de la terre, quand Dieu fit le jour et qu’il fit le, ciel et la terre, toute la verdure des champs, avant qu’elle existât sur la terre, et toute l’herbe des champs, avant qu’elle poussât. » Il n’agit point alors, comme aujourd’hui, avec le concours de la pluie et du travail des hommes, puisque « Dieu n’avait point encore fait tomber « la pluie sur la terre et qu’il n’existait pas d’homme pour la cultiver » comme ajoute l’Écriture. Il créa tout ensemble et acheva son ouvrage en six jours, en faisant apparaître six fois, devant le jour qu’il avait fait, les êtres créés, non par une révolution de temps, mais par un enchaînement logique de cause à effet. Il se reposa de ses œuvres le septième jour, et daigna révéler son repos et en faire un sujet d’allégresse : ainsi ce n’est point à propos d’un de ses ouvrages, mais de son repos même qu’il bénit et sanctifia le jour. Dès lors, sans créer aucun être, il gouverne et met en mouvement par sa Providence tout ce qu’il a fait du même coup : son activité est permanente, il se repose et agit tout ensemble, comme nous l’avons exposé. Quant aux dernières œuvres qu’il fait encore aujourd’hui et dont la suite doit se développer selon la marche du temps, l’Écriture en marque le début dans ce passage : « Une source jaillissait de la terre et en arrosait toute la surface. » Comme nous avons exposé nos idées sur ce sujet, il nous reste à poursuivre notre commentaire en ouvrant de nouvelles considérations.

LIVRE VI. LE CORPS HUMAIN

CHAPITRE PREMIER. LES MOTS : « DIEU FORMA L’HOMME DU LIMON DE LA TERRE » ONT-ILS TRAIT A LA FORMATION PRIMITIVE DE L’HOMME LE SIXIÈME JOUR, OU BIEN INDIQUENT-ILS UNE FORMATION POSTÉRIEURE ET SUCCESSIVE.


\v 7 1. « Et Dieu fit l’homme du limon de la terre, et il souffla sur sa face un souffle de vie, et l’homme devint une âme vivante[1] » La première question qui se présente est de voir si l’Écriture reprend son récit, pour expliquer, la formation de l’homme dont elle a raconté la création au sixième jour, ou si Dieu ne fit pas l’homme en principe, quand il créa tout à la fois, comme il fit l’herbe de la terre avant qu’elle eût poussé : dans ce cas, l’homme fait comme en germe dans les profondeurs de la nature, ainsi que, tous les êtres créés ensemble à l’instant où naquit le jour, aurait pris avec le temps ces formes sous lesquelles aujourd’hui il passe sa vie dans la pratique du bien ou du mal, de la même façon que l’herbe, faite avant d’avoir poussé sur là terre, se développa avec le temps et sous l’influence des eaux de la source.
2. Discutons d’abord la première hypothèse. Il serait possible que l’homme eût été fait le sixième jour, suivant la même loi que le jour primitif, le firmament, la terre et la mer. On ne saurait dire en effet que ces ouvrages étaient formés en puissance dans quelque création primordiale, et que s’étant développés avec le temps, ils sont apparus pour composer l’édifice de l’univers :

  1. Gen. 2, 7