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marins, les couleuvres, les colimaçons ne sont plus des animaux terrestres : car les premiers appartiennent à la classe des quadrupèdes, et les seconds, bien qu’ils n’aient pas de pattes, se reposent sur la terre, que dis-je ?ilsla quittent peu ou jamais. Les dragons, quoique dépourvus de pieds, se reposent, dit-on, dans les cavernes, ou même s’élèvent dans l’air. Ce sont des animaux difficiles à observer, sans doute, mais ils ne sont inconnus ni dans les lettres profanes ni dans l’Écriture.

CHAPITRE X. ON PEUT ACCORDER QUE LES DÉMONS HABITENT L’AIR, SANS CONTREDIRE LE RÉCIT OU L’ÉCRITURE NOUS RÉVÈLE QUE LES POISSONS SONT SORTIS DES EAUX. DES MÉTÉORES.


14. Les démons habitent l’air, dit-on, et sont doués d’un corps aérien ; par conséquent, ils ne sont jamais décomposés parla mort ; car l’élément qui domine dans leur organisation, est plus actif que passif. L’eau et la terre sont au-dessous d’eux, et le feu pur du ciel étoilé s’élève au-dessus de leur tête. J’entends par éléments passifs, ou susceptibles de subir des modifications, la terre et l’eau, par éléments actifs l’air et le feu. Cette opinion n’est point contraire au passage dans lequel l’Écriture révèle que les «  animaux qui volent » sont tirés des eaux, sans qu’il soit question de l’air, puisque le domaine assigné aux oiseaux est formé d’eau à l’état de vapeurs légères et subtiles. Or, l’air s’étend des limites du ciel étoilé à la surface des eaux et de la terre ferme. Les vapeurs, loin de l’obscurcir dans toute son étendue, s’arrêtent aux limites où commence la terre, selon l’expression du Psalmiste : « Louez le Seigneur sur la terre[1]. » Quant à la région supérieure de l’air, le calme qui y règne la confond dans la même tranquillité avec le ciel et lui vaut le même nom. Si donc les anges rebelles, avant leur faute, occupaient ce séjour paisible avec l’Archange, leur chef, aujourd’hui Satan, et s’ils ne faisaient partie ni de la cour céleste ni des chœurs par de là les cieux, comme le prétendent certains docteurs, on ne doit pas s’étonner qu’ils aient été précipités dans cette atmosphère : car l’air y domine encore, puisqu’elle se compose d’un mélange de vapeurs et d’air qui, par son agitation, produit le vent, par ses ébranlements, les éclairs et le tonnerre, par sa condensation, les nuages et la pluie, par le refroidissement des nuages, la neige et la grêle, par son épanouissement, la sérénité, selon les ordres et la puissance de Dieu, lequel, après avoir créé le monde, le gouverne dans toute son étendue. Aussi le Psalmiste après avoir énuméré tous ces phénomènes, ajoute « qu’ils obéissent à la « parole de Dieu » afin qu’on ne s’imagine pas que la providence divine est étrangère à leur production[2].
15. Si au contraire les anges rebelles avaient un corps céleste, avant leur péché, on ne sera pas surpris qu’ils l’aient échangé pour une enveloppe d’air, afin de pouvoir être tourmentés par le feu, l’élément de la région supérieure. Dieu leur a permis d’occuper, non la partie pure et élevée de l’air, mais l’atmosphère : c’est leur prison en attendant le jour du jugement. D’autres passages de l’Écriture nous donneront occasion de parler plus à fond des anges prévaricateurs. Bornons donc ici nos réflexions et concluons que, si l’atmosphère, grâce à l’air qui s’étend jusqu’à la surface de la terre et des eaux, est assez lourde pour porter les substances aériformes, elle peut aussi soutenir les oiseaux sortis de l’eau, grâce aux vapeurs : on sait en effet que ces exhalaisons se mêlent à l’air le plus voisin de la terre et des eaux et composent ces nuages qui se distillent en douce rosée dans les nuits fraîches et tombent sous la forme de givres par un froid plus intense.

CHAPITRE XI. DES DIVERSES ESPÈCES D’ANIMAUX CRÉÉS DE LA TERRE[3].


16. « Et Dieu dit : Que la terre produise des animaux vivants selon leur espèce, quadrupèdes, reptiles, bêtes de la terre selon leur espèce, animaux domestiques selon leur espèce. « Et cela se fit. Dieu fit donc les bêtes de la terre, selon leur espèce, les animaux domestiques selon leur espèce, et tous les reptiles de la terre selon leur espèce. Et Dieu vit que cela était bon. » Il était dans l’ordre de peupler à ce montent la seconde partie de cette basse région dans laquelle l’Écriture comprend sous le nom de terre l’atmosphère et tous les abîmes, en d’autres termes, la terre proprement dite. On reconnaît bien les espèces d’animaux que la terre produisit par l’ordre de Dieu. Cependant, comme on désigne souvent les animaux sous le nom

  1. Ps. 148, 7
  2. Ps. 148, 8
  3. Gen. 1, 24-25