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Mais quand une fraction de pied forme la fin, c’est à la fin qu’on complète le pied par un silence, comme dans ce mètre :

Ite igitur, camœenae, ou quelquefois au milieu, comme dans cet autre mètre

Ver blandum viget arvis, adest hospes hirundo[1].

Le temps complémentaire du bacchius peut se placer soit après le mètre tout entier, soit après le molosse qui le commence, soit après (ionique mineur qui vient en second lieu. Quant au silence que des fractions de pieds exigent par hasard au milieu, il ne peut être qu’en cet endroit même : exemple.

Tuba terribilem sonitum dedit aere curvo[2].

Si nous battons la mesure de façon que le premier pied soit un anapeste, le second un ionique quelconque de cinq syllabes, en décomposant en deux brèves la longue, soit au commencement soit à la fin, le troisième un choriambe, le dernier un bacchius ; il faudra ajouter un silence de trois temps, l’un au bacchius final, les deux autres à l’anapeste, afin d’avoir partout des pieds de six temps. Or, ce silence de trois temps peut se mettre tout entier à la fin. Mais si tu commences par un pied complet et que tu fasses des cinq premières syllabes un ionique quelconque, tu trouveras ensuite un choriambe qui ne sera suivi d’aucun pied complet : il faudra donc ici observer un silence, équivalent d’une longue ; ce silence compté, tu auras un nouveau choriambe complet. Le bacchius restera pour clore le mètre, en y ajoutant un silence d’un temps.

27. Par là, il est clair, ce me semble, que, lorsqu’un silence est placé dans l’intérieur du mètre, ou l’on complète les temps qui manquent, à la fin, ou l’on complète ceux qui manquent, à l’endroit même où doit se placer le silence. Parfois il n’est pas nécessaire d’ajouter un silence dans l’intérieur dû mètre, ce qui a lieu, lorsque le mètre peut se mesurer par un autre battement, comme dans le dernier exemple. Parfois aussi c’est nécessaire, comme dans ce mètre

Vernat temperies, aurae tepent, sunt deliciae[3].

Car il est évident que ce mètre marche par pieds de quatre ou de six temps. Si l’on prend les pieds de quatre temps, il faut ajouter un silence après la huitième syllabe et deux à la fin : on mesurera au premier pied, un spondée, au second, un dactyle, au troisième, un spondée, au quatrième, un dactyle, en ajoutant à la longue un silence d’un temps ; car on ne peut l’ajouter à la brève ; au cinquième pied, un spondée, au sixième, un dactyle, enfui, une longue qui finit le mètre et après laquelle il faut compter un silence de deux temps : Mais si nous procédons par pieds de six temps, le premier sera un molosse, le second un ionique mineur, le troisième un crétique qui se change en ditrochée, avec un silence d’un temps, le quatrième un ionique majeur suivi d’une longue que l’on complétera par un silence de quatre temps. En adoptant un autre système, on pourrait placer une longue au commencement, la faire suivre immédiatement d’un ionique majeur, ce qui forme un molosse, puis d’un bacchius qui se changerait en antispaste, avec un silence complémentaire d’un temps : un choriambe terminerait le mètre, et l’on compléterait la longue du commencement par un silence de quatre temps à la fin. Mais l’oreille rejette cette mesure pour cette raison : la fraction de pied, placée au commencement, à moins d’être plus grande que la demie, n’est pas régulièrement complétée par le silence de la fin, après un pied complet, à l’endroit où elle doit l’être. Avec les autres pieds, à la bonne heure ; nous savons quel complément attendre. Mais l’oreille ne saurait comprendre un silence d’une pareille durée, que dans le cas où l’on représenterait par le silence une durée moindre que le son réel : en effet lorsque l’on a marqué par des sons la partie la plus considérable du pied, la fraction moindre qui reste se découvre aisément partout.

28. Ainsi donc le mètre dont nous avons cité cet exemple

Vernat temperies, aurae tepent, sunt deliciae, admet une mesure nécessaire, laquelle, comme nous l’avons dit, consiste à ajouter un silence d’un temps après la dixième syllabe et quatre à la fin : mais il admet aussi une mesure volontaire, laquelle consiste à mettre volontairement un silence de deux temps après la sixième syllabe ; après la onzième, un silence d’un temps ; et à la fin, un silence de deux

  1. Les charmes du printemps se font sentir dans les campagnes, l’hirondelle accourt nous demander l’hospitalité.
  2. La trompette fait retentir avec l’airain recourbé un son terrible.
  3. La température se renouvelle ; les brises sont tièdes : c’est la vison du plaisir.