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LIVRE DEUXIÈME.


et exige un moment si court qu'il soit. — UE. Cela est iiéccfs lire. — Le M. l'ar où poiirrions- nous conimeiKuM- à compter? — L'E. Eli I |).ir un. — Le 31. On fient ilouc, sans jnc<in".éniei)t, appeler aMC les unciciis vn tiinps, la durée que remplit une syllabe brève : car nous allons de la brève à la longue. — LE. C'est vrai. — Le M. Celle observation en amène une autre : Si dans les nombres la première pro- gression est de à 2, dans les syllabes où l'on va de la brève à la longue, la longue doit com- prendre deux temps; par conséquent, si la durée que comprend une brève est bien dési- gnée par un temps, celle que comprend une longue sera fort bien exprimée par deux temps. — Le. a merveille! Rien de plus conforme à la raison, je l'avoue.


CHAPITRE IV.
des pieds de deux syllabes.

4. Le M. Passons maintenant aux rapports des temps. Quel rapport y a-t-il entre deux brèves, ou de (juel nom faut-il appeler ces mouvements ? Tu te souviens sans doute que, dans notre premier entretien, nous avons donné des noms spéciaux à tous les mouvements qui ont entre eux des rapports numériques. — LE. Je me rappelle que nous les avons nomtnés égaux ; car ils ont la même durée. — Le M. Et ce rappoi t qui permet de comparer les syllabes entre elles et de les représenter par des nombres, crois-tu qu’il ne faille pas lui donner un nom ? — L’E. Il le faut. — Le M. Saclie donc qu’un pareil rapport entre les sons a reçu des anciens le nom de pied. Jus(|u’à <piille limite le jiied peut-il s’accroîtic ? Voilà ce ipii doit être l’objet d’un examen attentif. Dis-moi donc en Vertu de quel ra|iport on coiiibine une brève avec une longm ? — LE. (À’tle combinaison se fait, je pen !^en suivant le rapjiort des nombres (|ue nous avons nonuués conq)li(|nés : j’y vois, en ellet, un rapport de 1 a 2, en d’aulics termes, d’un temps d’ime syllabe brève aux deux temps d’iuie syllabe longue. — Le M. Et si 01) les (bspo.^ait de manière à prononcer la longue d’aboril et la bieve ensuili ? L’ordre étant interverti, s’ensuit il (|ne le rapport, représenté par les nombres conqiliiiués, ail varié ? Dans le premier cas en ellèt, on |>asse du simple au double^ dans le second, du double au simple. — L’E. C’est vrai. — Le M. Dans un jiicil de deux syllabes longues, ne compare ton pas deux temps à deux temps ? — L’E. Oui sans doute. — Ae M. Et à quelle es|)èce de nombres se rap|)orle cette combinaison ? — LE. À ceux que nous avons appelés égaux. — Ae il/. Allons, dis-moi à présent combien de pieds avons-nous trouvés, en coimneneant par deux brèves pour finir par deux longues ? — L’E. Quatre. Car nous avons trouvé d’abord une combinaison de deux brèves, [mis d’une *" brève et d’une longue, d’une longue et d’une brève, enfin de deux longues. — Le M. Pentil y avoir plus de quatre [lieds lorsqu’on ne rapjiroche que deux syllabes ? — L’E. En aucune façon : car dans la mesure eommune des syllabes, une brève vaut un temiis, une longue deux temps ; de iilus, toute syllabe est longue ou brève. Comment donc deux syllabes pourraient-elles être en rapjiort et se combiner entre elles sans un mélange de deux brèves, d’une brève et d’une longue, d’une longue et d’une brève, ou enfin de deux longues ! — Le M. Nouvelle question : De combien de temps se compose le plus petit pied de deux syllabes ; de combien le plus grand ? — L’E, Le iiremier, de deux ; le second, de ijualre. — Le M. Ne vois-tu pas que, soit dans les jiieds, soit dans les temps, la progression n’a pu dépasser le quaternaire ? — LE. Je le vois bien : Cela me rappelle la loi de progression dans les nombres et je remariiue, avec grand plaisir, qu’elle est la même dans les sons. — Le M. Si donc les pieds se composent de syllabes, en d’autres teimes, de mouvements distincts et pour ainsi dire articulés dans les sons, et que d’ailleurs la durée des syllabes soit marquée par des tem|»s, ne comprends-tu pas dès lors que le pied doit s’accroître jusqu’à quatre syllabes, d’ajirès la progression même (pie suixent, coninie tu le vois, et les jiieds et les temps ? — LE. Je compremls ce que tu dis : ton raisonnement me semble d’une justesse pai laite, et je réclame la suite comme une dette.


CHAPITRE V.
des pieds de trois syllabes.

5. Le M. Voyons d’abord, en procédant avec ordre, quel est le nombre de pieds de trois syllabes, comme nous venons de le faire pour