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donné ordre que cette lettre ne vous soit lue que quand ceux à qui vous êtes nécessaire vous tiendront. Car nous vous tenons déjà par le lien de l’amour spirituel, parce que vous êtes très-nécessaire à notre collège épiscopal. Vous saurez, plus tard, pourquoi nous ne sommes pas allé vers vous.

LETTRE LXX.

(À la fin de l’année 389.)
On oppose aux donatistes leur propre conduite.
ALYPE ET AUGUSTIN À LEUR TRÈS-CHER ET HONORABLE SEIGNEUR ET FRÈRE NOCELLION.

1. Après que vous nous avez rapporté la réponse de votre père Clarentius au sujet de Félicien, évêque de Musti, qu’il avouait avoir été condamné par les donatistes et puis reçu parmi eux dans sa dignité, mais condamné injustement puisqu’il était absent et prouva son absence, nous vous disons, et que Clarentius y réponde, qu’il n’était pas permis de condamner, sans l’avoir entendu, cet évêque réputé innocent par ceux-là même qui l’ont condamné. Innocent, il n’aurait pas dû être condamné, coupable il n’aurait pas dû être rétabli. S’il a été reçu parce qu’il était innocent, il était innocent lorsqu’on l’a condamné ; et s’il était coupable lorsqu’on l’a condamné, il était également coupable lorsqu’on l’a rétabli. Si ceux qui l’ont condamné ignoraient son innocence, ils furent bien téméraires d’oser condamner, sans l’entendre, un innocent qu’ils ne connaissaient pas, et nous comprenons ainsi avec quelle témérité furent jugés précédemment ceux à qui ils imputèrent le crime d’avoir livré les saintes Écritures. S’ils ont pu condamner un innocent, ils ont pu de même appeler traditeurs ceux qui ne l’étaient pas.

2. De plus, ce même Félicien, après sa condamnation, est resté longtemps en communion avec Maximien ; s’il était innocent quand on l’a condamné, pourquoi, communiquant avec un homme aussi souillé que Maximien, a-t-il plusieurs fois conféré le baptême hors de la communion des donatistes ? Ils en sont eux-mêmes témoins, eux qui agirent auprès du proconsul pour expulser de son Église Félicien, comme faisant cause commune avec Maximien. C’était peu d’avoir condamné un absent, d’avoir condamné sans entendre, d’avoir condamné, comme ils disent, un innocent ; il fallait de plus solliciter l’intervention du proconsul pour le chasser de l’Église. Lorsqu’ils le poursuivaient de la sorte, ils avouent au moins qu’ils le comptaient parmi les condamnés, parmi les pervers, parmi les maximianistes enfin. Et quand il baptisait, en communiquant avec Maximien, conférait-il un baptême vrai ou faux ? Si en communiquant avec Maximien il donnait le vrai baptême, pourquoi accuser le baptême de toute la terre ? et s’il donnait un faux baptême lorsqu’il était en communion avec Maximien, pourquoi a-t-on reçu avec lui ceux qu’il a baptisés dans le schisme de Maximien, et pourquoi personne d’entre vous ne les a-t-il rebaptisés ?

LETTRE LXXI.[1]

(Année 407)
Sur les traductions de saint Jérôme. – Tumulte dans une église catholique à l’occasion d’un passage de l’Écriture dont la traduction différait du sens accoutumé.
AUGUSTIN À SON VÉNÉRABLE SEIGNEUR JÉRÔME, SON DÉSIRABLE ET SAINT FRÈRE ET COLLÈGUE DANS LE SACERDOCE, SALUT DANS LE SEIGNEUR.

1. Depuis que j’ai commencé à vous écrire et à désirer que vous m’écriviez, jamais il ne s’est offert à moi une meilleure occasion que celle de mon très-cher fils le diacre Cyprien, serviteur de Dieu, et son très-fidèle ministre, qui vous portera cette lettre. J’espère si fort recevoir par lui une lettre de vous, que je ne puis en chose pareille rien espérer de plus certain. Il ne lui manquera ni le zèle pour solliciter une réponse, ni la grâce pour l’obtenir, ni le soin pour la conserver, ni la promptitude pour la rapporter, ni l’exactitude pour la remettre : seulement, si je la mérite de quelque manière, que le Seigneur soit dans votre cœur comme dans mon désir, et qu’il fasse que votre fraternelle volonté ne soit empêchée par nulle autre volonté plus impérieuse.

2. Les deux lettres que je vous ai envoyées étant restées sans réponse, je crains qu’elles ne vous soient point parvenues et je vous en transmets une copie. Quand même elles seraient arrivées jusqu’à vous et que par hasard votre réponse n’aurait pas pu arriver encore jusqu’à moi, envoyez-moi une seconde fois ce que vous m’auriez déjà envoyé, si tant est que vous en

  1. Voir aussi les lettres dans les œuvres complètes de Saint Jérôme.