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ŒUVRES
DE SAINT AUGUSTIN.


LETTRES DE SAINT AUGUSTIN.

DEUXIÈME SÉRIE.


LETTRES ÉCRITES PAR SAINT AUGUSTIN DEPUIS SA PROMOTION A L’ÉPISCOPAT, EN 396, JUSQU’À LA CONFÉRENCE DE CARTHAGE, EN 410.

LETTRE XXXI.

((Année 396.)

On trouvera ici, au milieu de traits fins et délicats, des traces trop visibles d’une littérature en décadence ; saint Augustin reçoit de son temps ce qui a cessé d’être le bon goût ; mais ce qui part du cœur n’appartient qu’à lui seul. La conversion de saint Paulin avait beaucoup retenti en Italie, dans les Gaules et en Afrique ; saint Augustin désire que le prêtre de Nole fasse une apparition dans les contrées africaines pour leur édification.

AUGUSTIN À SES TRÈS-CHERS SEIGNEURS ET FRÈRES PAULIN ET THÉRASIE, TOUS DEUX VRAIMENT SAINTS, VRAIMENT BIENHEUREUX ET ÉMINENTS PAR L’ABONDANCE DES GRÂCES DE DIEU, SALUT DANS LE SEIGNEUR.

1. Tandis que, pour tromper l’absence et me trouver avec vous, je souhaitais que vous eussiez reçu au plus tôt ma réponse à votre première lettre (si toutefois il est possible de vous répondre), des retards m’ont valu le bénéfice d’une seconde lettre de vous. Que le Seigneur est bon de ne pas nous accorder souvent ce que nous voulons, pour nous accorder ce que nous aimons mieux ! car vous m’écrirez autre chose, après avoir reçu ma lettre, que ce que vous m’avez écrit avant de l’avoir reçue. Je vous ai lus avec grande joie, et cette joie m’eût manqué si, comme je le souhaitais et comme je l’aurais voulu, ma réponse fût promptement parvenue à votre sainteté. Maintenant, me voilà avec un double plaisir, celui de tenir ce que vous m’avez écrit, et celui d’espérer encore une autre lettre. Ainsi, sans que le retard puisse m’être imputé à faute, la libérale bonté du Seigneur a fait ce qu’elle a jugé le meilleur selon mon désir.

2. Nous avons reçu avec grande allégresse dans le Seigneur les saints frères Romain et Agile, comme une seconde lettre de vous, mais une lettre qui entend et qui répond, qui nous apporte quelque chose de votre douce présente, mais qui redouble en nous le vif désir de vous voir. Nous avons appris de leur bouche plus de choses sur vous que vous n’auriez jamais pu nous en dire dans des lettres, et que nous n’aurions jamais pu vous en demander. Et (ce qu’aucun papier ne retrace) il y avait dans leurs récits une telle joie, que sur leur visage et dans leurs yeux nous vous lisions avec bonheur vous-mêmes, écrits en quelque