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DEPUIS LA CONFÉRENCE DE CARTHAGE JUSQU’A SA MORT.

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« n’entrera pas dans le royaume des cieux  » de môme ils soumettent leurs pensées à ces paroles du divin Maître : « Celui qui ne croira « pas sera condamné ’ » Ils avouent ainsi que les enfants renaissent par le ministère de ceux qui les baptisent, et qu’ils croient par la bouche et le cœur de ceux qui répondent pour eux. Qu’ils osent donc dire que l’innocent sera condamné par la justice de Dieu, et c’est pourtant ce qui arriverait si le péché originel n’existait pas.

47. Si ce discours est trop étendu pour votre peu de loisir, pardonnez-le moi ; il a fallu que moi-même j’interrompisse des travaux dont le poids remplit mes jours pour vous écrire cette lettre et répondre aux témoignages de bienveillance que vous me donnez dans la vôtre. Dans le cas où vous viendriez à apprendre quelque autre chose dont nos adversaires se seraient armés contre la foi catholique, veuillez m’en faire part ; informez-moi aussi de tout ce que la fidélité de votre zèle pastoral vous inspire pour défendre la portion faible du troupeau du Seigneur contre leurs agressions. L’inquiétude où nous tiennent les hérétiques nous fait sortir de notre indolence et pousse notre esprit à une plus grande et plus profonde étude des Ecritures , pour que nous puissions mieux défendre le bercail du Christ ; c’est ainsi que, par la grâce abondante du Sauveur, Dieu change en secours, pour son Eglise, les entreprises de ses ennemis , car nous savons que « tout contribue au bien de ceux qui aiment « Dieu ’. » Vivez toujours en Dieu et souvenez-vous de nous, mon très-cher frère.

LETTRE CXCV.

(Année 418.)

(".es lignes sont un grand hommage de saint Jérôme à saint Augustin ; on sent que nul vestige des dissidences du passé ne demeure dans l’âme du solitaire de Bethléom ; il ne voit plus que les grands services rendus à la cause de la vérité par l’évèque d’Hippone , et surtout des victorieux combats d’Augustin dans la question pélagienne.

JEROME AU SEIGNEUR ET BIENHEUREUX PAPE AUGUSTIN.

En tout temps j’ai honoré, comme il convient, votre béatitude , et j’ai aimé le Dieu sauveur qui fait en vous sa demeure. Mais maintenant si c’est possible, j’ajoute quelque chose à ce (jui déborde ;

’ Jean, m, 5. — ’ Marc, xvi, 16, — * Rom. viii, 28.

je ne puis plus passer une heure sans prononcer votre nom. Vous êtes demeuré ferme, avec l’ardeur de la foi, contre les vents déchaînés ; vous avez mieux aimé, autant qu’il a été en votre pouvoir , vous sauver seul de Sodome que de rester avec ceux qui périssaient. Votre sagesse sait ce que je dis. Courage ! votre nom est illustre dans l’univers. Les catholiques vous vénèrent et vous admirent comme le restaurateur de l’ancienne foi ; et ce qui est le signe de la plus grande gloire, vous êtes détesté par les hérétiques ; ils me poursuivent d’une égale haine, et , ne pouvant nous tuer par l’épée , ils nous tuent par leurs souhaits. Que la bonté de iNotre-Seigneur Jésus-Christ vous garde en pleine santé et vous fasse souvenir de moi , ô vénérable seigneur et bienheureux pape !

LETTRE CXCVI (196).

(Année 418.)

Saint Augustin distingue dans le judaïsme ce qui est aboli et ce qui subsiste toujours ; il développe la doctrine de saint Paul sur la différence entre les juifs selon la chair et les juifs selon l’esprit ; il montre que , depuis le Nouveau Testament, le chrétien seul est le véritable Israélite , et que l’israélite de race ne l’est que de nom parce qu’il a perdu le bénéfice des promesses divines.

AUGUSTIN A SON BIENHEUREUX SEIGNEUR ASELLICUS, SON FRÈRE ET COLLÈGUE DANS L’ÉPISCOPAT, SALUT DANS LE SEIGNEUR.

1. Le vénérable primat Donatien [*Primat de la province Bisacène] a bien voulu m’envoyer la lettre qu’il a reçue de votre sainteté sur le danger de tomber dans le judaïsme, et m’a vivement demandé d’y répondre. Ne voulant pas lui déplaire, je fais ce qu’il désire, autant que je le puis avec l’aide du Seigneur ; votre charité ne trouvera point mauvais, je l’espère, que je n’aie pas refusé d’obéir à celui que nous vénérons tous les deux pour ses mérites.

2. L'Apôtre Paul nous apprend que les chrétiens, surtout ceux qui viennent des gentils, ne doivent pas judaïser : "Je dis à Pierre devant tout le monde : Si vous, qui êtes juif, vous vivez comme les gentils et non comme les juifs, pourquoi forcez-vous les gentils à judaïser ?" Et l’Apôtre ajoute : "Nous sommes, nous, juifs de naissance, et non des pécheurs issus des gentils. Cependant, sachant a qu’on n’est pas justifié par les œuvres de la loi, mais par la foi en Jésus-Christ, nous croyons aussi nous-mêmes en Jésus-Christ pour être justifiés par la foi que nous avons en lui et non par les œuvres de la loi, parce