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DEPUIS LA CONFÉRENCE DE CARTIIAGE JUSQU’A SA MORT. 521 rellement à chacun, appartenir à la personne du Yeibe sans un bienfait singulier de la grâce, cette grâce qu’il faut prêcher et dont il ne faut pas vouloir juger ? -il. Si, selon la mesure de nos forces et avec l’aide de Dieu, nous venons de traiter ces ques- tions avec vérité ; quand vous entreprenez de vous représenter Dieu présent partout, non pas occupant des points dans l’étendue à la manière des corps, mais tout entier partout, détournez votre esprit de toutes ces images sen- sibles que la pensée humaine a coutume de rouler. Car ce n’est pas ainsi qu’on doit se re- présenter la sagesse, la justice, la charité, dont il est écrit : « Dieu est charité ’. » Et lorsque vous voulez vous retracer l’habitation de Dieu dans les âmes, pensez à l’unité et à la réunion des saints, d’abord au ciel où il est dit que sur- tout il habite, parce que là s’accomplit sa vo- lonté par la parfaite obéissance des saints ; en- suite sur la terre, où Dieu habite une demeure qu’il bâtit, pour en faire la dédicace à la fin des siècles. Mais pour Notre -Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, égal à son Père, et en même temps fils de T homme, ce (lui rend son Père plus grand que lui, croyez qu’en tant que Dieu, il est tout entier présent partout, qu’il habite dans ceux en qui Dieu habite comme dans son tenq)le ; croyez aussi que son corps, un corps véritable est dans quelque endroit du ciel. Mais, cédant au plaisir de parler avec vous, j’ignore si je n’ai pas passé les bornes, comme pour compenser mon long silence par l’ex- trême étendue du discours. Votre piété et votre bonté vous ont mis si avant dans mon âme, que véritablement je crois m’entretenir avec un ami. Si vous trouvez dans mon œuvre quel- que chose de bon, rendez-en grâces à Dieu ; si vous y voyez des défauts, pardonnez-les comme pardonne un ami ; souhaitez que je m’en cor- rige, souhaitez-le avec autant de sincérité (jue vous en aurez mis à m’accorder mon pardon. ’ I Jean, iv, 8. LETTRE CLXXXVIII. (Année 418.) Déméli’ias , l’illustre vierge romaine dont les vœux sacrés fu- rent un si grand événement, avait reçu de Pelage une lettre qui inquiétait saint Augustin ; elle formait comme un livre. L’évèque d’lli|i[)one crut devoir s’adresser à la mère de Déraétrias, pour la mettre en garde , elle et sa fille , contre l’erreur. Alype se trouvait alors à Hippone ; Julienne lui avait écrit en même temps qu’à saint Augustin et voilà pourquoi la lettre qu’où va lire porte les noms des deux saints amis. ALYPE ET AUGUSTIN A LA VENERABLE DAME EN JÉSUS-GIIRIST, A JULIENNE LEUR ILLUSTRE FILLE, SALUT DANS LE SEIGNEUR. 1. 11 a été doux et charmant pour nous que votre lettre nous ait trouvés tous les deux à Hippone ; nous pouvons ainsi vous répondre ensemble. Nous nous réjouissons d’apprendre que votre santé soit bonne, et comme nous savons que vous i)renez intérêt à la nôtre, nous vous apprendrons avec la même afï’ection qu’elle est bonne aussi, vénérable dame en Jésus-Christ et illustre fille. Vous n’ignorez pas quel leligieux attachement nous vous por- tons, et combien nous nous occu|)ons de vous devant Dieu et devant les hommes. Nous ne vous avions d’abord connue que par lettres ; c’est plus tard que nous vous avons vue pieuse et catholique, connue le sont les véritables membres du Christ. Vous avez même entendu, par notre ministère, la parole de Dieu, et comme dit l’Apôtre : « Vous ne l’avez pas re- « çue comme la parole des hommes, mais, « ainsi qu’elle l’est véritablement, comme la « parole de Dieu K » Par notre ministère, à l’aide de la grâce et de la miséricorde du Sau- veur, la |)arole de Dieu a porté dans votre mai- son un si grand fruit, que la pieuse Démétrias a préféré à un mariage déjà tout prêt, l’em- brassement spirituel de rE[)Oux qui est le plus beau des enfants des hommes : les vierges qui s’unissent à lui obtiennent une fécondité spi- rituelle plus abondante, sans rien perdre de leur pureté corporelle. Nous n’aurions pas su comment cette fidèle et noble vierge avait reçu nos exhortations, si la nouvelle ne nous en était parvenue par le joyeux et véridique té- moignage de vos lettres ; nous apprîmes ainsi que, peu de tem|)S après notre départ, Démé- trias s’était engagée dans la vie religieuse. C’est une grâce inefl’able de Dieu, qui plante « Thés». Il, 13.