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DEPUIS LA CONFÉRENCE DE CARTHAGE JUSQU’A SA MORT. 517 par action, par parole, par pensée ; cependant, tant que nous sommes dans cette ie hu- maine, (jui est la tentation sur la terre, nous avons raison de dire : « Pardonnez-nous nos « o(T(inses ^ » Et cette parole est répétée de toute l’Eglise, que le Sauveur purifie dans le baptême de l’eau par la parole, pour qu’elle devienne à ses yeux pleine de gloire, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de pareil- : car elle sera tout cela en réalité alors qu’elle pos- sédera la perfection vers laquelle elle marche maintenant en espérance. Comment serait-elle sans tache, ni ride, sans rien de pireil, puis- qu’elle est chaque jour obligée de demander à Dieu pardon de ses offenses ? Elle le demande avec vérité soit pour tous les hommes qui lui appartiennent, qui font usage de leur raison et de leur volonté et portent laborieusement le poids d’une chair mortelle, soit bien certaine- ment pour beaucoup de ses membres, comme nos adversaires * sont contraints de l’avouer, 29. Puisque le Saint-Esprit justifie de plus en plus les mortels en qui il habile et qui font des progrès en se renouvelant de jour en jour ; puis- qu’il exauce leurs prières, pardonne à l’aveu de leurs fautes, pour se préparer à lui-même un temple sans souillure pour l’éternité ; c’est bien avec raison qu’il est dit qu’il n’habite pas en ceux qui, connaissant Dieu, ne l’ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces. En honorant et en servant la créature plutôt que le Créateur ils n’ont pas voulu être le temple du seul Dieu véritable. Tandis qu’ils voulaient l’avoir avec beaucoup d’autres, ils ont mieux réussi à ne plus l’avoir du tout qu’à le mêler à la foule de leurs faux dieux. 11 est dit aussi avec raison que l’Esprit-Saint ha- bite en ceux qu’il a appelés selon son décret pour les justifier et les glorifier, avant môme qu’ils connaissent l’incorporéité de sa nature, qui est tout entière partout , autant qu’on puisse la connaître en cette vie où l’honnne même le plus avancé ne voit qu’en énigme et dans un miroir ^ Car parmi ceux en qui l’Es- prit-Saint habite, il en est plusieurs de sem- blables à ceux à qui l’Apôtre dit : « Je n’ai pas « pu vous parler comme à des hommes spiri- « tuels, mais comme à des hommes encore « charnels , et comme à des enfants en Jésus- ce Christ ; je ne vous ai donné que du lait, pas ’ Matth. VI, 12. — ’ Ephés. v, 26, 27. ’ Les partisans de Pelage et de Célestius. ’ Rom. I, 21, 25. — ’ 1 Cor. xm, 12. « encore de nourriture solide ; vous n’auriez « pas pu la porter ; maintenant même, vous « ne le pourriez pas o L’Apôtre leur dit en- suite : « Ne savez-vous pas que vous êtes le « temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu ha- « bite en vous ^ ? » Si le dernier jour de la vie arrive pour cette sorte de chrétiens avant de parvenir à l’âge spirituel de l’intelligence, où ils eussent été nourris de viandes solides et non plus seulement de lait, l’Esprit-Saint qui habite en eux leur donnera ce qui leur aura manqué d’intelligence, parce qu’ils ne se se- ront pas séparés de l’unité du corps du Christ qui est devenue notre voie, ni de la société du temple de Dieu. Aussi pour ne pas s’écarter de cette unité religieuse, ils suivent avec persévé- rance dans l’Eglise la règle de la foi, règle commune des petits comme des grands es- prits ; ils marchent dans ce qu’ils savent jus- qu’à ce que Dieu les instruise sur ce qui fait leur erreur, et n’érigent pus en dogmes leurs pensées charnelles ; car ils ne s’y atlérmissent point en restant sur la défense de ces fausses idées, mais ils s’en délivrent par l’activité, par le progrès, et obtiennent la lumière de l’Esprit par la piété de la foi. 30. Ainsi donc ces deux choses qui s’accom- plissent dans le môme homme : naître et re- naître, appartiennent à deux hommes, l’une au ])remier Adam, l’autre au second Adam qui est le Christ. « Ce qui est spirituel n’a pas été « formé le premier, dit l’Apôtre, mais ce qui « est animal, et ensuite le spirituel. Le pre- « mier homme est le terrestre , formé de la « terre ; le second est le céleste , qui vient du « ciel : le premier homme étant de la terre, « ses enfants le sont aussi ; le second étant cé- « leste, ses enfants le sont également. Comme « nous avons porté l’image de l’homme terres- «tre, portons l’image de celui qui est du « ciel ^ » Saint Paul avait déjà dit : « C’est par « un seul homme que la mort est venue, et par « un seul homme la résurrection des morts. « Et comme tous meurent en Adam, tous se- « ront vivifiés en Jésus-Christ  » Saint Paul dit deux fois « tous, » parce que nul ne meurt que par Adam et nul ne reçoit la vie que parle Christ. Dans le premier, on a vu ce (|ue vaut le libre arbitre de l’homme pour la mort ; dans le second, ce que vaut le secours de Dieu pour la vie. Le premier homme n’est qu’un homme ; • I Cor. II !, 1, 2.— ’ I Cor. vi, 19.— » I Cor. xvi, 36-49.— ’ I Cor. XV, 46-49, 21, 22.