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de sa promesse, et d’insister pour la continuation d’une entreprise que vous voyez si près de sa fin. Je crois que vous trouverez difficilement parmi vos évêques un esprit aussi favorable et une aussi bonne volonté que dans ce vieillard. Le lendemain il vint nous trouver, et nous reprîmes le même entretien ; mais comme la nécessité d’une ordination épiscopale nous enlevait de là, nous ne pûmes rester longtemps avec lui. Déjà nous avions envoyé quelqu’un auprès du chef des Célicoles[1] qui, d’après ce que nous avions ouï dire, avait établi parmi eux un nouveau baptême et séduit beaucoup de gens par ce sacrilège ; nous voulions lui parler autant que l’eût permis l’extrême brièveté du temps. Fortunius, nous voyant dans cette attente et ainsi occupé d’une autre affaire, pressé lui-même par je ne sais quelle cause qui l’appelait ailleurs, nous quitta avec de bonnes et de douces paroles.

14. Il me paraît que, pour éviter une turbulente multitude plus embarrassante qu’utile, et pour achever à l’amiable et paisiblement, avec l’aide de Dieu, l’œuvre commencée, nous devrions nous réunir dans quelque petit village où il n’y aurait pas d’église de votre communion ni de la nôtre, mais qui serait habité par des gens des deux partis, comme le village de Titiana. Qu’on choisisse un lieu de ce genre dans le territoire de Tubursi ou de Thagaste, qu’on adopte celui que j’ai indiqué tout à l’heure ou quelque autre qu’on aura trouvé n’oublions pas d’y faire porter les livres canoniques, joignons-y les pièces qui peuvent se produire des deux côtés, afin que, laissant tout autre soin, et n’étant, si Dieu veut, interrompus par aucun embarras, nous consacrions à cette question autant de jours que nous pourrons, et que chacun de nous, implorant en particulier le secours du Seigneur, à qui la paix chrétienne est tant agréable, nous menions à bon terme une si grande chose commencée avec bonne intention. Écrivez-moi ce que vous en pensez, vous et Fortunius.

LETTRE XLV.

(Au commencement de l’année 398.)

Saint Augustin et saint Alype prient saint Paulin de leur écrire après un silence de deux ans, et de leur envoyer son ouvrage contre les païens.

ALYPE ET AUGUSTIN A LEURS BIEN-AIMÉS ET HONORABLES SEIGNEURS ET FRÈRES EN JÉSUS-CHRIST, PAULIN ET THÉRASIE, SALUT DANS LE SEIGNEUR.

1. Nous ignorons pourquoi vous avez tant tardé à nous écrire ; depuis deux ans que nos doux frères Romain et Agile sont retournés vers vous, nous n’avons reçu de vous aucune lettre : ce n’est pas une raison pour que nous gardions le silence à votre égard. En d’autres choses, plus quelqu’un est aimé, plus il semble mériter qu’on l’imite ; c’est tout le contraire ici : plus nous vous aimons, moins nous pouvons supporter que vous ne nous écriviez point et nous ne voulons point vous imiter en cela. Nous vous saluons donc ; nous n’avons pas à répondre à vos lettres qui ne nous arrivent pas ; nous avons à nous plaindre avec douleur peut-être vous plaindrez-vous également si des lettres écrites par vous ne nous sont point parvenues, et si les lettres par nous envoyées ne vous ont pas été remises. Dans ce cas, changeons nos plaintes en prières au Seigneur pour qu’il ne nous refuse pas la douceur de ces consolations.

2. Nous avions entendu dire que vous écriviez contre les païens ; si cet ouvrage[2] est achevé, nous vous prions de nous l’envoyer parle porteur de cette lettre ; cet homme nous est cher ; nous pouvons sans témérité vous rendre bon témoignage de l’estime dont il jouit dans notre pays. Il prie votre sainteté, par notre bouche, de vouloir bien le recommander à ceux avec qui il a affaire et auprès de qui il craint d’échouer, malgré son bon droit. Il vous contera mieux lui-même de quoi il est question, et vous mettra en mesure de répondre à chaque difficulté qui…[3]. Nous en aurons de la joie et nous rendrons grâces à votre obligeance auprès du Seigneur notre Dieu, si vos soins contribuent à rendre à un frère chrétien un complet repos.

  1. Il est question des Célicoles dans ; les lois d’Honorius ; ils s’y trouvent passibles des peines portées contre les hérétiques, « s’ils ne se convertissent su culte de Dieu et à la religion chrétienne. »
  2. Cet ouvrage de saint Paulin n’est point parvenu à la postérité.
  3. Le texte présente ici une lacune de quelques mots.