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des atomes ; agité, parce que ces mêmes atomes le pénètrent. Enfin, « puisque de ce dieu s’échappent toujours ces images » dont nous avons assez parlé, comment peut-il compter sur son immortalité ?

31. Ce qu’il y a de plus affligeant dans ces opinions extravagantes, c’est qu’il ne suffit pas de les énoncer pour ôter à qui que ce soit l’envie de s’en occuper ; mais des hommes d’un esprit habile ont gravement entrepris de réfuter en détail ces, systèmes dont les plus grossières intelligences devraient, de prime abord, faire justice. Car si vous accordez qu’il y ait des atomes, si vous accordez même que, par une rencontre fortuite, ils se chassent et s’agitent eux-mêmes ; est-il aussi permis d’admettre que le mouvement de ces atomes produise quelque chose, jusqu’à modifier des formes, déterminer des figures, polir, colorer, faire vivre ? On sent que tout cela ne saurait être que l’ouvrage de la divine Providence, lors !.  qu’on aime mieux voir avec l’esprit qu’avec les yeux, et qu’on implore l’assistance de celui qui nous a créés. Car on ne doit pas accorder l’existence même des atomes ; sans compter ce que les savants nous disent de la divisibilité des corps, voyez combien il est aisé de montrer que les atomes n’existent pas d’après même les idées de ces philosophes. Ils disent qu’il n’y a dans la nature que des corps, du vide et ce qui s’y rattache : ils entendent par là, je crois, le mouvement, l’impulsion, les formes qui s’en suivent. Qu’ils nous disent donc dans quel genre ils placent les images qui, selon eux, s’échappent de corps solides sans être solides elles-mêmes, de façon à ne pouvoir être saisies que par les yeux, quand nous voyons, et par l’esprit, quand nous pensons, si elles-mêmes sont des corps. Car ils prétendent qu’elles sont des corps, afin d’expliquer comment elles peuvent sortir du corps et venir aux yeux ou à l’esprit qu’ils supposent néanmoins corporel. Je demande si ces images s’échappent aussi des atomes ; si elles s’en échappent, qu’est-ce que c’est que des atomes d’où se séparent d’autres corps ? Si elles n’en viennent pas, on peut donc concevoir quelque chose sans images, ce que ne veulent pas ces philosophes ; ou bien nous demanderons à ces philosophes d’où ils connaissent des atomes qu’ils n’ont pu concevoir. Mais j’ai honte de réfuter ces folies, quoiqu’ils n’aient pas eu honte de les penser ; et puisqu’ils ont osé les soutenir, je n’ai plus honte pour eux, mais pour le genre humain dont les oreilles ont pu supporter de telles extravagances.

32. Tel a été l’aveuglement des intelligences sous le poids des péchés et par l’attachement à la chair, que d’aussi monstrueuses opinions ont pu épuiser les loisirs des savants ; d’après cela, mon cher Dioscore, mettrez-vous en doute, vous ou tout esprit attentif, qu’il y eût pour le genre humain une meilleure manière d’aller à la vérité, que l’autorité d’un homme uni à la vérité elle-même d’une manière ineffable et miraculeuse, remplissant sur la terre le personnage de la vérité, enseignant des choses bonnes et justes, en accomplissant de divines, et amenant les hommes à croire utilement ce qu’ils ne pouvaient pas encore comprendre savamment ? Nous sommes au service de sa gloire, et nous vous exhortons à croire en lui fermement et toujours ; par lui il est arrivé que non pas un petit nombre d’hommes, mais des peuples même, encore incapables de discerner ces choses par la raison, y croient par la foi, en attendant que la force puisée dans la pratique des préceptes salutaires les fasse passer de ces nuages aux pures et sereines hauteurs de la vérité. Il faut d’autant plus se soumettre à son autorité que nous ne voyons plus une seule erreur se produire pour gagner les ignorants sans chercher à se couvrir du nom chrétien, et que, de ces anciens, les seuls qui durent et se réunissent encore, en dehors du nom chrétien, portent dans leurs mains les Écritures qui ont annoncé le Seigneur Jésus-Christ, mais ils feignent de ne pas le voir, de ne pas le comprendre. Quant à ceux qui, n’étant pas dans l’unité et la communion catholiques, se glorifient cependant du nom chrétien, ils sont forcés d’attaquer ceux qui croient et osent conduire les ignorants comme par la raison, lorsque c’est la foi que le Seigneur est venu prescrire aux peuples comme un remède. Ils sont forcés d’agir ainsi, comme je l’ai dit, parce qu’ils – comprennent combien ils tomberaient bas si leur autorité venait à être mise en comparaison avec l’autorité catholique. Ils s’efforcent de vaincre la forte autorité de l’Église inébranlable en parlant de raison et en promettant de ne marcher qu’à sa lumière. Cette témérité est la règle de tous les hérétiques. Mais le doux chef de notre foi a fait à l’Église un rempart d’autorité avec les solennelles assemblées des peuples et des nations,