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après, quelques clercs, suivis d’une multitude d peuple, crurent devoir s’élever contre Cécilien ; ils me présentèrent un paquet enveloppé de peau e cacheté et un mémoire qui ne l’était pas, me demandant instamment d’envoyer tout cela au sacré et vénérable conseil de votre puissance. Mon humilité a eu soin de vous envoyer ces requêtes pour que votre majesté puisse en prendre Connaissance : pendant ce temps Cécilien demeure comme il était. Je vous transmets donc les deux mémoires, l’un enveloppé de peau et intitulé : Mémoire de l’Église catholique sur les crimes de Cécilien, présenté de la part de Majorin[1] ; l’autre non cacheté et enfermé dans la même peau[2]. Donné à Carthage, le 17 des calendes de mai, notre seigneur Constantin Auguste étant consul pour la troisième fois[3].

3. À la suite de ce rapport qui lui fut adressé, l’empereur ordonna que les parties se présentassent à Rome devant des évêques ; les actes ecclésiastiques attestent comment la cause s’y trouva jugée et finie, et comment Cécilien fut reconnu innocent. Après la pacifique décision des évêques, toute opiniâtreté de querelle et de passion devait tomber. Mais vos pères eurent de nouveau recours à l’empereur et se plaignirent que l’affaire eût été mal jugée et imparfaitement instruite. L’empereur ordonna qu’un nouvel examen fût fait par des évêques à Arles, ville de la Gaule, où plusieurs d’entre vous, condamnant un vain et coupable esprit de division, se mirent d’accord avec Cécilien ; mais d’autres, persistant opiniâtrement dans leurs querelles, en appelèrent au même empereur. Puis, forcé lui-même d’intervenir, il mit fin à ce procès épiscopal débattu entre les parties ; le premier, il fit une loi contre vous, et attribua au fisc les lieux de vos assemblées si nous voulions joindre ici toutes les pièces à l’appui, nous ferions une trop grande lettre. Pourtant il ne faut nullement oublier comment, sur les vives instances des vôtres auprès de l’empereur, fut discutée et terminée par un jugement public l’affaire de Félix d’Aptonge, que vos pères, dans un concile tenu à Carthage, appelèrent la cause de tous les maux par la bouche du primat Sécondus de Tigisis. L’empereur atteste dans sa lettre, dont voici une copie[4], que ceux de votre parti avaient instamment sollicité son intervention, et s’étaient montrés auprès de lui accusateurs et dénonciateurs assidus : Les empereurs Césars, Flavius Constantin le Grand, Valérius Licinius à Probien, proconsul d’Afrique.

4. Votre prédécesseur Aelien, à l’époque où il remplaçait Vérus, vicaire des préfets, durant la maladie de cet homme accompli, crut devoir entre autres choses, appeler à son examen et à son autorité l’affaire que la haine avait suscitée contre Cécilien, évêque de l’Église catholique. Ayant fait comparaître devant lui Supérius centurion, Cécilien, magistrat de la ville d’Aptonge, Saturnin qui y avait exercé la police[5], Calibe le jeune qui l’y exerçait, Solon, valet public de ladite cité, il les entendit pour juger ensuite. On reprochait à Cécilien d’avoir été ordonné évêque par Félix accusé d’avoir livré les saintes Écritures pour être brûlées, mais on reconnut l’innocence de Félix. Enfin, Maximus prétendait qu’Ingentius, décurion de la ville de Sicca[6], avait falsifié une lettre de l’ancien décemvir Cécilien, et nous avons vu par les actes que ce même lngentius avait été mis sur le chevalet, mais qu’il ne fut pas torturé parce qu’il protesta qu’il était décurion de la ville de Sicca. Nous voulons donc que vous envoyiez sous une convenable et digne escorte, ce même Ingentius à la cour de Constantin Auguste, afin qu’en présence de ceux qui ne cessent de nous fatiguer de leurs plaintes et de leurs dénonciations, il puisse montrer et prouver qu’ils ont inutilement voulu susciter des haines. et amasser des violences contre l’évêque Cécilien. C’est ainsi que les disputes de ce genre étant abandonnées comme il convient, le peuple, sans division aucune, s’appliquera avec tout le respect désirable aux devoirs de la religion.

5. Puisque les choses sont comme vous le voyez, pourquoi nous reprochez-vous avec tant de violence les décrets des empereurs, qui ont été rendus contre vous ? Tout cela n’est-il pas depuis, longtemps votre propre ouvrage ? Si les empereurs n’ont rien à ordonner dans ces questions, si un tel soin ne doit pas appartenir à des empereurs chrétiens, qui donc pressait vos pères d’envoyer à l’empereur, par le proconsul, la cause de Cécilien, d’accuser de nouveau auprès de lui l’évêque contre lequel vous aviez déjà porté d’une manière quelconque votre arrêt en son absence ; et celui-ci absous, d’inventer contre son ordinateur Félix

  1. Nous avons déjà dit que ce Majorin occupa le siège de Carthage è la place de Cécilien injustement condamné.
  2. Des savants ont pensé que ce mémoire non cacheté était une supplique des évêques du parti de Majorin pour obtenir des juges des Gaules qui seraient chargés de prononcer dans le débat.
  3. C’était dans l’année 313.
  4. Cette lettre est de 312 ou 315.
  5. Ce Saturnin se trouvait à Aptonge au temps même des persécutions contre les chrétiens pour leur faire livrer les saintes Écritures ; il était important d’entendre son témoignage pour savoir si Félix, évêque d’Aptonge et l’ordinateur de Cécilien, avait bien réellement livré les Écritures sacrées lions en dirons autant du magistrat on duumvir Cécilien, et du centurion Supérius, qui avaient pu être requis afin d’user de violence envers les chrétiens.
  6. Sicca Vénéria, aujourd’hui le Kef.