Espère dans le Seigneur (Ps. XLII, 5, 6). » Son Verbe est la lampe qui luit sur ton chemin (Ps. CXVIII, 105). Espère et persévère, jusqu’à ce que la nuit, mère des impies, soit passée, et avec elle la colère du Seigneur ; colère dont nous fûmes enfants nous-mêmes, alors que nous étions ténèbres. Et nous traînons la fin de notre nuit en ce corps que le péché a fait mourir ( Rom. VIII, 10), dans l’attente de l’aube qui dissipera toutes les ombres (Cant. II, 17).
Espère dans le Seigneur. Au lever de ce jour, je serai debout pour le contempler, et j’en publierai à jamais la splendeur. Au matin de l’éternité je serai debout, et je verrai le Dieu de mon salut ( Ps. V, 5 ; XLII, 5) ; celui qui vivifiera nos corps mortels par l’Esprit, cet hôte intérieur ( Rom. VIII, 11), porté dans sa miséricorde sur le flot de nos ténèbres ; celui de qui nous avons reçu dans l’exil de cette vie le gage d’être à l’avenir lumière ; qui nous sauve dès ici-bas par l’espérance, et de ténèbres que nous étions, nous transforme en fils de jour et de lumière ( II Cor. I, 22 ; Ephés. V, 8 ; Rom. VIII, 24 ; I Thess. V, 5). Seul en ce sombre crépuscule de la connaissance humaine, vous pouvez distinguer les cœurs et les éprouver, pour appeler la lumière jour, et les ténèbres nuit ( Gen. I, 5). Eh ! quel autre que vous peut faire ce discernement des âmes ? Qu’avons-nous, que nous n’ayons reçu de vous ( I. Cor. IV, 7) ? Ne sommes-nous pas une même argile dont vous formez ici des vases d’honneur, là des vases d’ignominie ( Rom. IX, 21) ?
Chapitre XV, L’écriture Sainte comparée au firmament et les anges aux eaux supérieures (Gen. i, 6).
16. Mais quel autre que vous, Seigneur, a étendu au-dessus de nous ce firmament divin de vos Ecritures ? « Le ciel sera roulé comme un livre (Is. XXIV, 4), et il est maintenant étendu comme une peau ( Ps. CIII, 2) » Seigneur, l’autorité de votre divine Ecriture n’en est que plus sublime, quand les mortels, par qui vous l’avez publiée, ont passé par la mort. Et vous savez, Seigneur, que vous avez revêtu de peaux les premiers hommes, devenus mortels par le péché ( Gen. III, 21). Et vous avez étendu comme une peau le firmament de vos saints livres, ces paroles d’une concordance admirable, que vous avez posées au-dessus de nous par le ministère d’hommes mortels. Et leur mort même a étendu avec plus de force le firmament d’autorité de vos paroles qu’ils ont annoncées : il est étendu sur ce monde inférieur, plus fort et plus haut que pendant leur vie. Car vous n’aviez pas encore étendu ce ciel comme une peau ; vous n’aviez pas encore rempli la terre du bruit de leur mort.
17. Oh ! faites-nous voir, Seigneur, ces cieux, ouvrage de vos mains. Dissipez ce nuage dont vous les voilez à nos yeux. Là résident ces oracles qui inspirent la sagesse aux petits enfants (Ps. XVIII, 8). Exaltez votre gloire, mon Dieu, par la bouche de ces enfants à la mamelle, qui bégaient à peine. Non, je ne sache pas d’autres livres plus puissants pour anéantir l’orgueil, pour détruire l’ennemi ( Ps. VIII, 4, 3) qui se retranche contre votre miséricorde dans la justification de ses crimes. Non, Seigneur, je ne connais point de paroles plus chastes, plus persuasives d’humilité, plus capables de m’apprivoiser à votre joug, et d’engager mon cœur à un service d’amour. Père infiniment bon, initiez-moi à leur intelligence ; accordez cette grâce à ma soumission, puisque vous ne les avez si solidement affermies qu’en faveur des âmes soumises.
18. Il est d’autres eaux au-dessus de ce firmament ; eaux immortelles, je crois, et pures de la corruption de la terre. Que ces eaux louent votre nom ! que, par delà les cieux vos louanges s’élèvent de ces chœurs angéliques, qui n’ont pas besoin de considérer et de lire notre Firmament pour connaître votre Verbe ! Car ils voient votre face ( Matth. XVIII, 10), et lisent sans succession de syllabes les décrets de votre éternelle volonté. C’est à la fois lecture, élection et dilection : ils lisent toujours, et ce qu’ils lisent ne passe point ; ils lisent par élection et par dilection l’immuable stabilité de votre conseil : livre toujours ouvert, et qui ne sera jamais roulé, parce que vous êtes vous-même ce livre, et que vous l’êtes éternellement ; parce que vous avez créé vos anges supérieurs à ce firmament, que vous avez affermi au-dessus de l’infirmité des peuples de la terre, afin que cette infirmité, levant ses regards jusqu’à lui, y lise la miséricorde, qui daigne annoncer dans le temps le Créateur des temps : car « votre miséricorde, Seigneur, est dans le ciel, et votre vérité s’élève jusqu’aux nues (Ps. XXXV, 6). » Les nues passent, mais le ciel demeure ; les (506) prédicateurs de votre parole passent de cette