Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome I.djvu/428

Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’il faut embrasser sans passion, invisible au regard de la chair, visible seulement à l’œil intérieur.

Et, malheureux, je ne concevais pas de quelle source coulait en moi ce plaisir que la présence de mes amis me faisait trouver au récit de ces honteuses misères. Car, au sein même des joies charnelles, je n’eusse pu vivre heureux, même selon l’homme sensuel d’alors, sans ces amis que j’aimais et, dont je me sentais aimé sans intérêt. O voies tortueuses ! malheur à l’âme téméraire qui, en se retirant de vous, espère trouver mieux que vous ! Elle se tourne, elle se retourne en vain, sur le dos, sur les flancs, sur le ventre ; tout lui est dur. Et vous seul êtes son repos. Et vous voici ! et vous nous délivrez de nos lamentables erreurs ! et vous nous mettez dans votre voie, et vous nous consolez et dites : « Courez, je vous soutiendrai ; je vous conduirai au but, et là, je vous soutiendrai encore. (416)