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des députés

tisme a réussi pendant quelque temps à Bonaparte, c’est que toute l’activité, toute la vie du peuple français était dirigée, à cefte époque, vers la gloire militaire et vers les conquêtes. Elle eût été bien vite déjouée, si cette même activité se fût portée sur la liberté intérieure. ce Beaucoup « de gens se plaisent à soutenir, a dit celle à qui « je dois tout dans ce monde, que, si Bonaparte « n’avait tenté ni l’expédition d’Espagne , ni celle ce de Russie, il serait encore empereur ; et cette ce opinion flatte les partisans du despotisme, qui « ne veulent pas qu’un si beau gouvernement «puisse être renversé par la nature même des « choses, mais seulement par un accident. J’ai « déjà dit ce que l’observation de la France confirmera , c’est que Bonaparte avait besoin dé « la guerre pour établir et pour conserver le pouce voir absolu. Une grande nation n’aurait pas « supporté le poids monotone et avilissant du a despotisme , si là gloire militaire n’avait pas a sans cesse animé ou relevé l’esprit public. L’intérêt continuel des victoires tenait lieu de tous « les autres ; l’ambition était le principe actif du « gouvernement dans ses moindres ramifications : titres , argent , puissance , Bonaparte « donnait tout aux Français à la place de la « liberté. Mais , pour être en état de leur dispenser ces dédommagemens funestes , il ne OEUVIKS DU B«" AUG. DE StaÏL. I. 10

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