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a pas long-temps, se voyaient à l’intérieur, avaient déjà disparu sous la chaux. D’un bout de l’église à l’autre, le mur était parfaitement nu. Toutefois deux chapelles latérales restaient encore, qui attestaient la verve d’imagination des artistes grecs. Là les murailles se cachaient entièrement sous une armée de saints, de saintes, de pécheurs, de pécheresses, d’anges et de diables, qui se heurtaient, se poursuivaient, s’enfuyaient dans un labyrinthe inextricable. De quelque côté qu’on jetât d’abord les yeux, sur les murs ou sur le plafond, il fallait suivre le courant de ces figures fantastiques qui vous ramenaient ensuite sans interruption au point d’où vous étiez parti. Il n’y avait là ni commencement ni fin. Le spectateur posait où il voulait les bornes que la fantaisie du peintre avait dépassées. Le prêtre nous annonça que ces curieuses peintures ne tarderaient pas à disparaître aussi. À l’entendre, elles frappaient l’esprit déjà peu développé des Valaques ; et ce n’était pas à l’aide de pareils moyens, disait-il, qu’il voulait agir sur eux.

Les églises grecques du district de Cronstadt n’étaient pas seulement fréquentées autrefois par les paysans transylvains : les boyards y venaient aussi de la Valachie. Quand les Turcs inondaient leur pays, les seigneurs valaques cherchaient un asyle à Cronstadt, et un décret du roi Vladislas (1495) leur permet de se réfugier dans cette ville avec leurs richesses. Ils comblaient de présents les églises grecques pendant leur se-