Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aussi tout est nu. Une rangée de colonnes se développe de chaque côté, lesquelles soutiennent des arceaux gothiques si élargis, qu’on les dirait en plein cintre. Au dessus règnent des galeries. À partir du chœur s’élèvent des colonnes fines et élancées. Il y a de la hardiesse dans cet ensemble. Il y a surtout quelque chose de grave, d’austère, que n’a pas fait disparaître l’agréable couleur printanière dont on a badigeonné les murs.

La cathédrale est consacrée au culte luthérien. Pendant le service, les femmes se placent au milieu de la nef. Les hommes occupent les bas-côtés : leurs bancs sont recouverts de tapis turcs. Les compagnons ouvriers se rangent dans les galeries supérieures : des blaisons peints sur les boiseries indiquent la place de chaque compagnonnage. Les murs de l’église offraient jadis un grand intérêt : on y voyait, écrites dans la pierre, les annales de Cronstadt et de la Transylvanie. C’était la page granitique sur laquelle le peuple venait chaque fois raconter ses victoires et ses revers le lendemain de la bataille. La chronique s’arrêtait à l’an 1571, sans doute parce que le livre était plein : car des deux siècles dont il disait l’histoire l’un était celui de Mahomet II, de Hunyade et du roi Mathias, l’autre celui de Soliman le Magnifique. Aujourd’hui tout est effacé. Peut-être a-t-on cru qu’une fois les annales recopiées, on avait le droit de « nettoyer » la cathédrale.

Le grand incendie qui éclata dans Cronstadt en 1689