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tout son irrévérence à l’endroit des fils d’Arpád. Dès lors nous nous entendîmes parfaitement, et j’eus la satisfaction de le voir répondre avec une précision admirable.

La position de Cronstadt[1] est unique. Cette ville est bâtie dans une baie resserrée formée entre les montagnes. Quand on y arrive à travers la plaine qui la sépare de Marienbourg, et que l’on met plusieurs heures à franchir, on la voit poindre et grandir comme une île en mer. Si au contraire vous y entrez en suivant la route d’Hermannstadt, vous la voyez dérouler tout à coup sa ceinture de murailles. Dans l’intérieur de la ville, au dessus des rues, des places et des maisons, on aperçoit partout des collines de verdure, mais si fraîches et si rapprochées, qu’on voudrait étendre la main pour saisir les feuilles. L’effet est charmant quand le soleil donne d’aplomb sur la ville : l’œil se repose, en parcourant les allées, de l’aspect éblouissant des murs.

Cronstadt a un cachet particulier. Ses rues sont remplies de gens non pas seulement de toutes les nations de la Transylvanie, mais encore venus des contrées voisines. On sent que l’on touche à la frontière de Tur-

  1. Les Hongrois l’appellent Brasso : ce qui a fait penser à de hardis étymologistes qu’ici était située la Patroissa de Ptolémée.