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chapitre XX.
Cronstadt.

J’ai parcouru le midi de la Transylvanie dans le temps où la querelle survenue entre les Hongrois et les Saxons au sujet de la langue allemande était des plus vives. Il m’arriva plusieurs fois de prendre part à cette dispute de famille, notamment à Cronstadt. J’étais adressé dans cette ville à un homme fort obligeant, que je recherchai aussitôt après mon arrivée. L’hôtelier m’indiqua vaguement sa demeure et me donna un guide ; mais, le drôle ayant disparu au bout d’une minute, force me fut d’avoir recours aux passants. J’avisai donc un petit menuisier qui travaillait dans la rue, et lui demandai en honnête allemand où demeurait le sénateur Trausch. Le Saxon comprit sans peine qu’il n’avait pas affaire avec un compatriote, et, prenant un air superbe, répondit en langue magyare, avec un mouvement d’épaules fort énergique, qu’il ne comprenait pas. C’était blesser à la fois mes prétentions de linguiste et mes sympathies hongroises, outre que le mouvement d’épaules ne pouvait rester impuni. Aussi lui administrais-je lestement la très légère correction que méritait sur-